jeudi 25 août 2011

Mon Numéro 6 - L'Artisan Parfumeur : Discussion Cash

J'étais pas chaud quand j'ai entendu parler de la série "Mon Numéro" sur Grain de Musc (ici). Puis les parfums sont sortis : le 1, le 6, le 8, le 9 et le 10. Je les ai tous senti, un peu précipitamment il est vrai, et si j'ai craqué direct pour le 8, poudré et subtil à souhait, les autres ne m'ont ni emballé ni marqué.

Puis à la présentation du prochain Artisan, Batucada, je suis reparti avec un échantillon du 1, du 6, du 7 (à venir, et délicieux d'ailleurs) et du 8. Devoir de perfumista oblige, je me suis attardé à papoter avec chacun des parfums. Le 1 était sympa, mais j'ai pas partagé grand chose avec lui, alors qu'avec le 7 et le 8, je me suis  éclaté comme un fou !

Et il y avait Mon Numéro 6. Bizarrement, je suis de marbre avec lui, comme malheureusement pour moi assez souvent avec les enfants de Bertrand Duchaufour. Et pourtant, c'est avec lui que la conversation a été la plus intéressante !

Parler avec Mon Numéro 6, c'est comme voyager en train. Mais attention, pas le RER B, bon pour One Million et consorts, mais comme un train de nuit assez rapide, à l'étranger. Dehors, on ne voit pas grand chose, si ce n'est des reliefs et de la végétation - beaucoup de végétation - mais on sait pertinemment que ce paysage défile. Vite. Puis 6 débarque, à l'improviste. On ne le connait pas, mais il s'assoit quand même en face de vous, et vous sourit, pour entamer immédiatement une conversation de manière la plus étrange possible.
"J'suis le porte-monnaie".

Interloqué, on est là. On lève la tête et on plonge directement dans le regard vert d'eau de 6, alors que le train entame un délicat virage. Il ne faut pas chercher de sens à la phrase. 6 a réussi son entrée.

La discussion  commence, et au départ, j'avoue avoir été très troublé, étant donné que le sombre inconnu s'embarque direct dans un sujet à la limite de l'insipide. Non, je ne rêve pas, on dirait J'Adore. Et que je te fous un peu de sujet capillaire, du vernis et autres joies du mascara. Sauf que son discours proche du bas de gamme est ancré dans un sujet passionnant : le voyage. 6 relate une histoire sur un voyage en Asie du Sud, et nous voilà bercé dans un conte sur la mousson, dans une optique que l'on pourrait rapprocher des aventures d'Un Jardin Après La Mousson.

Vert d'eau
Le décor est posé, deux thèmes sont abordés, et tout est construit dans le discours de 6 de manière si fluide que me voila désarçonné. 6 a réussi, réellement. Mais ce n'est pas tout, 6 s'installe dans le fond du dossier, et sirote déjà un jus de fruit inconnu, limpide, du même vert d'eau que ses yeux.
Et aborde la suite de la "conversation", étant donné que pour l'heure je n'ai pas vraiment pu parler.

6 continue son envolée sur les voyages. C'est réellement passionnant. Le voila qui parle de montagnes asiatiques, de nuages et de neiges éternelles. Un discours très très proche de celui de... Dzongkha ! Une poésie de subtilité et d'anecdotes, mais qui malheureusement ne m'évoque absolument rien. Le drame. Surtout qu'il rappelle encore quelques souvenirs en mode J'Adore, et du Jardin. Vraiment, je suis extrêmement troublé.

Et c'est là qu'il entre enfin dans le récit que j'attendais. 6 parle maintenant de mystères, d'ombres, de lumières. On part du monde intelligible, vers un monde sensible et onirique. Comme Passage D'Enfer. Beauté et subtilité sont de mises, et j'aperçois que le regard vert d'eau de 6 s'est transformé en regard gris, délicatement teinté de bleu et de vert. Tout pétille : son récit, son regard et mon ventre.

6 a terminé. Je commence à parler, mais il me sourit une ultime fois, et part. Quitte le wagon.
Comment conclure. Oui, la discussion était passionnante, mais ce mélange de discours, entre J'Adore, le Jardin, Dzongkha et Passage D'Enfer, tout est extrêmement intéressant, mais là encore, comme souvent avec Duchaufour, je suis interloqué, mais je reste de marbre, même si pour le coup, 6 m'a intéressé. Je l'ai revu, de temps à autre, aussi bien dans une ville comme Londres qu'à Venise. Le souvenir est gravé, mais sa rencontre m'a encore troublé.

A vous de voir si 6 vous racontera la même histoire.
J.

vendredi 19 août 2011

Vis ma vie de Chanelophile - Témoignage de Dau sur son histoire d'amour avec Chanel.


