dimanche 24 octobre 2010

Vétiver Tonka, Hermès - Willy Tonka


Dans le registre roman culte pour enfant, Tim Burton a aussi mis en scène magiquement Charlie et la Chocolaterie. Attention, gros fan. C'était vraiment mon bouquin fétiche quand j'étais en primaire. Je le lisais au moins une fois par mois !

Danny Elfman et Tim Burton nous offre ici un générique magique (j'ai toujours aimé les génériques bien faits ! Limite je vais voir des films que pour ça des fois !). Quel sens du détail ! Là encore, un point pour la madeleine de Proust ! J'ai toujours aimé les petits mécanismes où tout s'enchaîne de manière naturelle pour arriver à un point voulu (ah les Looney Tunes... ah Claude Ponti !). Je vous laisse savourer...


Vétiver Tonka, c'est le descendant de Willy Wonka (non, vous inquiétez pas, Charlie et lui sont juste super potes !). Alors que Charlie va se spécialiser dans le marketing, et dans le respect de la technique, Vétiver Tonka, lui, c'est un peu l'âme de M. Wonka.

Au premier abord, il n'y a pas de doute, c'est l'image même de ce que le chocolatier de légende dégageait lui même en son temps. Une classe raffinée, un peu farfelue quand même et ambigüe.
Vetiver Tonka nous replonge tous dans le Salle au Chocolat. Il est lui même comestible, comme le faisait remarquer son prédécesseur. Une âcreté verte, comme l'herbe fluo de la Salle, aux arrières gouts mentholés, ainsi qu'une rondeur veloutée, dans les tons marron du chocolat de la cascade. Et quelle cascade ! Vétiver Tonka, quand il nous prend la main pour nous faire danser dans la salle, entraine une gigantesque cascade de sentiments : gourmandise, certes, mais aussi des rires, des envies de sauter partout, de grimper. Mon délire préféré avec Vétiver Tonka ? Rouler sur la colline d'herbe-chlorophylle en essayant d'arriver le plus vite au baobab en noisette, sans tomber dans la rivière de chocolat !

Parce que malgré tout, Vétiver Tonka n'est pas très axé sucreries. A vrai dire, il va plutôt essayer de faire de nouveaux gouts, en régulant le glucose. C'est d'ailleurs l'éthique Wonka-Tonka : une exploration des classiques, avec la fantaisie habituelle tout en évitant de tomber dans la gélatine. On préfère une noisette aux accents piquants de la menthe. Ou alors on invente une brique de bois crémeuse et fondante, à la manière du lait, mais avec une touche de graine de tournesol. 
Autre innovations, les bâtons de foin. Des gourmandises sous forme de bâtonnets avec un arrière gout de paille, de pain d'épice et de foin, le tout dans la plus onctueuse et la plus fondante des crèmes !

Vétiver Tonka a tout de même quelques faiblesses. Il n'aime pas se mettre en avant. Quand il doit faire une "promo" pour sa nouvelle gourmandise, on voit qu'il n'est pas très à l'aise en public. En revanche, c'est une personne délectable lorsqu'on la découvre dans un endroit intime. Dans le dialogue, c'est lui qui va te mettre en confiance, une sorte de chaleur s'échappant de ses douces paroles. Puis, il a toujours un sourire d'une rondeur et d'une sincérité extraordinaire...

"Un bonbon n'a pas à être utile, c'est pour ça que c'est un bonbon..."

vendredi 15 octobre 2010

Brin de Réglisse - Réglisse au Pays des Merveilles

Une petite introduction est nécessaire, je peux pas commencer tout de suite, direct sans rien. Je commence à m'en rendre compte de plus en plus, on tombe plus rapidement d'un extrême à l'autre, que d'un milieu à un autre milieu...

D'un côté, les Hermessences, les "haikus de Jean-Claude Ellena, qui sont des merveilles d'épuration, de simplicité et de beauté.
De l'autre, Tim Burton, le réalisateur qu'on ne présente plus, à l'univers noir et féérique.

