Chers lecteurs, les blogueurs font des pactes secrets lors de rendez-vous tenus secrets, dans des endroits éloignés de la société et mystérieux. Pendant une de ces nébuleuses entrevues, Jicky a lié une alliance avec la grande Jeanne Doré d'auparfum.com. Ainsi, vous pourrez lire l'article le dernier article sur Vitriol d'Oeillet écrit par Jicky sur auparfum, ici, et attention, vous avez intérêt à y aller, car un tireur d'élite vous surveille... En attendant je vous demande d'applaudir notre guest-star : Jeanne Doré !
Lorsqu'on lit le mot "vitriol" associé à "œillet", on peut vite être tenté d'imaginer un parfum qui va vous ronger la peau, entre les fumées d'acide sulfurique et les pointes acérées de clou de girofle, qui partage avec le dianthus caryophyllus l'odeur caractéristique de l'eugénol. Un méchant parfum qui vous attaquerait par surprise en vous plantant ses griffes dans la nuque ?
Vitriol du côté de Wallace - copyright Emilie |
Quand on ose enfin s'asperger le cou du liquide au violet profond, on est d'abord surpris, puis presque déçu par cette douceur douillette et timide, de laquelle s'échappent quelques notes à peine poivrées, enveloppées d'un bouquet floral poudré, coquet et désuet, que l'on pourrait presque croire sorti d'une collection de parfums disparus de l'Osmothèque.
Pour quelqu'un qui dit ne pas s'intéresser aux autres parfums, et notamment aux classiques, Serge Lutens a choisi, sans doute involontairement, (ou serait-ce encore par jeu ?) un parfum qui sonne finalement très "rétro".
L'œillet tel qu'on le connait chez le fleuriste ou par de plus ou moins "soliflores" comme Dianthus, Bellodgia, ou L'Air du Temps n'est pas franchement identifiable dans ce vitriol, dans lequel il a été déformé, dilué dans d'autres notes, en particulier le poivre (noir et rose) qui prend ici le dessus dans la course aux épices. L'accord floral, rose, violette, jasmin, poudré, en serait presque "dadame", s'il n'était enrobé en arrière plan par l'habituelle touche Lutensienne, à base de bois secs et musqués, et de prune douceâtre et légèrement confiturée.
Vitriol Sombre - copyright Emilie |
Vitriol D'Œillet constitue donc un parfait hybride entre un certain revival des accords classiques (faisant ainsi une suite honorable au Bas de Soie et sa Jacinthe Chanelisante) passé à la moulinette de ce qui fait le fond de commerce du Palais Royal : cette patte olfactive boisée-confite, unique, si caractéristique, qui peut par moment lasser ou se faire oublier...
Au final, ce vitriol, sans être extraordinaire, se porte avec plaisir, mais je le verrais davantage en journée, lorsqu'on a juste envie d'être chic et sobre, et de ne pas s'embarrasser d'un compagnon trop envahissant, plutôt que pour les grands soirs de séduction intensive...
Par deux fois je l'ai essayé et par deux fois il a disparu. Pas mal tout de même l'odeur mais et la tenue d'une composition ? Le sillage ? l'intérêt de le porter ? Je ne sent rien, je ne ressent rien. Une expérience olfactive plutôt qu'un parfum ? Un parfum pour les pays où l'on est allergique aux parfums ? Un parfum pour les pays où l'on se parfum comme une petite fille qui aurait peur des relations sexuelles ? Un truc sans intérêt... Très loin de moi, très loin de l'histoire de la parfumerie française. C'est du moins ce que j'en pense. Remettez en un peu sur votre poignée et mettez de l'autre côté l'Heure Bleue concentration parfum et l'on en reparle...
RépondreSupprimerDonald
Aussitôt dit aussitôt fait ! J'ai quelques gouttes de Mitsouko en extrait et Vitriol d'Oeillet ! ;)
RépondreSupprimerJe pense que dire de Vitriol d'Oeillet qu'il n'a aucune tenue est "gonflé". Je comprend ce que voulait dire, mais force est de constater que ce jeune Vitriol renait souvent après une petite heure d'absence, il revient (cf analyse d'Opium !). Sur moi la tenue est honorable, il fait toute la journée. Cependant, le sillage n'est pas extraordinaire. Et si je préfère (et de loin), un extrait de Mitsouko (faut pas pousser non, je suis un Guerlinolatre !), j'aime beaucoup ce Vitriol !
Comparé à De Profundis, et aux sorties Lutens récentes, Vitriol assez controversé, reste une jolie nouveauté !
J.
Je suis pour les parfums plus corsés, c'est ma personnalité.
RépondreSupprimerJ'apprécie le parfum est subtile, je trouve aussi que c'est une jolie nouveauté.
RépondreSupprimerBonsoir Jicky, Phoebus, Jeanne et lecteurs/trices !
RépondreSupprimerLe croisement de points de vue est fort intéressant.
Pour faire simple, pour une fois, je rejoins totalement Jeanne dont l'article est, comme c'est l'habitude, excellent, et Jicky.
Point trop de vitriol ici, ce qui peut mettre d'humeur au vitriol ! Cela fut bien mon cas dans un premier temps. Puis, la séduction de ce floral poudré presque old school, revu et corrigé par la patte des Salons du Palais Royal, a plutôt bien fonctionné sur moi. Il est agréable de le porter. Mais, comme le dit très justement Jeanne, plutôt de jour que comme un franc tireur poivré séducteur du soir ! Ce dandy joue une séduction subtile qui s'accorde mieux à la lumière du jour.
Je confirme, concernant la tenue, les dires de Jicky : Cette violette (euh, oeillet, paraît-il), disparaît après une à deux heures à peine. Mais, au moment où "la moutarde me monterait presque au nez", la balle revient et rebondit après une heure d'absence, pour mon plus grand plaisir, je dois l'avouer. Le sillage n'est pas intense, mais la tenue, meilleure que les premiers instants ne le laissaient présager.
Bravo aux rédacteurs croisés de cet article !
A bientôt, ici ou ailleurs,
Opium
Opium,
RépondreSupprimerMerci, c'était vraiment super comme échange ! Et on s'était - presque - rien dit avant (juste le global "j'aime"/"j'aime pas").
Sinon, pour l'avoir porté un peu cet été, la tenue sur moi est excellente, avec des oscillations entre une note "goudron" une fois le poivre passé, une facette florale, et une facette poudrée et boisée. Et la tenue est vraiment superbe, il faisait 10h -> 18h très bien.
De toute manière, Bas de Soie avait été trèèès critiqué à sa sortie. Ya qu'à regarder sa réputation actuelle ;)
Je pense qu'il va falloir l'oublier un peu et le redécouvrir ce Vitriol. L'étiquette "nouveauté Lutens" lui colle encore trop à la peau
J