Notre prochaine guest-star de l'été sera donc Dau ! Chanelophile de référence pour les internautes d'auparfum.com, il est sans doute plus connu pour tenir le blog à la recherche, dans lequel il relate comme dans un journal intime ses réflexions quotidiennes sur la mode, les films qu'il a vu, les livres qu'il a lu et bien sûr... les parfums ! Il a gentiment accepté, à notre demande, d'écrire un article sur la relation qu'il entretient avec sa marque préférée. D'autres invités suivront dans les prochains mois pour nous parler de leurs marques fétiche ; mais pour l'heure, en ce 19 août 2011, on se joint tous à Dau pour souhaiter un bon anniversaire à Mademoiselle...



Moi et Chanel - par Dau.



Je sais que ça commence mal et que je devrais écrire Chanel et moi mais Gabrielle avait déjà bien assez tendance à effacer l’autre, à le nier, et sa marque, forte, continue à vampiriser celui qui l’arbore s’il n’y prête garde, alors…

Entre Chanel et moi, tout a mal commencé: je suis né au moment ou elle mourrait. Et pour sa maison, ce fut le temps du deuil, de l’éclipse. L’empire aux deux C entrelacés s’était déjà assoupi car Mademoiselle, vieillissante,  l’avait mené à une espèce de perfection classique, toujours belle, mais dont il n’y a rien à dire, ce qui ennuie toujours beaucoup les rédactrices des magazines.  Parvenu à un certain stade, le style devient intemporel et donc se répète . Saint Laurent a connu la même situation: maîtrise absolue, vêtement hautement désirable, mais le même tailleur, aussi merveilleux soit-il, photographié d’années en années lasse le lectorat des revue alors qu’il ne quitte pourtant pas la garde-robe élégante. Il en va de même des parfums: les anciennes merveilles s’assoupissent car tout a déjà été dit. Le culte est entretenu par les fidèles mais ne fait plus de nouvelle conversion par manque de visibilité. Et on sait que point de nouvelles conversions entraîne assez facilement une cessation de production pour cause de ventes décevante. D’où la nécessité d’entretenir le mythe, de faire parler de soi. D’où l’utilité de ces « déclinaisons » infâmes qui parfois supplantent le originaux, ou de campagnes de pub parfois racoleuses...


La famille Wertheimer, propriétaire de la maison de la rue Cambon, avait toujours soutenu Gabrielle, malgré de nombreux coup bas de part et d’autres. Disons le de suite: Chanel était une vieille garce assez peu scrupuleuse qui aimait que les choses tournent à sa façon, que tout mérite et que tout bénéfice lui revienne. Le retour a la couture avait été un pari risqué mais combien gagnant qui avait permis de relancer encore un peu les ventes de parfums qui sans cela se seraient peut-être essoufflées. Mon enfance fut pour  Chanel une période de deuil, de calme marquée par la sortie de Cristalle et les tailleurs des femmes politiques fidèle à ce qui était devenu un style traditionnel. Ensuite vint Karl Lagerfeld génialement choisi pour relancer Chanel. Prêt-à-porter, couture… La vieille dame assoupie renaissait tel le phénix de ses cendres et  régnait à nouveau sur le monde relançant par la même occasion les ventes des parfums qui redevenait tout d’un coup à la page! C’est à ce moment que je les ai découverts…

J’avoue que mon premier parfum n’était pas signé Chanel. Non, à cette époque Dior tenait encore le haut du pavé et j’ai céder au charme de l’Eau Sauvage et beaucoup fantasmé sur Poison qui était l’incontournable du moment. Un peu trop incontournable d’ailleurs. Assez vite je me suis tourné vers Chanel. J’y suis entré par la petite porte; un flacon d’Antaeus: sombre et austère, bien plus à l’époque qu’actuellement me semble t-il, mais peut-être est-ce moi qui étais plus tendre à l’époque?

Bien sûr, il y avait aussi les autres de la famille et pendant que je passais allègrement d’une marque à l’autre, je revenais souvent vers Chanel. Coco était une grande star à l’époque: le plus aristocratique de la bande des épicés-ambrés orientaux mais pas tout à fait. Opium avait ouvert la voie et tous s’y était précipité mais je trouve que Chanel avait fait ça avec beaucoup de subtilité dans un esprit qui n’était pourtant pas le sien… Polge le qualifiait de baroque, rendait hommage à l’appartement de Mademoiselle encombré de paravents… Aujourd’hui, je n’aime plus trop mais à l’époque, j’adorais, cela collait avec les robes « rideau d’opéra » de Lagerfeld. L’esprit était très Guerlain. Enfin, c’est ce que je me dis avec le recul. Chatoiement et paillette, très séduisant, une bonne introduction: plus facile que d’autres.  Et puis, j’ai découvert le reste de la gamme petit à petit et m’y suis adonné avec joie et délectation, me frottant à cette antipathie et cette prétention qui semblent la marque de fabrique du patrimoine.


