mardi 21 août 2012

L'Artisan Parfumeur, Séville à l'Aube – Veuve noire, fleur blanche.




 Par Phoebus.



     J'ai partagé ma nuit dernière entre étudier le dernier Artisan, Séville à l'Aube et aider une amie pour une rupture difficile. Je ne sais pas, parfois le hasard épouse bien la situation - et si j'avais su en appliquant cette fleur d'oranger épicée que ce serait pour sauter dans une voiture en catastrophe quelques heures plus tard, mon choix n'aurait pas été différent.



You can have it all but how much do you want it?
You make me laugh
Give me your autograph
Can I ride with you in your B.M.W ?


     Je suis sûr qu'elle ne remarque rien, mais j'ai toujours une jolie curiosité sur le poignet, chaque fois que je passe la voir. Un test comble parfaitement les 10 minutes à tuer qui me séparent de chez elle, puis s'oublie entre les cendriers sur le balcon. Pourtant dans la moiteur d'un soir d'août, Séville à l'aube s'est révélé délicieusement persistant – mais soyons honnêtes, je n'ai pas attendu qu'il monte à mes narines, j'ai quasiment eu le nez scotché dessus toute la nuit.
     J'ai tout de suite accroché avec l'envolée florale verte et croquante. Certes, sans surprise : ce sont entre autres les notes et les effets qui me séduisent le plus facilement en parfumerie. Pour cause, je serais incapable de discuter de la qualité des matières utilisée, mais ce qui ressort avec évidence, c'est qu'elles sont savamment orchestrées. Au bout de quelques minutes on bénéficie déjà d'une rondeur, d'un fini velouté en soutenance de l'envolée blanche et verte qui rend l'expérience particulièrement satisfaisante. Il s'agit des prémices du fond, une vague de baumes et d'encens contenue derrière ce mur végétal qui irradie de sensualité.



You need to be yourself
You can't be no one else


     Les choses se sont un peu épicées après un énième coup de fil, une décision à prendre, mais cette fois ci c'était la goutte. Pendant que mon amie jetait pêle-mêle des noms d'oiseaux et les affaires de son future ex jules dans un sac de sport, un coin de mon esprit admirait avec attention le twist clairement oriental que prenait SALA. C'est une phase assez décisive pour déterminer si oui ou non on a terriblement besoin de ce parfum : certaines peaux vont gâter de sucre la fleur d'oranger et transformer le porteur en corne de gazelle géante (c'est habituellement ce que fait la mienne, mais pourtant pas avec ce parfum, donc ne balisez pas tout de suite et essayez malgré tout !). A ce stade et si vous n'êtes pas malchanceux, la myrrhe et le benjoin sont plus discernables. Le fond apporte un souffle chaud, sec et vibrant sur la peau, toujours vecteur des bribes d'écho vert et blanc du départ.



You need to find a way for what you want to say
But before tomorrow


     Et nous voilà en pleine nuit dans la voiture, à rouler un peu trop vite pour en finir au plus tôt, jeter le sac, récupérer ses affaires.
     Séville à l'Aube est une composition de Bertrand Duchaufour, inspiré du souvenir d'une nuit andalouse de Denyse Beaulieu. Loin d'être un simple soliflore, ou un exercice de style autour de la fleur d'oranger, SALA est un véritable parfum, construit, complexe, cohérent. Il s'annonce comme un must-have du summer-perfumista, mais je suis sûr que Denyse sera tout aussi contente d'apprendre qu'il vous accompagne d'un bout à l'autre du spectre de la passion.


He sits in a corner all alone
He lives under a waterfall
No body can see him
No body can ever hear him call