Tout les oppose ? Pas tant que ça !

Je tiens à préciser que les articles qui suivront nécessitent d'écouter un morceau de musique, et qu'il est réellement indispensable de les écouter même plusieurs fois pour bien comprendre ce que je vais dire...

Sur ce, bonne écoute, bonne lecture et (tiens, on peut pas dire "bonne senteur" ! encore une fois, c'est l'odorat qui prend !) 

D'ailleurs, j'organise un petit jeu concours, pour gagner un échantillon de 4ml de Brin de Réglisse : y-a-t-il un parfum qui vous transporte dans un autre monde ?




Une ronde de violon commence, reflétant une vision classique de ce qui semble être une personne classique. C'est la silhouette de Brin de Réglisse. Mais dès que j'entends une ronde psychédélique aux sonorités semblables à une flûte de pan au bout d'une huitième seconde ronde et noir, la silhouette se précise, voir même se "déprécise".

Une sorte de brouillard apparaît et Brin de Réglisse sourit dans le noir profond qu'il créer. Je me fige, nos regards se croisent. Et je tombe.

Dans ma chute, tout un monde semble venir à moi. Des voix angéliques envahissent le tourbillon abstrait de toutes parts. L'obscurité noire que j'ai quitté s'adoucit en un camaïeu aux teintes violettes. Avec moi virevoltent des visages, connus ou non, des lampes, des paniers d'osier, la brume et toujours une sorte d'humidité ambiante. La valse ronde des objets est parfois surprises par le sourire Cheshirisque de Brin de Réglisse, qui domine par son regard aux couleurs facettées tout ce monde imprévisible.

Une minute de chute. Et me voila sur l'herbe. Une herbe d'un vert éclatant, presque d'émeraude. L'odeur initiale revient, comme un thème pour violon incessant et magique. Je lève les yeux et j'admire la brume qui tombe sur moi. J'avance. Je découvre alors le Pays, celui où les arbres sont fins, noirs et se déroulent, comme des fils de réglisse, alors que leur tronc est sec et doux. Une lumière baigne le tout dans une ambiance proche du mirage : tout semble trembler sous une agitation silencieuse.

De temps à autre, j'aperçois de petites méduses d'air qui s'envolent des arbres à réglisse. Des fleurs poussent là où quelques secondes auparavant j'avais posé mes pieds. Cet environnement d'un équilibre parfait, mais à l'image brouillée paraît fléchir, s'assombrir. Puis la silhouette de Brin de Réglisse réapparait, mais cette fois, il n'est plus qu'une simple apparition, il me lance un objet jaune, doré, que j'attrape en plein vol.
Une madeleine aux senteurs ensoleillées et au toucher creusé.

Puis Brin de Réglisse court ! Il tente de m'échapper. S'ensuit une course poursuite entre lui et moi. Mes pas foulent les dalles de pierre inégales qui jonchent le sol. Des descentes, des montées où Brin de Réglisse disparait l'espace d'un instant. Je gagne du terrain. Le jour commence à perdre de sa vigueur. Il est à deux doigts de ma main, que j'élève pour l'attraper et... Pof ! Il s'évanouit dans l'air en un millier de petites étoiles !

Le brouillard redevient dense, une sorte de cohue semble se dérouler dans la brume violente de lumière, mais aussi teintée de noir. J'entends une porte qui s'ouvre. Cela va faire 2 minutes 20 que j'ai rencontré Brin de Réglisse, selon une montre effacée dans l'immortelle brume. Tout devient noir. Des murs se dressent. Des horloges à balancier dans tous les coins, symbole du temps qui passe. Le balancier, immatériel qui semble sortir de son cadre de verre et de bois.