Le N°19 a été mon premier « vrai » Chanel historique. Une gifle de galbanum, un iris austère et soyeux sur un fond plus séduisant que le début ne pourrait le laisser penser qui fait un vrai parfum de ce qui aurait pu être une eau florale fraîche. N°19, tout jeune (oui, tout jeune: mon âge!) ne m’a jamais fait rêver, ne m’a jamais rien évoqué que lui-même. Il est abstrait et m’a toujours semblé extrêmement cérébral et vierge, collant parfaitement avec Gabrielle au moment ou elle y travaillait, redevenue comme Elisabeth Ière, éternellement pure, souveraine absolue n’admettant aucune contradiction, experte dans l’art de la petite phrase sentencieuse qui clôt tout débat d’un ton péremptoire. À partir de là, je me suis livré corps et âme à Chanel, aux historiques, n’aimant que ceux qui me parlait de la créatrice même si j’admets que l’âme est toujours dans les créations actuelle de façon très intelligente…

Il y eu pour Monsieur, eau discrète, élégante, très naturelle dans une ambiance  « ébénisterie » fraîche qui surprend. Pourtant, je trouve assez logique que l’homme chez Chanel soit le parent pauvre assez mal servi: Mademoiselle n’admettait pas qu’un homme aie la moindre emprise sur elle en ancienne entretenue au début peu glorieux. De même dans ses histoires à propos du N°5, il lui arrivait de dire qu’elle l’avait composé elle-même en jouant chez un parfumeur avec quelques essences florale, oubliant totalement Ernest Beaux.  En y pensant, je me dit que Bleu, petite chose insignifiante, est bien dans cet esprit: l’homme derrière, nié, inexistant…

Les caractéristiques du style Chanel, chacun les verra différentes, selon ce qu’il aime ou déteste  La référence à Mademoiselle est incontournable: « quelque chose d’artificiel » parce qu'un parfum « naturel ne peut être qu’une construction de l’esprit! » Oui, il ne me semble renvoyer à rien d’autre qu’eux-mêmes, comme la couturière qui réécrivait son histoire et faisait des vêtements qui lui-ressemblaient en évitant toute référence qui pouvait passer pour une inspiration ou un hommage. Si Chanel se plaçait au centre de son monde, ses parfums semblent faire pareil, déclaration intransigeante d’une affirmation de soi sans concession, doté d’un orgueil infini.



Le N°5 s’impose comme l’archétype absolu évidemment. Comment pourrais-je ne pas l’aimer, ne pas me livrer à lui pieds et poings liés. Incroyablement solaire, il rayonne, rejetant tout dans l’ombre, s’imposant avec une incroyable majesté bourgeoise, à la fois simple et luxueuse. Il sent l’argent et la réussite à plein nez. Il sent le propre aussi, le bien soigné, mais avec par-dessous, tout en fond, quelque chose de sale, un petit quelque chose qui le rend humain finalement, même s’il faut bien chercher.  On ne porte pas du Chanel pour se rendre aimable. On porte du Chanel pour être soi, pour avoir raison, pour faire danser le monde sur sa musique. Oui, les parfums Chanel ne sont généralement pas sympathiques, ils sont impressionnants, peuvent faire un peu peur mais une fois qu’on a sauté le pas, quel délice de pouvoir être soi, de s’approprier une odeur qui est unique, qui n’est qu’à soi, que soi. Les classiques de Chanel donnent un sentiment de puissance : ils autorisent tout, sont sans pitié, terriblement modernes.


Poursuivre la lecture : http://entransformations.blogspot.com/2011/08/now-look-no-look.html

dimanche 14 août 2011

Antimatière, le parfum du passé

Comme vous l'indiquait Phoebus à la fin de l'article écrit par Patrice sur L'Heure du Crime,  cet été, vous aussi vous pouviez vous improviser rédacteur d'un jour pour J&P.

Aujourd'hui, c'est Tangerine qui se propose dans une très belle nouvelle autour d'une marque très (trop ?) confidentielle, tellement confidentielle que même nous, nous ne la connaissons pas encore !! (ok, c'est décidé, j'envois un texto à Isabelle Doyen dans l'heure ;), je veux parler de la marque LesNez. Vous aussi, passez de l'autre côté du miroir, dès maintenant !

Nature Morte
Aujourd’hui Carina ne sentait rien. Elle venait de se parfumer, pourtant, mais elle ne saisissait qu’une bouffée d’alcool avec un soupçon de baies roses, qui ne faisait pas trop le poids avec les différentes odeurs de sa salle de bains : gel douche à la fleur de coton, crème neutre pour le corps, qu’elle avait pourtant choisi pour leur senteur des plus ténues, rien qui ne puisse entrer en concurrence avec un parfum. Heureusement, je n’en ai pris qu’un échantillon, se dit-elle. « L’Antimatière ». Bof. On l’avait prévenue qu’il fallait attendre que les notes de tête se dissipent pour que le parfum se révèle, mais s’il avait cette ampleur dès le départ, ce n’était pas la peine d’essayer. Elle décida quand même de le garder sur sa peau. Elle n’avait pas le temps ce matin, de toute façon.

