dimanche 12 décembre 2010

J'Adore L'Or - La pâte à modeler de M. Roudnitska


Ces derniers temps, on a en un peu entendu parler, et pour une fois en bien. Il s'agit du dernier bambin de chez Dior : J'adore L'Or Essence de Parfum (que le dernier ferme la porte). Et je l'ai donc rencontrée.

Bon, je suis parti avec des a priori, c'est évident : j'ai du mal avec la maman J'Adore, la famille Dior et ses récents enfants. Mais bon, voyez-vous, en matière de personnalité, l'hérédité n'est pas le facteur le plus sûr !

La première fois que j'ai croisé Dame L'Or, j'en ai pris plein la vue : des vêtements amples, des châles, des bijoux tous les plus étincelants les uns que les autres, des bracelets clinquants, des bagues aux facettes dorées et sombres. Des boucles d'oreille en améthyste, un rouge à lèvre sombre comme le sang sec, un maquillage à la discrétion peut raffinée et bien sûr le sillage qui correspondait à tout ce que je voyais.

Mon Dieu ! Tout se joue dans l'overdose : quand Dame L'Or parle, ce ne sont plus des effluves délicates de paroles, mais des flots de mots qui envahissent l'espace. Et c'est là qu'est selon moi tout le problème : oui, trop c'est trop.

Me revient en mémoire une comparaison du grand Edmond Roudnitska : "composer un parfum, c'est comme la pâte à modeler : mélangez du bleu et du blanc, ça fait un joli bleu ciel ; rajoutez du rouge, ça donne un violet ; puis un peu de jaune, ça va encore mais si vous continuez, ça devient marron, et il n'y a plus rien, plus d'idée, plus d'esthétique",  (merci à Sixtine, qui le souligne sur son blog). C'est exactement ce qu'il se passe avec Dame L'Or. Trop c'est trop.

Oui, elle est bien habillée, avec des vêtements qui individuellement sont de qualité, de goût. L'ensemble est cohérent, signé. Le maquillage apporté est lui aussi de belle facture. Mais le problème, c'est que tout chez elle me noie. De l'overdose de paroles, qui malgré la beauté et la sélection du verbe, ne fait que m'engloutir encore plus ; aux innombrables châles, semblables à des couvertures, qui voilent non seulement Dame L'Or, telle une fautive, mais aussi cachent les restes de mon corps, une fois tombé sous le flot de paroles. ; tout chez elle est semblable à un poids. Plus rien n'est visible, tout semble dans l'excès. Or, la subtilité est quand même il me semble une qualité essentielle de toute dame de la société olfactive.

Telle un colosse, Dame L'Or écrase donc tout sur son passage. A vrai dire, "L'Or", ça veut tout dire : "je ne suis que richesse, beauté", mais cette matière évoque aussi toutes les batailles sanglantes qu'elle a déclenchée.

Je crois ainsi que c'est impossible pour moi de devenir complice avec une personne telle que Dame L'Or, mais à vrai dire, je pense que la croiser dans la rue ne me fera pas mourir sur-le-champ. D'autant plus que, par rapport à sa mère et ses cousins (et surtout cousines), Dame L'Or a une réelle conversation, certes imposante et parfois incompréhensible.

A l'avenir ma grande, à l'avenir.

Le Colosse, Goya

6 commentaires:

  1. Pour moi, la famille pouvait bien se passer d'un tel membre, qui se pare à moitié chez son cousin Givenchy. Sa conversation s'appelle : optimisation, rationalisation et gros sousous. Elle en parle un peu trop je t'assure !

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  2. eh eh ! Quand on a la prétention de s'appeler "L'Or", c'est obligé que le métal précieux décliné sous forme de pièces soit THE sujet de conversation --'

    Sans parler, qu'avec 110€ les 40 ml, Dame L'Or ne se dévoile pas à tout le monde !

    Viens on lui présente Une Rose ? Histoire qu'elle s'assagisse :p

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  3. Ah !!!!! Enfin un petit tableau. Non, sérieusement, ce n'est pas un parfum exécrable, il est juste insipide.

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  4. C'est drôle, mais je crois que j'ai une définition du mot insipide différente de vous tous ^^(si j'ai bien compris, vous ça veut dire "creux", moi ça veut dire chimique, aucune beauté ni subtilité).

    C'est pas qu'il est creux non plus, mais il est super mercantile et axé sur "moi aussi je met des belles matières". Aucune spontanéité, je crois que c'est le mot.

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  5. J'Adore est le précurseur du bling-bling à la Lady Million; J'Adore L'Or est "juste" too much.
    E. Roudnitska, dont la conception de l'écriture olfactive était simplicité, sobriété et netteté, doit se retourner dans sa tombe devant un tel fouillis de vulgarité et de médiocrité. Mauvais goût, quoi.

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  6. Bonjour Juliette ! (la Juliette de Poivre Bleu ou l'autre Juliette qui commente ? ^^)

    Je suis on ne peut plus d'accord. Trop c'est trop ! Et c'est vrai qu'il y a un aspect bling-bling dans le J'Adore de base, qui là pour le coup est amplifié ! Non mais le nom : "L'Or", oh la la ^^

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