Car dans le Pays de Brin de Réglisse, tout passe plus vite, les sensations, la matière, les odeurs. Même les retours en arrière n'en sont pas. Comment retrouver son chemin ? Je me cogne contre les murs, le visage de Brin de Réglisse qui apparaît tel un hologramme, en pleurs. Puis dans la seconde d'après, en pleine euphorie. Tout semble douceâtre dans cette olfaction nouvelle. Une odeur d'évanescence, de peaux, de soleil, de foin entreposé.



3 minutes 40. Le temps est omniprésent. Des voix venues du ciel semblent faire écho à ma venue. Mais en fond, je ressens la rondeur du départ, cette même ronde psychédélique du début, avec en plus des tambours, symboles de notre pouls de plus en plus irréguliers... Réglisse !

Puis tout s'écroule, me revoila dans les champs, à poursuivre Brin de Réglisse. Mais je me vois ! Je suis sorti de mon corps ! Tout semble s'éloigner. Se retirer, revenir en arrière avec moi pour spectateur. La scène se recule de plus en plus... La brume envahit tout. Brin de Réglisse semble m'envoyer un ultime clin d'oeil, dans le brouillard oppressant, et me voilà perdu pour de bon...

"Oh How will you find your way ?..."


vendredi 8 octobre 2010

Les Fleurs du Malle

Par Phoebus.


Lorsqu'on rentre dans une boutique Frédéric Malle pour la première fois, on en ressort toujours amoureux d'une fleur. Parce qu'une fleur, c'est comme une femme, au fond. Et moi j'ai eu cinq amours dans ma vie...




Carnal Flower, la Passionnée. Possessive, jalouse, capricieuse, sulfureuse. Un caractère bien trempé importé des Iles. Une métisse sublime, qui sentait la fleur blanche à des kilomètres à la ronde, et ne laissait jamais personne indifférent. Un caractère polarisant, comme on dit, ça c'est clair. Même avec moi. Je l'aurais préféré plus discrète, j'aurais tellement voulu qu'elle me soit entièrement fidèle (comme elle l'exigeait sans concession avec moi). Mais elle aimait plaire plus que tout, et nous passions nos journées à nous crier dessus, à tenter de convaincre l'autre, le faire changer. On se menaçait tous les jours de se quitter, pour mieux nous réconcilier sur l'oreiller. Sans doute le seul moment de la journée où on s'aimait vraiment. Je n'oublierai jamais l'odeur de sa peau quand nous faisions l'amour ; cette soie tiède et crémeuse qui exhalait pourtant une fraicheur mentholée. Et ça durait des heures jusqu'au matin où on ne se disait plus rien, moi allongé en diagonale sur le matelas et elle, de dos, enroulée dans un drap blanc. Ce matin là, un rayon de lumière filtrait entre les volets fermés, faisant valser la poussière dans son faisceau. Je donnai un ultime baiser sur la joue de Carnal Flower. Elle ne sentait plus que des relents de tabac froid. Notre feu s'était éteint, et j'étais certain qu'il valait mieux partir avant qu'il ne se rallume.