Carina était en quête d’un nouveau parfum et collectionnait les échantillons, les déceptions, les presque-ça-mais-pas-tout-à-fait. Parfois, elle en mettait deux sur les bras, qu’elle reniflait discrètement, au fil des heures, assistant à la bataille. Hier, ç’avait été une nouveauté à la violette, chaleureuse mais un peu trop fugace, contre l’un de ses anciens parfums à la rose : 
« Mes notes de tête sont plus piquantes que les tiennes »
« Oui, mais les miennes sont gourmandes. Tu veux du gâteau ? »
« Moi j’ai de l’ambition, je suis pimpante et prête à conquérir le monde »,
« Oui mais moi j’ai un petit côté hitchcockien, très convenable en surface, et en-dessous, regarde... »
« On est au bureau, là, je te signale. Je pourrais être portée par une jeune businesswoman à New York, fraîche en tailleur noir et grosses baskets blanches, les lèvres fraîchement enduites de rouge à lèvres... Tu as vu que j’ai du rouge à lèvres ? Hein, ça fait femme, hein ? »

À la fin de la journée, il ne restait plus que l’ancien parfum, qui lui avait dit calmement « C’est jeune, c’est frais, c’est plein d’énergie, et puis ça se disperse. Moi je reste là. Tu veux du gâteau ? ». Elle s’était lavé les bras et s’était endormie avec une autre rose, sauvage et teintée de sel, pour se souvenir de la mer.

Toutes les femmes de sa famille accordaient une grande importance à l’odorat, et l’anniversaire des treize ans d’une fille était l’occasion de lui offrir son premier flacon de parfum, choisi par un cérémonial compliqué de questions subtiles sur les odeurs préférées et l’observation du comportement. Ainsi Carina avait-elle eu un parfum composé de citron, de jasmin et de mousse de chêne, une senteur joyeuse, tenace et présente, à tel point que ses détracteurs auraient pu la qualifier d’envahissante.
Mais Carina n’avait plus treize ans, et après être passée au fil des ans par des parfums divers – gardénia séducteur, rose gourmande et posée, iris lointain et retranché dans son jardin secret –, elle voulait trouver un parfum épanoui, présent mais pas agressif. Elle aurait aimé porter le même parfum que sa mère et que sa grand-mère, un oriental enveloppant et chaleureux, mais il virait sur sa peau. Elle était donc à la recherche d’un parfum qui ait le même effet, chose qui devrait être trouvable entre les grandes marques, les petites marques, les marques de niche, les marques sans prétention, mais ses recherches n’avaient rien donné pour le moment. Elle s’habilla rapidement, entama les préparatifs du petit déjeuner – chocolat pour la petite, thé pour elle, pain grillé et beurre frais, des odeurs autrement plus présentes, elles – et regarda l’heure ; il était grand temps d’aller la voir, sa dormeuse de fille qui n’avait visiblement pas entendu le réveil.

Alice - J. Tenniel

Dans le couloir, au moment où elle levait le bras pour ouvrir la porte de la chambre de la petite, elle ne se sentit plus à sa place ; quelque chose d’impalpable, impossible à identifier la gênait. Une boule lui monta dans la gorge. Elle inspira profondément pour se ressaisir. Odeurs de chocolat chaud, de pain grillé, de thé, odeur de la bougie à la figue brûlée hier soir, odeur... Elle ferma les yeux.
Quand elle les rouvrit, elle était enfant et sa mère la prenait dans ses bras. Elle lui chuchotait des mots à l’oreille et concluait par un baiser sur la joue. La peau de sa mère était fine, un peu ridée ; et quand elle s’écarta elle vit sa grand-mère, derrière elle, qui l’invitait à venir la voir. Elle se précipita vers elle, suivie par sa mère. Les deux femmes la câlinèrent et lui dirent toutes sortes de compliments, comme elles lui en disaient toujours – ma belle, ma merveille, ma toute-adorée – avec leur amour maternel, un amour banal, quotidien, immense, plus grand qu’elles.
En l’embrassant, elles laissèrent un peu de leur parfum sur ses vêtements.
Va, tu peux explorer la maison si tu veux, lui dit sa grand-mère. Le parfum te guidera. Mais fais bien attention : n’ouvre que les portes qu’il t’indique.

Alice
Carina se détacha et partit sous leur regard bienveillant. Elle se trouvait chez sa grand-mère, une maison en bois au bord de la mer, toujours imprégnée d’air salé.
Une bouffée de parfum lui parvenait de temps en temps pour orienter ses explorations – une senteur qui avait paru un peu trop forte, au début, quand elle la sentait sur leur peau. Une odeur un peu poivrée mais fondamentalement douce, était-ce de l’ambre gris ? En tous cas, une odeur de vieille dame, de vêtements rendus confortable par l’usure, de malles à secrets. Sa mère et sa grand-mère n’étaient-elles pas de vieilles dames, imposantes et fragiles, des géantes tendres dont l’odeur était le rappel de leur amour ?
Au fil des portes qu’elle ouvrait, elle était heureuse de retrouver ses jouets éparpillés sur les meubles patinés. Elle resta toute interdite quand, en fouillant dans une commode, elle tomba devant des lettres d’amour écrites au siècle dernier, à l’encre violette sur du papier fin. En même temps, elle tentait de retrouver les mots qu’elle avait chuchoté à sa mère. Il lui semblait qu’ils étaient importants, mais leurs syllabes lui échappaient.

