dimanche 19 septembre 2010

Chanel n°22 : Entretien

Pour la première de sa carrière, Dr Jicky s'est déplacé pour aller consulter un patient. Bon, Mister Phoebus m'a laissé de bon coeur y aller, mais j'espère qu'un jour il ira voir notre personne du jour, car deux avis valent bien mieux qu'un seul !

Lieu de rendez-vous : Rue Cambon !
Mon Dieu ! Il se gène pas le petit gars, ou la petite mamoiselle, oui, je ne connais même pas son identité. J'ai été "convié" à une consultation sous la seule impulsion d'une lettre. Mais quelle impulsion ! J'ai jamais reçu de lettres comme ça de ma vie ! Un beau papier un peu jauni, épais et avec de petites aspérités. Puis... l'odeur... Maudit ! Quelles effluves émanaient de ce papier à lettre, preuves d'un sillage sans nom et langoureux !

De toute façon, je risque quoi ?

C'est donc en m'engageant de la rue que je me rend au n°22. Puis, malgré la classe blanche, sobre et rectangulaire de la rue parisienne, je vois une petite batisse en bois. C'est drôle, elle semble avoir été construite ici par hasard. Comme si on venait juste de la "planter" ici !

Je rentre. Oui, sans un un grain de folie, il n'est point d'homme raisonnable !

Puis là, mais alors là, mais alors de alors de alors là ! My God ! Dr Jicky se retrouve sur son rectum ! Une bouffée fusante, puissante et Ô combien racée m'assaille. L'émotion m'étreint. L'odeur de la lettre. Puis je m'aperçois que je n'aperçois rien en fait ^^. Attend, quoi que... Oui, des contours se dessinent. La brume épaisse s'amoindrit. Une table en bois, une grosse table en bois. Puis une nappe blanche très fine avec de la dentelle sur le côté et un fil rouge cousu désignant le contour. Puis là je vois un peu mieux. Une sorte de buffet avec une vitre en verre, très traditionnelle. Puis avec dedans, plein de boites. Des petites boites rondes, pas hautes et en porcelaine on dirait !

"Dr Jicky ? Mister Phoebus ?" demande une belle voix un peu ombragée dans l'obscurité de la pièce
"Euh... en fait c'est que Dr Jicky car Mister Phoebus il a pas pu ven..."
"Ah ! Bien bien ! Très bien. Bon c'est pas grave"

Elle dit cette dernière phrase d'une manière très amicale ! Mais en même temps toujours couverte. Avec ce grain typique des personnes qui restent sans parler.

Je ne vois pas son visage, ni ne le verrai au cours de la séance. Mais toujours ce reflet dans la vitre du buffet, avec ces petits pots. Bizarrement, à chaque fois que je penserai à l'hôtesse du n°22 de la rue Cambon, je penserai à mes petits pots.

"Bon, voyez-vous, c'est rare quand je me déplace pour une personne. Mais quelque chose m'intrigait... Vous voulez parler de quelque chose ?". Je prononce ces mots doucement, en pesant bien telle ou telle intonation.

"Oh oui, mais comment commencer ?"
Et moi de retorquer avec politesse "Par le commencement !"

Et mon hôtesse de se présenter :

 " Papa et Maman ont d'abord eu 10 enfants. Oui, dix d'un coup ! Non, Papa n'était pas un coureur de jupons, mais un grand inspiré. Malheureusement, une seule couvée de triplées ont été gardées. Moi et deux autres de mes soeurs. La première, n°18 a toujours a moitié vécue dans l'ombre, un peu comme moi à vrai dire, mais elle s'en est sortie avec l'alcool bizarrement. Le commerce d'alcool de riz lui a donné  une réputation mondiale encore réputée aujourd'hui. Mais elle semble avoir disparue ces derniers temps. Peut être pour mieux réapparaitre ? Mon autre, vous la connaissez certainement. N°5. Ma soeur à la chevelure d'or a tout séduit avec ses notes charnelles, sensuelles, presques sexuelles. Son caractère et son puissant charisme lui ont permis une ascension rapide et encore d'actualité. Elle écrase tout sur son passage, tout de même avec grâce ! Voyez son batiment, au n°5 de la rue ! A elle seule, elle rapporte à notre famille la plus belle des réputation. Mais moi dans l'histoire je suis..."

" N°22 !" Je m'exclame ! Oui, tout se recolle dans ma tête...