Je ne savais plus très bien ce que je voulais à ce moment là, et c'est un peu piteusement que je suis allé frapper chez Une Fleur de Cassie, la Pure. Ma meilleure amie depuis toujours. Raisonnée, sage,  sincère. Elle ne m'a pas posé de question quand elle m'a ouvert tard le soir, que je sentais un peu l'alcool et que j'étais trempé par la pluie. Je n'osais plus retourner dans mon appartement, en sachant qu'une fleur carnivore m'y attendait de pieds ferme... Enfin bref, Cassie m'a fait rentrer immédiatement. Elle a écouté mes problèmes toute la nuit, en me fixant de ses si beaux yeux vert clair qui ne cillaient jamais. Nous nous sommes assoupis dans les bras l'un de l'autre, et depuis, pas à pas, comme un prolongement naturel à notre longue amitié, nous avons commencé à sortir ensemble. Et avec elle, ça a duré. C'était platonique, mais ça a duré. Elle n'avait pas l'opulence de Carnal, Cassie était tout en transparence, en fragilité, en fugacité. J'aimais bien ça. Je n'en étais pas fou, mais j'aimais bien ça. Elle savait se taire, s'incliner. Peut-être un peu trop. Et peut-être que ça m'agaçait un peu, tout bien réfléchit. Oh, et puis un jour, j'ai décidé d'arrêter de me voiler la face : je l'aimais bien, mais je ne l'aimais pas. J'avais besoin d'elle, et elle m'a guérit. Nous étions un frère et une sœur déguisés en couple. Ça n'allait mener nul part. Je lui ai déclaré cela, de façon un peu plus étoffée cependant, alors qu'elle taillait les haies de son jardin un matin d'Avril. Je ne savais pas si c'était la pluie sur son visage ou si elle pleurait, mais elle m'a sourit et elle m'a dit qu'elle comprenait, qu'elle acceptait. Non, elle ne pleurait pas, c'était bien la pluie : ses grands yeux verts transparents n'ont toujours pas cligné.
Peut être que moi j'aurais changé d'avis si elle m'avait dit que non, elle ne comprenait pas...







Après deux histoires qui n'avaient pas marché, il était temps de calmer les choses et de me concentrer un peu sur moi. Dans ces moments là, un homme sait qu'il pourra toujours se tourner vers sa mère ; je suis donc allé passer la fin du mois de juin à la campagne, chez mes parents. Allongé sur une chaise longue, je lézardais au soleil en écoutant parler "la seule femme de ma vie qui ne sortira jamais de mon cœur" (comprenez : ma mère. C'est comme ça qu'elle se présente elle même quand elle en a l'occasion). Sa voix me venait de derrière les kilomètres de linges qu'elle faisait sécher, et c'est avec enthousiasme qu'elle m'avouait à quel point elle était contente de mon petit séjour ici. Mais soudain, mon odorat s'est emballé, à tel point que mes autres sens avaient reculé à l'arrière plan de ma conscience. Alors que j'humais l'air à fond, la voix de ma mère n'était plus qu'un murmure lointain, et je ne pouvais fixer mon regard nul part...Une jeune femme était passée dans un sillage de papillons mauves. Ma vue n'est revenue que quand les papillons se sont tous dispersés, et j'ai eu juste le temps d'apercevoir une cascade de boucles châtain clair disparaitre derrière les lilas en fleur. Attendez, des lilas ?
Non, ce ne serait pas..?
"Bonjour, Lilas !", s'exclama ma mère. Je me redressai aussitôt et tendit l'oreille. Je distinguais leurs ombres de profil, derrière le drap étendu entre nous, mais je n'arrivais pas à entendre la suite de la conversation. C'était donc Lilas, la "petite Lilas"...La fille des voisins, la Rêveuse, la douce, la romantique. Qu'est ce qu'elle avait grandit ! La dernière fois que je l'ai vu on venait de lui poser un appareil dentaire, et moi je quittais notre village pour aller à l'université. C'est hallucinant comme les rapports peuvent changer en grandissant ! Les six ans qui nous séparent étaient comme un fossé infranchissable à l'adolescence, tandis que maintenant...
J'hésitais à me lever. Je désirais plus que tout suivre les papillons mauves et remonter jusqu'à elle. La suivre partout. Lui faire réviser son bac de français, lui lire Baudelaire en improvisant la fin d'un poème pour coller à la description de son visage. Regarder les étoiles avec elle, allongés dans le champs de Monsieur Sisley...
Là, ma mère me passa la main dans les cheveux, m'arrachant à ma rêverie. J'écoutai d'une oreille distraite la conversation qu'elle me rapporta, décidant qu'il serait plus raisonnable que je ne m'accroche pas trop à la petite Lilas. Je ne la connaissais pas vraiment, après tout, et elle n'avait fait que passer...