C’est alors qu’elle ouvrit la mauvaise porte.
Elle était dans une chambre d’hôpital. Sa mère, les traits tirés, veillait sur sa grand-mère. Il y avait une chaise vide à côté du lit. Elle s’y assit. Le corps malade et fatigué jusqu’à la corde devint celui de sa mère. Elle lui tenait la main. Les lèvres de sa mère bougeait, il fallait tendre l’oreille, ne surtout pas perdre ses dernières paroles.
C’est alors qu’elle se souvint. Elles dirent, ensemble, les mots oubliés.
Mets-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras ; car l’amour est fort comme la mort...
Elle était une adulte qui aidait sa mère à mourir, et elle était une petite fille blottie contre sa maman ; si près d’elle, elle sentait son parfum, cette odeur un peu passée, piquante et tendre, l’odeur d’une femme mûre, épanouie, la trace du parfum mis il y a longtemps, qu’elle avait commencé à utiliser quand elle avait un corps vibrant de santé.
Le parfum recouvrait l’odeur de l’hôpital ; il n’y avait plus, entre elles, que le souvenir de leurs années partagées, de toute l’enfance de Carina.
Ma fille...

Carina fut surprise d’entendre sa propre voix. Elle était à genoux devant le lit de sa petite dormeuse et lui tenait la main. Sur le bras de Carina, le parfum continuait à exhaler ses notes de cœur, les notes magiques qu’elle avait si longtemps cherchées.
La petite ouvrit les yeux et Carina se rappela avec un choc que toutes les femmes de la famille avaient des yeux d’un même vert. Elle se rappela de la dispersion des cendres de sa mère au large ; d’autres miettes d’elle, tapies dans ses gènes, ses gestes, son goût pour les épices, s’étaient disséminées et survivaient encore ; et elle fut heureuse, avec ce parfum, d’avoir retrouvé par hasard ce qui lui manquait tant, son odeur et le souvenir de son amour.
Tangerine

mardi 9 août 2011

Do You Want To Go To The Plage With Me ?



Chez Dr Jicky & Mister Phoebus, on s'est toujours fait comme spécialité maison le racontage de life. Pour tout vous dire, au moment où j'écris, nous sommes le 6 août 2011 et il est 1h44 sur l'iPod que j'ai emprunté à ma soeur (spéciale dédicace à elle, qui est toute de N°5 Eau Première vêtue). Cela faisait cinq minutes que je me tatais à prendre cette feuille et ce stylo qui me faisaient de l'oeil. Et j'ai cédé. Après tout, c'est toujours dans dans ces heures là que "l'inspiration m'habite" (*ouh... y yé vé rajouter oune protubérance sous la lobe !*)

Cela va faire une semaine que je vis quarante-cinq clichés que j'amasse dans un panier marseillais, après deux semaines passées dans une zone du Var où l'ascension du mont Everest est nécessaire dès que l'on souhaite obtenir une misérable barre de réseau.

Une retraite dont tout le monde rêve. Oui, ce sont les bien les vacances d'un (très élégant :p) jeune homme de 17 ans. (je pourrais rajouter à la place de cette parenthèse une sympatique petit phrase du genre "pas d'impôts, pas de pluie, pas d'boulot", cependant je tiens à nos lecteurs majeurs).

Mais bon, pour avoir observer des "jeunes" à la plgae, un mec de 17 ans, par le caleçon de Jacques Guerlain c'que ça peut être chiant ! Ca bronze, ça fait du bruit, ça s'arrose, ça frime, mais surtout... ça pue ! Ca se pavane sur le port en soirée avec des "potes", et comme j'ai pu le lire dans le Paris Match (avec la Une sur Amy Winehouse) présentant un article sur le mec des Strokes, égérie du nouveau Décibel d'Azzaro : "ça sent fort l'adolescent qui souhaie masquer un manque de savon" (citation approximative, vous m'excuserez).

Tous ? Non ! Un 'tit gars irréductible se parfume encore et toujours avec goût et assurance ! (enfin... j'espère).

copyright à "mon souffle divin"
Il est maintenant 1h57 sur cet éternel iPod, et j'ai passé ma journée avec le Dieu de L'Eté : Ninfeo Mio. On raconte que les amours d'été sont éphémères, mais au risque de vous décevoir, je n'ai pas flirté avec Brin de Réglisse. Mon couple avec Ninfeo Mio est éternel. Cette simple réflexion (naïve, je suis un ado bercé d'illusions, j'insiste) veut tout dire : me voila incapable de me lever sans tête hespéridée, ni de me coucher sans fond de figuier. Incapable de ne pas vanter mon alter égo olfactif chez le coiffeur, auprès d'amis d'enfance, de chats, et même incapable de ne pas clamer un "Putain je sens trop bon" à ma fenêtre, sous le regard hébété de mon voisin.

