jeudi 22 septembre 2011

Angel Eau de Toilette - Volutes de Souvenirs

19 ans de règne impitoyable. 19 ans de majesté et de beauté. 19 ans de pédance. Angel sait ce qu'elle veut. Et elle en sait beaucoup. Néanmoins, la transition est faite. Trois semaines seront consacrées à l'étoile de la parfumerie, plus qu'un phénomène olfactif, plus qu'un règne sans pitié, l'histoire d'Angel est une Odyssée Moderne vers le statut de "Classique". Méprisez Angel, pleutres, mais admirez son aventure. Admirez sa puissance. Admirez, tout simplement, admirez le ciel miroitant mirages et miracles.

Car Angel voltige en eau de toilette désormais. Oubliez pédance et cruauté, parce que l'étoile bleue sait aussi se faire docte et plaisante. Angel sait se faire galante.

Nous voilà embarqués dans une nouvelle dimension où un livre de conte s'ouvre pour partager un nouveau savoir. Angel Eau de Toilette est riche d'un classique senti, senti et ressenti, mais chaque virgule, chaque lettre y est réajustée pour que d'un déséquilibre volontaire naisse une nouvelle harmonie.

Le premier chapitre est peut être celui qui diffère le plus de l'histoire initiale : de sa voix douce et aux pointes veloutées, Angel raconte avec plus de pétillance et moins de lourdeur, l'histoire de cette fête foraine, que l'on connait déjà. Mais à peine ce sémillant chapitre prend fin, qu'Angel ferme le livre, dans une envolée de poussière argentée...

" - Les enfants, à vous de vivre l'eau de toilette... Vous la portiez, maintenant vous allez la rêver".



Dans toute sa pédagogie, l'eau de toilette capture notre esprit dans un scintillement imperceptible, et nous voilà chacun plongé dans un éther de sensations autour de l'histoire d'Angel. Pour ma part, je me suis retrouvée dans un lit blanc, parsemé de plumes violettes et oranges, qui évoquaient la douceur d'une époque révolue. Dans un esprit proustien, le rêve de cet Angel m'a ramené dans un monde où les odeurs, les saveurs et les sons correspondaient ensemble, dans une harmonie insaisissable. Bizarrement, ces réminiscences apparaissaient par vagues, par lueurs indistinctes, presque électriques. Par échos, on entendait au loin la puissante résonnance de la voix d'Angel, qui rallumait quelques lueurs oubliées, noyées comme elles pouvaient l'être dans l'eau de parfum. Cette multitude de couleurs désorganisées s'assemblaient, et formaient petit à petit un nouveau tout, cohérent, magique. Et surtout BEAU.

Les rêves d'Angel eau de toilette sont simplement dans la beauté, l'esthétisme pur et la pétillance. L'originalité de l'histoire du parfum d'origine est de mise, mais voilà que les contrastes colorés ont été accentués, et que la douceur des songes a enrobé de velours et de rubans les atours abruptes du l'eau de parfum.

Angel eau de toilette dure éternellemement. Aussi bien dans l'esprit que sur le corps. Elle reste gravée dans notre esprit, car comme il est souvent énoncé, "il n'y a rien de plus tenace qu'une idée". Et le rêve, si on pourrait croire qu'il est limpide et qu'il glisse sur notre esprit, ne manque jamais de laisser briller ces étoiles qui scintillent dans nos yeux. Chanson utopique, décor coloré, rêves d'horizon mais pensées vers le ciel, Angel eau  de toilette a de quoi rendre le rêve plus beau.



J.

dimanche 11 septembre 2011

Vitriol d'Oeillet - Lutens : Douceur Caustique

Chers lecteurs, les blogueurs font des pactes secrets lors de rendez-vous tenus secrets, dans des endroits éloignés de la société et mystérieux. Pendant une de ces nébuleuses entrevues, Jicky a lié une alliance avec la grande Jeanne Doré d'auparfum.com. Ainsi, vous pourrez lire l'article le dernier article sur Vitriol d'Oeillet écrit par Jicky sur auparfum, ici, et attention, vous avez intérêt à y aller, car un tireur d'élite vous surveille... En attendant je vous demande d'applaudir notre guest-star : Jeanne Doré !

Lorsqu'on lit le mot "vitriol" associé à "œillet", on peut vite être tenté d'imaginer un parfum qui va vous ronger la peau, entre les fumées d'acide sulfurique et les pointes acérées de clou de girofle, qui partage avec le dianthus caryophyllus l'odeur caractéristique de l'eugénol. Un méchant parfum qui vous attaquerait par surprise en vous plantant ses griffes dans la nuque ?