Après les vacances en famille, c'était ensuite le tour des vacances entre amis à Barcelone. Dix bonnes heures de covoiturage avec mes meilleurs amis, Allure Blanche, A Scent, Cristalle, Eau Sauvage et Cassie. Oui, Cassie ! Je n'étais pas à l'aise au début, je suppose qu'elle non plus mais nous avions tous nos amis en commun alors on était un peu obligés. Non, en fait ça allait, il suffisait juste qu'on ne soit pas placés côte à côte pour éviter un silence gêné et pesant dans l'habitacle. En revanche c'était un peu plus compliqué par la suite quand j'ai fais la rencontre de Lily, le deuxième soir...Lily l'Aventureuse, l'optimiste, la spontanée.
On s'est rencontré en boite, et je ne pensais pas la revoir dès le lendemain matin au stand de fleurs du marché ! Elle a eu l'air agréablement surprise, et moi je ne cachais pas ma jubilation. Je craquais pour son large sourire...Mais attention, rien à voir avec les sourires américains formatés, son sourire à elle était typiquement du sud : large, sincère, chaleureux, communicatif. Même lorsqu'elle ne vendait pas des fleurs au marché, elle exhalait une odeur verte et vaporeuse comme si elle transportait avec elle un énorme bouquet de lys. Ele nous a fait découvrir la ville en scooter, ainsi que les meilleures plages du coin. On riait beaucoup parce qu'elle ne parlait pas français, et nous, nous avions des rudiments d'espagnols qui dataient quand même du collège...Mais on arrivait à se comprendre (parfois). J'adorais sa voix chaude et grave, la façon dont elle roulait ses "r"...J'avais l'impression qu'elle me chantait à l'oreille.
C'est d'ailleurs ce qu'elle a fait, un soir, en s'accompagnant de ma guitare. Nous n'étions que tous les deux sur la plage. La chanson était triste, mais avec elle, rien n'était jamais vraiment triste, alors je souriais d'une oreille à l'autre lorsqu'elle eu fini de gratter le dernier accord. Il y a eu quelques secondes de silence total, puis elle s'est jetée sur moi en riant pour m'embrasser. Sous le soleil couchant, les effluves marines se mariaient divinement bien avec les lys de ses cheveux blonds... Et lorsque mes yeux se sont rouvert, il y avait des étoiles au dessus de moi. Lily s'était levée d'un bond tandis que moi je peinais à me redresser sur un coude en me demandant pourquoi elle s'agitait ainsi soudainement. En déglutissant, j'observai ses vêtements qui tombaient dans le sable, un à un, formant un petit tas de tissu sous mon nez. Elle a fait volte-face et s'est mise à courir nue vers la mer noire et calme, en riant et criant quelque chose en Espagnol. Sûrement que je la rejoigne. Je me levai péniblement, m'approchai du rivage et fit tremper mes pieds. Elle m'envoya de l'eau avec ses main, en me charriant dans sa langue, et moi je ne savais plus vraiment comment lui annoncer que je devais partir ce soir. J'avais essayé d'aborder le sujet, hier et avant-hier, mais elle ne pouvait pas comprendre...Tant pis. Avec un pincement au cœur, j'entendis le crissement des pneus sur le sable derrière moi, les phares qui balayaient la plage en passant, et les coups de klaxon d'Allure blanche qui m'étaient destinés. Lily ouvrit des yeux étonnés, tandis que j'haussais des épaules d'un air navré. J'aurais dû lui crier au revoir, lui dire que je tenais à elle et que j'aurais aimé la revoir un jour mais les mots n'ont de sens que si on les comprend, et elle, elle ne comprenait rien depuis le début. Je lui ai donc laissé ma vieille guitare, et en échange j'ai pris un lys dans le bouquet qu'elle transportait avec elle.
Dans la voiture, je n'ai pas beaucoup parlé. Je respirais mon lys en silence, la tête appuyée contre la vitre de la banquette arrière....