Ironie du sort ou fatalité du destin, j'ai un figuier dans le jardin, et la plage la plus proche de mon antre aux miasmes Goutaliens n'est autre que l'Estaque, représentation idyllique de Ninfeo Mio. et comme le disait feue miss Winehouse (décidemment, il n'y a pas de hasards, juste une suite d'événements dont la logique nous échappe), "l'amour est un jeu dont on sort perdant". Ninfeo et moi (Mio - Moi... toujours cette logique hasardeuse, encore plus troublante lorsqu'on sait quand on est perfumista quand le correcteur d'orthographe des ordinateurs remplace toujours "Mio" par "Moi"), nous pimentons notre couple en nous trompant toujours un peu.

Me voilà ainsi avec la Cologne du 68 de Guerlain, dont le regard chocolat et le teint halé aux odeurs de peau de femme me séduisent. Me voilà avec l'éternel Shalimar, avec qui je m'acoquine en mode "eau de parfum vintage", dans une relation torride dont je tairai le contenu (j'ai moins de 18 ans oh !). Me voilà faire du pied à Philosykos, à répliquer aux coups de Vitriol d'Oeillet, à me faire bercer dans les bras d'Angel en eau de toilette (dont vous entendrez bientôt parler en exclusivité chez nous), à me faire charmer par le pétillant Still Life d'Olfactive Studio, à retourner en enfance en donnant les mains à L'Heure Brillante et Iris Ukiyoé et à rêver vertical avec Iris Silver Mist.

Ces amourettes n'en sont pas. Vous, perfumistas, vous le savez tous autant que moi, notre nez n'appartient pas à un unique parfum.

copyright à "mon souffle divin"
Voici donc un article pas très utile, pas très pertinent et pas écrit dans la plus recherchée des proses, mais j'espère y avoir transmis ce que je ressens à l'instant où l'encre bleue de mon stylo grave ma feuille (double) à jamais : la joie de vivre, la simplicité et la spontanéité. 

Il est maintenant 2h24. Cela va faire 40 minutes que la même chanson tourne dans mes oreilles et, pour être honnête, tout se relâche dans ma tête et je jurerais presque avoir un début de mal de crâne. Je pensais écrire un article sur Ninfeo Mio, mais ces quelques lignes en disent tout autant : il mérite d'être adoubé en tant que parfum du bonheur.
Je ne sais pas quand je publierai cet article, bientôt surement, mais quand vous aurez fini de lire la petite signature "J" en bas à droite, allez - non, courrez - vous aspergez de votre parfum du bonheur à vous, et partagez ce moment avec vos proches, avec votre flacon ou même ici.

Do you want to go to the plage with me ? J'espère bien
J.



lundi 1 août 2011

Les Colognes - ( + deux/trois conseils en séduction, parce que bon).

Par Phoebus. 



(NB avant de commencer : l'appellation "eau de cologne" fait en fait référence à la concentration d'un parfum, quelle que soit la famille olfactive à laquelle il appartient (par exemple Amande Persane de R&G est une cologne !). Mais dans le langage courant, l'eau de cologne est un parfum (peu importe la concentration) pour homme, souvent catalogué "pour la drague", où les notes hespéridées dominent clairement la composition).






C'est l'été. Paic Vaisselle, anti-moustique, rince-doigts... Les associations ne manquent pas pour décrire l'Eau de Cologne hyper-cheap dont s'est aspergé le gros relou qui est venu vous accoster à la piscine-party d'hier (pour la suite de l'article, appelons-le Gérard). C'est un peu ça l'ennui, avec les colognes. Quand on découvre le merveilleux monde de la parfumerie, on a souvent tendance à délaisser ses représentants hespéridés, à cause des quelques exemples peu glorieux qu'on a pu sentir au gré des rencontres... C'est vraiment dommage car les colognes, si elles se ressemblent toutes sur mouillette, méritent qu'on y fasse plus attention : elles peuvent se révéler comme de véritables bijoux sur peau. De plus, comme on peut les porter dans presque toutes les situations, elles sont un must-have qui se doit d'être représenté à la base de toute perfumothèque solide (et là vous vous dites : mince, je n'ai pas de cologne dans ma collection, et Phoebus vient de me donner une bonne raison de claquer mon argent pour remédier à ça, pauvre de moi ! $o$).


Mais revenons-en à Gérard. Il n'était pourtant pas si mal inspiré : j'ai toujours dit qu'on sous-estime trop souvent le potentiel d'attraction de la cologne. A condition qu'elle soit de qualité, elle sera à coup sûr d'une efficacité redoutable appliquée sur le bon homme au bon moment. A l'opposé de la distance des floraux ou du mystère des orientaux, les eaux fraiches et hespéridées ont ce petit quelque chose d'intemporel, de rassurant, qui fait sourire et attire. C'est en quelque sorte la famille de parfum la plus sociable, et donc un choix idéal pour faire fondre quelqu'un qui n'est déjà pas insensible à votre charme

Mais... - et là je m'adresse à tous les Gérards in da place – n'oubliez pas que vous ne séduirez j.a.m.a.i.s quelqu'un uniquement avec votre parfum. Comme tous les accessoires, il est...eh bien, accessoire, donc on PEUT s'en passer, mais surtout il est à double tranchant : utilisé de façon cohérente, c'est un plus, mais la moindre erreur peut faire cafouiller tout le reste de vos efforts...