Vitriol du côté de Wallace - copyright Emilie


Quand on ose enfin s'asperger le cou du liquide au violet profond, on est d'abord surpris, puis presque déçu par cette douceur douillette et timide, de laquelle s'échappent quelques notes à peine poivrées, enveloppées d'un bouquet floral poudré, coquet et désuet, que l'on pourrait presque croire sorti d'une collection de parfums disparus de l'Osmothèque.
Pour quelqu'un qui dit ne pas s'intéresser aux autres parfums, et notamment aux classiques, Serge Lutens a choisi, sans doute involontairement, (ou serait-ce encore par jeu ?) un parfum qui sonne finalement très "rétro".

L'œillet tel qu'on le connait chez le fleuriste ou par de plus ou moins "soliflores" comme Dianthus, Bellodgia, ou L'Air du Temps n'est pas franchement identifiable dans ce vitriol, dans lequel il a été déformé, dilué dans d'autres notes, en particulier le poivre (noir et rose) qui prend ici le dessus dans la course aux épices. L'accord floral, rose, violette, jasmin, poudré, en serait presque "dadame", s'il n'était enrobé en arrière plan par l'habituelle touche Lutensienne, à base de bois secs et musqués, et de prune douceâtre et légèrement confiturée.

Vitriol Sombre - copyright Emilie


Vitriol D'Œillet constitue donc un parfait hybride entre un certain revival des accords classiques (faisant ainsi une suite honorable au Bas de Soie et sa Jacinthe Chanelisante) passé à la moulinette de ce qui fait le fond de commerce du Palais Royal : cette patte olfactive boisée-confite, unique, si caractéristique, qui peut par  moment lasser ou se faire oublier...

Au final, ce vitriol, sans être extraordinaire, se porte avec plaisir, mais je le verrais davantage en journée, lorsqu'on a juste envie d'être chic et sobre, et de ne pas s'embarrasser d'un compagnon trop envahissant, plutôt que pour les grands soirs de séduction intensive...

dimanche 4 septembre 2011

Dr Jicky & Mister Phoebus : Blog de Coton

Il y a un an, jour pour jour, heure pour heure, seconde pour seconde, deux passionnés de parfums créaient ensemble le premier blog de parfum à tendance schizophrène : Dr Jicky & Mister Phoebus.

Que dire, si ce n'est que "Mais c'est-y qu'le temps passe vite" et que "Mais c'est-y qu'on en a fait un p'tiot chemin" ?
Tout d'abord, ça va être cliché à mort, mais bon : merciiiiiiiii !!!! Ah la la... vous faites des comblés jeunes gens !

Je ne sais pas ce que veux la tradition, mais en attendant, voici ce qui vous attend dans les prochaines semaines : un projet sur Angel de Thierry Mugler, un retour dans le passé avec Poivre de Caron, un dyptique spécial sur Vitriol d'Oeillet, de nouveaux épisodes de "Vis ma vie" ainsi qu'une rencontre.... ;)

Et puis parce que c'est toujours amusant, voici les quelques statistiques que nous vous livrons, avec le Top 5 des messages les plus lus. *Roulements de tambour de gens-qui-tapent-sur-le-flacon-d'Iris Silver Mist*

1/ Les parfums des Méchantes (parce que les petites feignasses qui dorment 100 ans, ça se parfume pas), avec 1462 vues
2/ Gossip Fragrances (parce qu'on est tous des pétasses au fond de nous), avec 1274 vues
3/ De Profundis (parce que Lutens a tendance à un peu trop fumer le petit grain par moment), avec 1094 vues
4/ Azzaro Pour Homme (parce que y'a que des pervers qui cherchent si oui ou non Ken et Barbie vont plus loin ensemble !), avec 1034 vues
5/ Les parfums des Méchants (parce que eux aussi ils arrivent à se marier avec la gentille en sentant Grey Flannel), avec 650 vues.

Et on finit avec une belle photo prise par notre photographe officielle in live from Paris with an amazing exclusivity oh yeah ! Elle annonce la tendance Jicky de l'hiver 2011 :D !

Iris Silver Mist sur la Seine - Emilie G.


Encore merci à vous tous, continuer à échanger comme ça avec passion, amour et gentillesse (bref, nous sommes des Bisounours) et... Vive l'odorat !

jeudi 1 septembre 2011

Baiser Volé - Cartier : Particule de Vie

Quand Lisbeth arriva en trombe dans son appartement du 5ème, elle se jeta furieusement sur son canapé en cuir blanc cassé. Ses pieds lui faisaient mal, et sa respiration saccadée lui faisait émettre de drôles de bruits, comme des hoquets de rage.