"Oui, je suis N°22 ! Et grand bien m'en fasse, j'ai hérité de la beauté de N°5, mais je n'ai jamais eu son charisme très animal. J'ai plutôt pris le côté mystérieux et inoubliable de ma soeur N°18. Certes, j'ai vécu dans l'ombre, mais Maman ne m'a jamais délassée. A vrai dire, je crois même que j'étais sa préférée. Elle présentait aux autres N°5, mais elle me gardait moi exclusivement pour elle. Papa, lui, admirait ma force fusante de caractère. Celle là même dont N°5 est pourvue. Mais là où ma soeur est plutôt abstraite dans son choix de carrière (un peu touche à tout), je me suis personnellement investi dans un domaine qui me plait énormément : les cosmétiques. Vous devez avoir remarqué tous ces petits pots dans le buffet. Ce sont des petites crème toutes douces que j'ai créé personnellement. Il y en a beaucoup de parfumées à la rose, mais certaines sont plus poudrées, d'autres plus sèches et boisées. Toutes ces facettes, je les ai prises de Papa et Maman"

Ces dernières paroles se sont assombries, puis petit à petit, je n'ai plus rien entendu. N°22 est partie de ma vie comme elle est en rentrée : avec stupeur mais subtilité. Je n'aurai jamais aperçu le moindre trait de son visage, la boutique de cosmétiques étant toujours plongée dans une sorte de brouillard.

Je suis resté seul dans la pièce une bonne quinzaine de minutes, la réalité des choses ayant repris le dessus : cette douce odeur féminine émanant d'encens brûlant sur un meuble en bois, puis la porcelaine des petits pots de crème scintillant par la lumière d'une bougie, dont la flamme vacillante menaçait de s'éteindre à tout moment. Puis le parquet grinçant sous le poid de mes pieds se déplaçant vers la sortie, mon sillage éteignant la dernière source de lumière.

6 commentaires:

  1. C'est très beau Jicky, j'aime beaucoup l'image des petits pots de cosmétique . Des roses et des fleurs blanches, poudrées et crémeuses .....
    Ce N°22 m'émeut énormément, me trouble , m'apporte une telle intensité d'émotions quand je le respire ...
    Un peu comme un chrétien devant le Saint Suaire, tu vois ? Respect, adoration, contemplation, béatitude , solennité ...
    Je suis athée mais bon , c'est une image assez forte je pense pour exprimer ce que je ressens .
    D'habitude aussi, on un parfum , hors là, c'est l'inverse . C'est le 22 qui me porte, comme si j'arrêtais d'être bancale .
    Avec L'HEURE BLEUE , c'est le seul parfum à m'apporter autant d'émotion , ils me coupent le souffle littéralement . Comme lorsqu'on est devant un tableau ou qu'on écoute une musique et que subitement, on se trouve transporté dans une autre galaxie, comme happé .
    J'en avais les larmes au yeux la première fois , devant tant de beauté .
    Là, pour moi, la parfumerie est un art .

    Le N°18 je l'aime aussi énormément, il me rappelle une liqueur à la quetsche de mon enfance ...

    Tous les 2 me touchent bien plus que le N°5 .

    Merci Jicky ^^

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  2. ** Correction :
    D'habitude aussi, on PORTE un parfum

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  3. Merci Dame Julita ! Faut avouer que le côté poudré est beacoup plus assumé dans mister 22 !

    Belle comparaison ! J'aime à dire que l'on est A. T. (bon, c'est un jeu de mot stupide sur moi, je m'arrête, c'est promis --').

    Je l'ai déjà dit, mais L'Heure Bleue est mon double schizophrénique. C'est très particulier !!!

    Il n'empêche que j'aime quand même énormément le n°5... Faire des comparaisons me semble bizarre. C'est un peu comme comparer un frère et une soeur^^ (ça se fait pas ! Son frère est plus beau qu'elle :p truc bien méchant^^)

    En tout cas, merci =)

    Vive l'odorat !

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  4. C'est vrai Jicky, c'est moche de comparer mais j'ai dû mal m'exprimer !
    Le N°5 , je l'aime aussi, je l'ai en EDT , en extrait et l'Eau Première; mais en EDP j'ai du mal, je la trouve lourde et grasse ;))

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  5. La boutique de Bruxelles ne vends plus l'extrait au profit du seul exclusif. Je suis un peu au désespoir. S'il suffit de se rendre à Paris, je m'en remettrai mais si c'est la mort de l'extrait?
    Julita, je suis du même avis que vous concernant l'eau de parfum N°5, elle n'est pas une variation très heureuse à mon goût. Je peine même à y reconnaître le N°5.

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  6. D,

    la dernière fois (c'est à dire il y a 2 semaines à peu près), rue Cambon ils avaient l'extrait du 22 en vente (ainsi que les autres), mais pas à tester... Mais ils étaient encore en vente !

    Pas de panique ;)

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