Quelques jours plus tard, fin août, nous reprenions le boulot. Mon lys s'est fané sur mon bureau, et je crois qu'à partir de ce moment là j'ai cessé de penser à Lily, à la méditerranée et à tout le reste : j'avais du travail par dessus la tête, pas le temps d'être fleur bleue, de toute façon j'avais déjà assez donné cette année. J'ignorais les yeux doux que me faisait Carnal Flower depuis la photocopieuse (oui, elle avait fini par cesser m'en vouloir et ne plus souhaiter dévorer tout cru Cassie...Mais il lui a bien fallu presque un an, tout de même ! ). Elle voulait que je l'accompagne à la traditionnelle soirée de rentrée de mon supérieur, ce soir (officiellement c'était une manière de fêter la nouvelle année bureautique à venir et d'"unifier les troupes", mais officieusement je savais qu'il s'agissait de son anniversaire...). Mon chef devait approcher les soixante-trois, j'ai lu sa fiche "sans faire exprès" en faisant jouer mes relations avec les secrétaires. Je n'avais pas vraiment envie de venir à sa soirée, celle de l'année dernière était ennuyeuse à mourir, mais il est devenu veuf il y a quelques mois donc bon...J'escomptais passer en coup de vent pour lui offrir une bouteille de vin, en m'autorisant peut-être une petite tape dans le dos.
Mais le soir même, je n'ai malheureusement pas pu trouver mon chef tout de suite. Malheureusement...
J'errais dans le hall avec ma bouteille de vin sous le bras, entre les petits cercles de conversations qui s'étaient formés ici et là. D'habitude, Azzaro accueille à bras ouverts les nouveaux arrivés...Seulement là, j'entendis des talons claquer derrière moi – donc aucune chance pour que ce soit Azzaro – je me retournai et m'aggripai un peu plus fort au goulot de ma bouteille de vin. Une superbe femme, un peu plus âgée que moi, me toisait de haut en bas derrière ses cils interminables. Son regard vert sombre acéré tomba sur l'étiquette de la bouteille que je portais et elle commenta : " Saint-Emilion 98...Vous avez du goût, vous", puis elle me gratifia d'un sourire en coin, du bout de ses lèvres rouge sang. Je ne savais pas très bien quoi lui répondre tellement elle m'impressionnait. Elle n'avait plus l'âge pour faire du mannequinat mais tout chez elle, de sa démarche à son port de tête, indiquait qu'elle était issue de ce milieu. Rien d'étonnant à ce que je n'ai jamais eu le souvenir de l'avoir croisé dans les couloirs de l'entreprise avant.
Elle avait quelque chose de magnétique, d'indéfinissable. Impossible de ne pas la remarquer. Impossible de ne pas chercher à la regarder. Sur ce point elle me rappelait un peu Carnal Flower, mais à la différence de cette dernière, la Femme en Rouge ne semblait pas désirer attirer l'attention...Au contraire elle avait l'air du genre à choisir ses cibles très précisément.
Elle commença à marcher, sans me demander s'il fallait que je la suive ou non (de toute façon je n'avais pas le choix, elle m'avait enchainé). Elle me posait des questions incessante au rythme du claquement de ses talons, et je m'efforçais de répondre tour à tour de façon drôle, intelligente, pertinente... Ma plus grande peur était de faire un bide ou de dire quelque chose de déplacé en sa présence. Je me sentais tellement inférieur à elle. Elle ne riait jamais à mes blagues les plus recherchées, elle n'affichait qu'un léger rictus avec un petit air satisfait. Elle acquiesçait à mes thèses sur la société actuelle, mon avis sur le cinéma contemporain, sans jamais rien livrer de ce qu'elle pensait...Mais toujours avec son petit air satisfait, comme si elle cochait point par point une liste dressée mentalement...Et j'ai su que j'avais réussis l'examen lorsque nous nous arrêtâmes devant une porte, au fond d'un long couloir. La chambre de la femme de ménage. Je n'eus même pas le temps de me demander comment ni pourquoi elle connaissait si bien l'immense demeure d'Azzaro, car elle ouvrit la porte sans me lâcher de son regard hypnotisant. Elle murmura son ordre, qui tenait en quatre syllabes, et c'est ainsi que j'ai fais une bêtise.
Je zappe les détails, ce serait trop long à écrire, mais c'était le meilleur coup de ma vie. Elle m'ordonna de partir dès que nos souffles eurent repris un rythme normal, et je m'exécutai aussitôt. Étrangement, cela ne me dérangeait pas d'être traité de la sorte, et tout en cherchant le chemin vers la sortie j'essayai de me remémorer comment je suis tombé dans ses filets, à peine une heure plus tôt...
Mon cœur s'emballa quand j'entendis à nouveau les claquements de talon délicieusement familier derrière moi, alors même que je m'apprêtais à franchir la porte. Tout sourire, je fis volte-face et mon visage se décomposa de façon comique devant le triste tableau qui m'était présenté.
"Oh non, vous partez déjà ? Quel dommage que nous n'ayons pas pu bavarder un petit peu avant...Laissez moi au moins vous présenter ma nouvelle femme, Une Rose ! ". La Femme en Rouge lâcha la main d'Azzaro, mon supérieur, pour serrer la mienne avec fermeté. Elle s'autorisa même un petit clin d'œil discret. Et moi, tout ce que je trouvais à me répéter mentalement, c'était que j'étais sacrément dans la merde. Et ce à cause d'une Rose, la Charmeuse, la tentatrice, la manipulatrice...