Compris, mmh....?
...
-soupir-

Le message subliminal que j'essaye de faire passer est sans doute trop subtil alors je vais l'écrire en lettres capitales : SI VOUS SAVEZ QUE VOUS ETES MOCHE, LOURD, BAVARD ET EN RUT, NE VOUS PARFUMEZ PAS, vous n'obtiendrez rien de plus de votre interlocuteur/trice mais lui/elle en revanche conservera un souvenir olfactif désastreux. C'est à cause de gens comme vous que des parfums comme One Million ont rétrogradé de "passable" à "totalement médiocre" dans l'imaginaire collectif perfumista. Vous ne faites qu'empirer les choses, vous le savez, ça ?

Bref bref bref.
Je pense qu'il est grand temps de laisser quelque part sur internet quelques conseils parfumés qui, je l'espère, ne tomberont pas dans les narines d'un anosmique.



Exemple 1) : Allure pour Homme Edition Blanche, de Chanel. Conseil : Style & Discrétion.



Mettons Gérard en situation. Je vous pose le contexte : soirée bowling avec les collègues. Cible : la petite nouvelle de l'équipe, qui est très jolie et parait-il, célibataire (déjà là Gérard, tu devrais te méfier, jolie et célibataire sont deux termes qui vont assez rarement ensemble ; au mieux, une jolie fille est à moitié engagée dans une relation compliquée en laquelle elle ne croit pas vraiment, mais qui est un prétexte super-utile pour éconduire les gros relous dans ton genre). Passons. Le Rival : l'Autre Collègue qui porte Allure pour Homme Edition Blanche de Chanel. Pourquoi est-ce que c'est lui qui obtiendra le numéro de la jolie fille à la fin de la soirée ? Déjà parce que contrairement à quelqu'un, il ne l'a pas demandé quinze fois (il ne l'a pas demandé du tout en fait). Il a également compris deux choses capitales qui ont joué en sa faveur (Gérard, prend des notes) : 1) moins on a de cheveux (en nombre), mieux il vaut les porter court (et non pas essayer de se camoufler un front de la taille d'une fesse avec une mèche). 2) Dans une même idée de rapports, moins le parfum est concentré , mieux il vaut avoir la main légère ( c'est pour éviter de cocotter l'alcool, cela dit rien ne vous interdit de vous reparfumer de temps en temps puisque la tenue est souvent très faible avec les colognes...). 

Allure pour Homme Edition Blanche de Chanel : quand le flanker reflète bien mieux "l'esprit Chanel" que l'original...
 
 
De son côté, Gérard a joué la carte du sapin de Noël, qui consiste à se faire remarquer de loin. Il a associé une touche d'humour (la ceinture électronique qui affiche en lettres rouges lumineuses "C-E-L-I-B-A-T-A-I-R-E") et s'est douché avec sa cologne leader-price (oui leader price vend des colognes, j'ai appris ça y'a pas longtemps, et j'ai envie de dire : certains mystères olfactifs sont désormais résolus...). Grossière erreur : ne demandez JAMAIS à une cologne d'avoir du sillage, et n'en appliquez pas davantage pour en avoir (comme je viens de le dire, le gros risque avec les hespéridés, c'est de cocotter l'alcool si on a la main trop lourde). Non, avec la cologne, ça se joue au combat rapproché ; c'est avec les orientaux, à la rigueur, qu'on peut/doit jouer sur le sillage pour semer le trouble. Quoiqu'il en soit, en général, tenter de se faire remarquer de loin est souvent une très mauvaise idée. Il vaut mieux jouer sur un style sobre, tout en discrétion, qui révèle ses qualités quand on s'approche de vous. En l'espèce, Allure pour Homme Edition Blanche est un très beau citron, qui tire en fait sa beauté de sa simplicité : une seule note, pure et lisse, qui rayonne doucement et s'étire sur un santal moelleux... A moins d'un mètre de son propriétaire !
Allure Blanche gagnera la partie (sur tous les tableaux), et heureusement parce que LUI au moins nous épargnera une petite danse de la victoire ridicule - qui consiste à faire des mouvements de va-et-vient avec le bassin en brandissant les poings en l'air, après avoir fait un strike... Sans rancune Gérard !



Exemple 2) Eau Sauvage de Dior : Discrétion et Assurance.



