jeudi 31 mars 2011

La Treizième Heure - Cartier - L'Ombre du Vent, Conclusion en émanation

Autodafé

Que sentirait l'ombre du vent ?
Ou non. Que sentirait L'Ombre du Vent ?

Le Bibliothécaire, Giuseppe Arcimboldo
Un livre. Que sentent les pages d'un livre ? L'odeur un peu rêche du papier, celle plus fumée de l'encre, et parfois, celle assurément terreuse du frottement des pages. Nouveau, on détectera l'odeur du cellophane ; jauni, la fumée et le moisi seront de mise ; entreposé délicatement dans une bibliothèque, il évoquera le beige, parfois l'orange. Policier, livre pour enfant, fantastique, roman d'amour, classique, ....

Café frais, fleur séchée, gousses de vanille. Cuir ? Oh oui...

Cependant, sortons du concret. Reculons. Eloignons nous de nous. Oui, quittons juste le temps d'un instant notre monde illusoire. Car cette trame développée sur l'escapade avec L'Heure Mystérieuse reprend belle et bien cette illusion de la vie. Illusion que Mathilde Laurent, Mme Jicky, reprend dans toute sa série des Heures. Car c'est bien cela que je vois dans ce cadran olfactive : du baroque. BA-RO-QUE !! Maître mot de ma femme ! Ou comment à travers des éléments distincts, Mathilde Laurent parvient à symboliser une tout autre merveille, de manière à souligner l'aspect vain des éléments, où tout est extrême, et où tout peut être reporté à soi !


Le Feu, Giuseppe Arcimboldo


Paule Daré-Meer.
A vrai dire, XIII est assez étrange. On ne peut pas dire que c'est du jamais-senti, ou qu'elle est totalement polarisante. Non, c'est vraiment une sensation de "toi tu n'es pas comme les autres". Sans tomber dans le radicalisme du "nous n'avons pas les mêmes valeurs" tel un Bas de Soie. Car si on était forcément fortement déstabilisés en sentant le sillage de Mme La Mystérieuse, nous menant dans un monde de reflets, poursuivre les pas de son double illusoire est encore plus troublant. Une Treizième Heure. Le relief est inévitable : L'Heure Mystérieuse nous menait aux confins d'un autre monde, mais où la Terre était encore perceptible ; XIII nous mène dans un autre monde. Un monde de feu, de flammes, de profondeur, d'abymes, mais aussi de joie, de volupté et d'entrain !



Un monde où la vie crépite, alors que le crépuscule a décru depuis longtemps ! Un monde où le temps n'a plus de fin, et où tout semble renaître de ses cendres ! Un monde où chaque trésor a été conservé ! Et notamment les livres... 

Car, il est des livres que l'on brûle. Des livres dérangeants, des livres interdits, des livres maudits. Des livres renfermant des musiques impossibles, des histoires oubliées, et des odeurs... baroques ! Et ce sont ces livres là qu'enflamme un personnage du livre L'Ombre Du Vent. Ce personnage, c'est Lain Coubert, un être étrange, apparenté au diable. Il terrorise les songes des gens ancrés sur Terre, marquant leur subconscient à jamais, par son visage brûlé, semblable à un cuir sec. Son haleine exhale une odeur de fumée, et ses mains embaument un bois roussi. Et Lain Coubert, c'est l'autre nom de XIII.
Sauf que ces mythes associés au pyromane ne correspondent pas à XIII. La Treizième Heure, brûle, mais fait renaître des cendres. Elle sonde l'enfer, pour mieux nous faire tenir à la vie. Elle évoque une littérature interdite pour ouvrir les esprits et enfin, elle dérange pour nous tenir tout de même éloignés de sa beauté naturelle.


La Treizième Heure ne correspond ainsi plus à une entité à part entière, encore palpable comme pouvait l'être son heure jumelle, mais bien à une nouvelle vision des choses. Une réinterprétation d'un culte olfactif primaire : la fumée et le feu.

Elle clôt une collection en définitive totalement baroque, en contact direct avec un monde différent. Un havre de fruits, de noir, de lumière ou de nature. Mathilde Laurent signe ici une oeuvre infiniment magistrale !

6 commentaires:

  1. J'ai essayé la XIIIème heure cette semaine... La semaine d'avant, j'avais été sortie de mon lit par les émanations de l'incendie de l'Elysée-Montmartre... Hé bien j'ai retrouvé dans la XIIIème heure cette odeur d'incendie... Très troublante. Mais derrière l'odeur de fumée il y a quelque chose de "chaud", une odeur un peu commune,qui fait comme rentrer le parfum dans le rang. Vous savez ce que c'est??
    Par ailleurs, enthousiasmée par plusieurs "heures" (celle au cheval, par exemple), j'ai été douchée froide par leur prix. Pas vous?

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  2. Oh oui !! J'ai été choqué quand j'ai vu ce théatre partir en fumée ! Heureusement que la salle n'a rien... Mais c'était impressionnant !

    Et donc l'odeur était semblable ? Ca ne m'étonne pas, et c'est là tout le talent de Mathilde Laurent ! (selon moi, hein ;)

    Sinon, je pense que ce "petit quelque chose", c'est la vanille en fond, assez sèche, mais qui humanise la silhouette (Lain Coubert !). C'est peut être aussi la note thé noir ? En tout cas, je l'ai porté une fois, et c'est LE parfum avec lequel j'ai eu le plus de compliments ! Comme quoi ;)

    Quant aux prix, malheureusement, ça c'est le point négatif de ce si beau tableau ! Je continue à dire que ça, c'est vraiment dégueulasse ! JAMAIS au dessus de 200€ !! C'est un peu un des règles de l'argent et du parfum selon moi ! (et pourtant, c'est pas faut d'être tenté moi aussi !)

    Merci à vous pour votre expérience Digby en tout cas =D !

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  3. Ah c'est ça, merci, c'est la vanille!!!
    A noter que si les "heures de parfum" sont chères, la dame du stand des galeries Lafayette est assez généreuse de l'échantillon... D'ailleurs si vous voulez récupérer mes 4 ml de XIIIème heure par voie postale, ce sera avec plaisir.

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  4. Oui ! La vendeuse du stand Cartier est ADORABLE ! Je conseille à tous les lecteurs d'aller tester les Heures là bas ! Elle accueille toujours les passionnés comme il se doit !

    Pour l'échantillon, personnellement je n'en ai pas besoin, mais peut être que Phoebus en voudra ? Etant donné que (pauvre de lui ^^), il n'a pas accès aux Heures... Bien sûr, je vous conseille de le porter quand même, mais c'est comme vous voulez, en tout cas, c'est très généreux :D !

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  5. Hé hé... je connais un peu plus ta femme maintenant!
    Un parfum agréable et enveloppant, mais quelque chose me chiffonne dans ce parfum! Je sais pas si c'est cette vanille fumée, noire et brillante comme la gousse séchée. Ou cette légère odeur que je n'arrive pas à identifier, de thé amer, ou d'anis sombre. Le tout s'envole en une volute cuirée et ambrée...
    L'odeur de papier brûlé est vraiment amusant et c'est vrai que ce parfum fait penser aux pages des vieux livres, j'ai vraiment adoré ce côté-ci.
    Mais cette odeur qui me met mal à l'aise et que je n'arrive pas à identifier est vraiment troublante (j'ai l'impression de l'avoir déjà sentie quelque part)!

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  6. Tu verras, une fois que tu t'es ancré dans la Treizième Heure, tu ne peux plus en sortir !

    Il dérange par son côté fumée, mais il est au final tellement addictif !!

    Attend un peu, et tu verras, le charme va opérer !

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