lundi 4 octobre 2010

Midnight In Paris - Salon de thé chez Madame Tonka et Monsieur Cuir

Coup de coeur de la rentrée masculine pour Dr Jicky (et y'a interêt pour Mister Phoebus aussi, sinon il va entendre parler de moi...), Midnight In Paris, le dernier parfum pour homme de chez Van Cleef & Arpels c'est un télescope non pas sur les secrets de l'univers, mais plutôt une porte ouverte sur le dernier salon de thé à la mode.

La preuve avec notre reporter, sur les lieux...

"Un peu de gateaux ?" c'est sans phrase de bienvenue que m'a accueillie Madame Tonka ! On ne crache pas sur des offres aussi généreuses. Puis j'adore ces petits gateaux qui selon certains sont à la cannelle. Dans un registre plus personnel, j'aime juste leur réaction avec l'eau, du moins quand je les trempe dans mon thé : ils se courbent et deviennent moelleux. Car c'est bien à prendre le thé que j'ai été invité, et chez Madame Tonka et Monsieur Cuir, s'il vous plait. Ah... l'ascension sociale !

J'ai posé mon manteau (et oui, le temps ces derniers jours est à la baisse), puis je me suis installé dans le délicat fauteuil en cuir, de Monsieur Cuir ! Et ce jusqu'à la fin de la soirée.

"On attend qui au juste ?". Ca, c'est ma petite voix de timide chez des invités.
"Ma foi, la famille Boisée, la famille Muguet (Madame Clochette m'a dit que la famille nous présenterait leur petit dernier : Noir), puis des cousins de mon mari". Ca c'est la voix un peu prétentieuse de Madame Tonka.
"La famille Muguet ? Chez vous ? On avait pas fait une sorte de conseil AIP - Anti Insipidité Parfumée ?" je réplique
"Ah mais pas du tout, ça c'est les Esters, mais eux sont plus branchés chimie, moins mondanité"
"D'accoooord"

J'ai d'ailleurs un peu trop insisté sur le dernier "o", j'ai donc caché ma gêne dans la profondeur de leur thé, délicieux somme toute ! Mais à peine avais-je finis ma gorgée qu'un bruit assourdissant retentit dans la pièce. Comprendre -> sonnerie ! Madame Tonka se lève, l'air excusé ("Encore une fantaisie de mon mari cette cloche lugubre !"). J'entend au loin la proposition de gateaux, les frottements des manteaux qui se retirent. 