Elle mit sa tête dans ses mains, et imita la posture de cette actrice qu’elle avait vue au cinéma deux jours auparavant avec Mimiche. Oui, bon, ok, c’était cliché, mais essuyer ses larmes d’une autre manière ne lui serait pas venu à l’esprit. Son maquillage était foutu, c’était sûr. Elle releva la tête, son regard était rouge, et les mèches qui lui parsemaient le front paraissaient sales, folles. Vanité ! Comme si un metteur en scène de pathétiques comédies romantiques avait prémédité la scène, elle se retrouva en face d’un vieux miroir au cadre faussement doré écaillé. Le reflet la montrait, elle, désœuvrée, perdue, abandonnée ; ainsi que sa robe blanche légèrement froufrouteuse – mais pas trop – et son petit voile qu’elle avait piqué à Kate. Elle poussa un cri. Et dans un geste d’ultime désespoir, elle prit le vase en verre posé sur le petit meuble installé face au miroir et le fracassa par terre. Prise au dépourvue, elle me jeta. Violemment. Elle me jeta sans même me regarder. Comme un vulgaire morceau de chiffon à motif pique-nique. Moi. Elle me jeta comme elle avait jeté sa journée. Mon voyage dans les airs dura quelques instants qui – pour continuer dans le film de bas étage – me semblèrent une éternité.
Je vins frapper la fenêtre dans un bruit sourd et étouffé, je me sentis exploser et je me fracassai contre le sol, dans une ultime décharge.

Lys
Je quittai dès lors mon corps. Je me sentis voler, perdre mon attache. Moi, petite particule. En suspension dans l’air, je distinguais ce vieux bouquet abandonné. Un bouquet de lys, qui demeurait ma dernière dépouille. Quelle vie quand même ! Cette impression de mauvais drame revint. Je voyais défiler ma vie. Pathétique. Cependant, quel vécu ! On ne croirait pas comme ça, mais être une petite particule de pistil de lys, c’est quelque chose ! Tu passes ta vie au sein du cocon blanc, protégé, choyé et adoré par tout le monde : ta fleur, les nez, l’air et les petits êtres visiteurs.

Au ralenti, je me voyais m’éloigner de ce lys dont je constituais l’essence. Pauvre de lui. Flottant perdu dans les airs, je me demandais où diantre j’allai bien atterrir. Finalement, je n’étais pas si mal. Invisible dans l’air de la chambre du 5ème, je côtoyais particules d’eau, d’air et de vie. Comme des humais dans un métro parisien aux lueurs du jour, beaucoup ne me regardaient pas. Je les voyais se presser, invisibles aux yeux des autres, pour assurer « leurs fonctions ». Leurs fonctions. Attention, ça ne rigole plus. Mesdemoiselles H2O s’en vont faire exploser la vie. Dans toute leur prétention, elles m’éclaboussèrent légèrement au passage, mais je comptais bien ne pas me laisser piétiner par elles ! C’est alors que j’accrochai le regard des autres petites molécules. Les molécules vertes. Celles là étaient d’un charme et d’une politesse à faire rougir plus d’un Dom Juan en pamoison. On se regardait ensemble, on se prenait dans la main, le temps d’une petite ronde.

Cependant, la pesanteur me ramena à la dure réalité. Je n’étais pas faite pour rester à flirter avec l’air et ses molécules légères. Non, moi petit pistil en liberté, je devais retomber et toucher à nouveau ce sol qui m’avait fait naitre. Je me sentais dégringoler. Je craignais le pire pour la chute. Cependant mes craintes furent vite oubliées : je me retrouvais dans un petit duvet, une sorte de matelas informe et doux. C’est étrange. On dirait… un gros pinceau. Un… Mais oui ! Un pinceau à poudre de maquillage ! Quelle chance ! Me voilà lové dans du maquillage aux accents délicieusement rétro. Echarpes à plumes, maquillage contrasté et robes de soirées éclairées par les flash explosifs, la belle vie pour une particule de lys c’est ça.
Je commençais à m’installer dans ce que je croyais être ma future délicate routine, espérant presque rejoindre mes ancêtres des années folles, quand mon petit monde fut bouleversé. C’est que Lisbeth en avait fini de s’apitoyer sur elle-même et son mariage catastrophique. Dans une vague de précipitation et de fureur froide, elle se leva d’un bond presque altier. Elle arracha son voile ridicule ainsi que ses rêves de petite fille : Lisbeth prit son sac à main et y fourra papiers et maquillage. Bien évidemment, je fus embarquée.

J’entendais ses pas lourds et précis amortis par la fausse moquette de l’étage, et je ressentis une véritable décharge lorsqu’elle enfonça le bouton de l’ascenseur avec une vigueur jamais vue.
Une minute et quarante seconde plus tard, elle martelait de ses talons le bitume de sa rue. Il était sur le trottoir d’en face et il l’attendait. Je ne le voyais pas distinctement. Une chose était sûre : cet homme souriait. Lisbeth retroussa un carré de soie sur sa tête et lança un ultime et discret regard d’appréhension en arrière, comme pour vérifier quelque chose…

Elle s’approcha de l’homme que je n’arrivais pas à distinguer. Ils étaient complices, et venaient de m’en fournir la preuve : ils venaient de s’échanger un baiser. Un simple baiser volé.
J.