mardi 18 juin 2013

Lettre au lecteur

Chers amis, 

A l'heure où j'écris, j'ai bien peur qu'il soit déjà trop tard. Voyez vous, en ce moment même, je tente d'échapper à un troupeau de chats sauvages dont le but est - en plus de me dévorer des doigts de pieds à la tête - de détruire un billet de la plus haute importance. Par billet, la plupart des gens qui tomberaient sur ce blog (à fond d'habitation délabrée), penseraient à ces bouts de papier à visée transactionnelle. Si seulement ils pouvaient avoir raison (et je donnerais cher pour que ces lecteurs perdus soient dans le vrai)... Si seulement les retombées de ce S.O.S impliquaient simplement de jolis petits billets de banque... Hélas, vous l'aurez compris, il n'en est rien. Par billet, je parle pompeusement d'un article destiné à ce blog (à fond d'habitation délabrée).

Il est étonnant de voir à quel point l'expression française déjà vu est si présente dans le monde. J'entends par là qu'il est toujours surprenant d'entendre dans la bouche d'un conducteur texan l'expression déjà vu. Et ce encore plus quand vous le suppliez de vous embarquer dans son véhicule afin d'échapper à de lugubres personnages venant de libérer dans la nature un troupeau de chats sauvages (dont le but est, je vous le rappelle, de vous dévorer des doigts de pieds à la tête et de détruire un billet de la plus haute importance). A croire que ce texan est habitué à embringuer de pauvres jeunes gens présumés disparus, alors qu'ils sont "simplement" en fuite.

Il est de mon devoir de rendre public ce billet, ce qui n'est pas tâche aisée. J'ose espérer vous le faire découvrir avant la fin de l'été, bien que ce souhait ne dépende presque pas de moi. En effet, ce message est une bouteille à la mer, la première d'une série qui - j'espère - s'achèvera avant l'arrivée de l'automne, ma capture (sous entendu trépas) ou la sortie d'un flanker Intense de La Vie est Belle (sous entendu fin du monde). Ainsi, contrairement à mon sauveur texan, je suis incapable d'être habité par un quelconque déjà vu et je suis donc incapable de vous dire ce qu'il adviendra : peut-être vais-je finir comme un fantastique appât, expression signifiant ici "finir dévoré par un troupeau de chats sauvages". Peut-être que les lugubres personnages à ma recherche vont détruire le billet avant même que vous ayez eu le temps d'en lire une seule bribe.

L'importance du susdit billet est si grande qu'il ne suffit pas d'écrire : l'importance du susdit billet est si grande qu'il ne suffit pas d'écrire : l'importance du susdit billet est si grande qu'il ne suffit pas d'écrire : l'importance du susdit billet est si grande qu'il ne suffit pas d'écrire : l'importance du susdit billet est si grande qu'il ne suffit pas d'écrire : l'importance du susdit billet est si grande qu'il ne suffit pas d'écrire : très cher lecteur, je prends le risque de croire que mes ennemis n'auront pas eu le courage de lire jusqu'ici. Je vous explique donc l'enjeu : à chaque billet, je glisserai un code qui vous permettra d'accéder à un nouveau billet. A l'heure qu'il est, j'envisage trois articles avant que vous puissiez gagner l'article final ; article final qui sera accompagné d'une récompense exceptionnelle pour l'un d'entre vous, afin de vous féliciter pour votre courage et honorer ma dette envers vous. Ainsi il vous suffira, à l'aide d'indices dissimulés dans le texte ou murmurés sur notre page sociale, de trouver le parfum qui sera abordé dans l'article suivant. Une fois le nom du parfum trouvé, je livrerai le manuscrit du prochain texte à une personne de confiance, et ce très tard dans la nuit, quand la plupart des bonnes personnes dorment ou essayent - comme moi - d'échapper à des veilleurs de nuit, déguisés en pelles à poussière dans le placard à balais d'un entrepôt désaffecté.

Il me faudra donc être plutôt subtil dans les billets à venir, afin de ne pas être découvert par les scélérats à mes trousses. Les indices seront ainsi moins appuyés que ceux que je suis sur le point de vous livrer dans les prochains paragraphes.

Labyrinthe - Shining, S. Kubrick

En effet, mon périple texan - alliant un autoradio crachant un son épouvantable, une peinture de carrosserie rouge écaillée par le temps et une chaleur prête à faire fondre le flacon-coupe du prochain Paco Rabanne - est sur le point de prendre fin : mon hôte-d'un-trajet vient de me déposer à l'orée d'une haie immense s'étalant sur plusieurs kilomètres. Je salue mon conducteur texan suffisamment vite pour qu'il ne soit pas capable de fournir de description aux lugubres personnages (qui le menaceront dès qu'ils l'auront retrouvé) et je me retourne pour faire face aux immenses haies. Un labyrinthe, ce sera donc mon prochain lieu d'errance.

A l'entrée de ce dédale qui sera le théâtre de mes prochaines aventures, un panneau usé par le temps laisse apparaître, dans une calligraphie d'un autre temps, les lettres N et K. Comme pour mieux attirer les personnes en cavale, les maîtres des lieux ont eu le bon goût de disposer deux encensoirs sur les bords de l'entrée.

Je vais devoir achever mon message de détresse ici puisque le destin a - fort heureusement - disposé une boîte aux lettres orange juste à côté des deux pots d'encens. Je compte sur votre sagacité pour m'aider dans ce que les plus optimistes appelleront "la saga de l'été J&P" ou ce que j'appelle "une succession d'aventures plus ou moins dangereuses".

J'espère vous revoir le plus vite possible et ne pas vous dire pour la dernière "Vive l'odorat"...
Vive l'odorat !

J.