Et c'est donc la famille Muguet.

Elle... elle.... elle a changée. C'est le moins qu'on puisse dire ! Ou du moins, c'est pas du tout celle que j'avais rencontrée avec Diorissimo ! Là, c'est juste Monsieur Muguet avec le fameux Noir.

Dans le genre Noir, tu peux pas mieux, le petit ado des Muguet qui se profile derrière la lourde silhouette de son père est bien palichon ! Lui qui était la vedette ! Il s''éclipse derrière... derrière... mais derrière quoi ? Horreur ! C'est un gothique !
Je me disais aussi que Madame Tonka s'était tue...

Ah mais non ! J'ai rien contre les gothiques, mais là, ça sonne faux ! T'as envie de lui dire "Mais voyons, destresses et ôte moi ces colliers canins !". A vrai dire, en toute honnêteté, il est pas méchant ce petit Noir des Muguet, mais juste vraiment trop discret, pas assez osé pour la famille !

"Bien, bien, fort bien... Où en étais-je" dit d'un petite voix Madame Tonka, se parlant plus à elle même qu'à nous. Je sirote un bon coup de thé, qui pour le coup était trop infusé, puis je lui répond "Oh, rien de spécial"

J'aurais du me taire, il y a "juste" eu un gros blanc derrière...
Mais en fait non, c'est Monsieur Cuir qui a lancé une discussion animée sur l'élégance raffinnée de sa famille, mais aussi sur les quelques trublions qu'il connait.

Madame Tonka rebondissait sur tous les noms de jeune : "ah oui, lui il faut le soutenir, il est faible" "Oh ! Et puis celui là, qu'est-ce qu'il est influençable" "tu trouves, moi je l'ai trouvé charmant". Puis elle dodelinait de la tête, à chaque regard que je lui lançait. Mon thé s'est refroidi, mais l'ambiance s'est réchauffée ! Madame Tonka, un peu coincée a commencé à rigoler à coeur ouvert ! Ca faisait du bien de voir ça ! Surtout que les temps pour elle ont été difficiles, occupée qu'elle est à soutenir de nouveaux arrivants avec un creux dans le bidou (d'ailleurs elle le dit elle même "ras-le-bol des nouvelles qui sentent bon la fleur ! Marre de les faire durer dans le temps, alors qu'elle ne compte juste que sur leur physique").

Puis la famille Boisée est arrivée ! Finis les gateaux, là c'était direct embrassades chaleureuses ! Ah j'adore ! Surtout qu'après, Tonton Bouleau a ramené la dernière copine de Styrax (un très beau jeune homme d'ailleurs...) : Miss Benjoin ! Spécialisée dans la danse orientale, elle a dansé au centre de la pièce jusqu'à la fin de la soirée, la lumière se reflétant sur les petits grelots autout de sa taille en myriade de lucioles et d'étoiles.

C'est ainsi que j'ai quitté mon fauteuil en cuir...

vendredi 1 octobre 2010

Jeu concours !

Et oui, même en temps que bloggeurs débutants, on commence ce petit truc bien sympa, les jeux concours :p !

Cette fois, la règle est simple, décrivez nous l'ambiance olfactive d'une maison qui vous a marqué durant votre enfance, ou même actuellement, et mardi, le gagnant remportera un échantillon de "Like This" de Etat Libre D'Orange, un parfum à l'odeur d'une chaumine écossaise, vue par l'actrice Tilda Swinton.
Bon, fantasmez pas non plus, les marques ne nous envoient pas - encore - des miniatures et des trucs binouches... Mais ça ne saura tarder :p !

A vos plumes, 3 - 2 - 1 go !