On pense souvent que la discrétion et l'assurance ne peuvent pas cohabiter en une seule et même personne. Au contraire, c'est possible, c'est même une forme de charisme plutôt appréciable et ça se travaille. L'assurance discrète inspire l'intelligence, l'équilibre, c'est la force tranquille qui se dégage des pères de famille, un magnétisme typiquement masculin qu'on gagne avec l'âge. Au contraire l'assurance indiscrète, celle qui suinte des jeunes coqs aux alentours de la vingtaine, inspire la prétention, l'infantilité, l'instabilité et la passion. Si elle peut plaire à certain(e)s sur le moment, il vaut tout de même mieux que cette attitude ne s'éternise pas car elle est d'un ridicule sans-nom lorsqu'elle se conjugue avec la trentaine bien sonnée, voir la quarantaine. Le rapport avec les colognes ? J'y viens. J'ai dit plus haut que les notes hespéridées étaient ce qu'on pouvait faire de plus sociable en parfumerie, elles ont un effet pétillant/effervescent qui saute au nez de notre interlocuteur. C'est on-ne-peut-plus subjectif, mais pour ces raisons je trouve que les colognes siéent beaucoup mieux aux personnalités calmes, posées, et sont vraiment insupportables sur les bavards et les beaux-parleurs. Avec ces derniers, c'est too much, on a l'impression d'être prit d'assaut à tous les niveaux (olfactif/auditif/visuel/tactile...) quand ils monologuent nous parlent.

Eau Sauvage de Dior : à porter avec sagesse ?


J'ai choisis Eau Sauvage pour représenter l'assurance discrète car je trouve que sa composition exprime tout à fait cette idée : l'équilibre est parfait entre un cuir posé/tanné, et un citron frais/dynamique. Il y a un équilibre aussi, entre deux âges de l'homme, il rassemble le meilleur de la jeunesse et de l'âge mûr, ce qui fait qu'il peut plaire à tous et sera certainement toujours un classique.

Là où Gérard (en mode vieux-coq) se parfume trop, parle trop, rit trop fort à ses propres blagues et cherche vite à prendre des initiatives, Eau sauvage a l'élégance et la politesse de s'intéresser à l'autre, en parlant moins mais toujours avec bon sens. Peu de paroles, mais réfléchies et prononcées avec assurance. Un "peu" qui fait mouche.



Exemple 3) Déclaration de Cartier : Assurance & Personnalité.



J'ai dit une bêtise tout à l'heure : toutes les colognes ne se ressemblent pas, certaines (c'est rare, certes) sont beaucoup plus signées que d'autres. Ce sont en général celles qui jouent sur des notes aromatiques ou musquées plutôt qu'ambrées ou boisées. On peut citer l'Eau du Sud d'Annick Goutal (très basilic), l'Eau de campagne de Sisley (très feuille-de-tomate), la Cologne de Mugler (très musquée)... Mais surtout, ma préférée, Déclaration de Cartier et son accord cardamone-cumin à tomber par terre (il y a un flanker "cologne", moins intéressant, mais l'original est pas mal hespéridé/frais aussi). J'identifie toujours son sillage avec le même délice, quelle que soit la distance, les yeux fermés, narines en éventail, ignorant les collégiens de passage qui dégainent déjà leurs iPhone pour retransmettre ma ridicule expression d'extase en direct sur youtube.

Déclaration de Cartier : si je meurs, enterrez-moi avec...


Ce que j'aime le plus avec Déclaration, c'est que ce n'est pas une cologne 100% clean... Son cumin lui donne un côté un peu sale, qui pourrait passer pour une aspérité dans la composition, mais comme c'est totalement assumé et fondu avec le reste une fois sur peau, ça rend le parfum mille fois plus intéressant encore. C'est ce défaut-qui-n'en-est-pas-un qui m'a poussé à choisir Déclaration pour représenter l'Assurance et la Personnalité : la conscience de qui l'on est, de nos bons et mauvais côtés, la conscience de ce qui nous rend intéressant.

Bien souvent, les "dragueurs" se forgent une carapace, un personnage, ils s'inventent une vie "idéale" à laquelle on est libre de croire aussi (ou non...). Ils cherchent à créer l'illusion qu'ils possèdent certains atouts alors qu'ils pourraient cultiver ceux qu'ils ont déjà naturellement. C'est vraiment dommage, car bien avant de mentir aux autres, ils se mentent à eux même. Comment espèrent-ils être aimés sincèrement par quelqu'un un jour s'ils projettent sans arrêt des ectoplasmes de personnalité, plus vides et transparents de soir en soir ? (Je vous entends siffler : être aimé n'est pas vraiment leur but à court terme... C'est vrai, mais à la longue ?).

Je vais sans doute donner le conseil le plus bateau de la décennie, mais honnêtement, toi, Gérard, qui lit ces quelques lignes, oui toi, écoute bien : tout le monde se fiche que tu dises avoir plus de fric, plus de conquêtes ou plus d'amis célèbres que tu n'en as en réalité. Ni ton parfum ni tous les bobards du monde ne t'aideront jamais à emballer : c'est en restant soi même, en pleine connaissance de nos atouts et de nos défauts, que le charme opère.



C'est uniquement avec cette attitude qu'une Cologne pourra espérer être utile à la séduction - mais elle sera, en fait, encore plus facultative qu'avant...