jeudi 9 septembre 2010

Womanity - Le parfum du matheux autoroutier

Womanity est le camion nouvelle génération que tous les autoroutiers ont rêvé d'avoir. La belle carlingue, le rêve de toute une génération de camionneurs, qui déjà petits rêvaient en grand. L'immensité de la route, les kilomètres innombrables du progrès. Puis une domination sous le signe de lignes blanches discontinues !

La société Thierry Mugler, camionneurs depuis les débuts avec la fusée fonceuse Angel, machine à succès incroyable, ne choisi pas la route de campagne la plus facile. Au diable la petite Twingo J'Adore et oubliée la Clio Coco Mademoiselle. C'est sous le signe d'un vaisseau étrange, mélange d'un alliage futuriste et de mailles médiévales, que Thierry Mugler et sa clique font embarquer "toutes les femmes de l'humanité".

Entrer dans le nouveau véhicule Mugler dépersonnifie totalement le gentil petit bout'chou égérie du palet breton. Un sas d'entrée aux odeurs de gâteau sec avec des airs d'amandes. Le vrombissement du moteur rugit dans le sas. Nous devons partir. La salle du début pour le moins déconcertant voit une extrémité coulisser et présenter une ouverture. Nous y passons.

Aussi brutal qu'un passage de l'eau confortablement chaude à l'eau glacé (ou pire, le passage de L'Heure Bleue à Bleu tout court !), nous voila dans le labo néo-camionno-mathématique : l'autoroutier n'est plus ce qu'il était. Fini le tatouage de l'ancre sur le bras gauche, le calendrier machiste au niveau de l'essui glace et le pendentif en forme de sapin sur le rétro central. De ce que je vois, l'avant de la bête de l'autoroute est une grande baie vitrée avec projection fictive de bord de mer pour rendre la vision d'une zone industrielle plus agréable. Puis, c'est blanc. Très blanc. Trop blanc. Notre chauffeur est assis, avec sa blouse blanche en coton pour les manipulations chimiques. Il l'avouera bientôt : "à vrai dire, je m'en sers juste pour faire genre..."


Car, malgré les apparences, notre conducteur n'est pas qu'un chimiste, c'est un matheux. Un vrai, un pur. Un manipulateur de formules. Aussi bien à l'aise avec les équations différentielles du second degrés qu'avec un moteur à aéropropulsion. Oui ! Il conduit Womanity comme il fait ses formules. Il arrive à mettre en symbiose trois facteurs pas si inconnus que ça, mais à les assembler de manière dynamique et innovante, quoiqu'à mon goût un peu trop intellectuelle.


Je m'intéresse, autant par politesse que par interêt, et il m'explique tout : 


Figue²/biscuit * \/¯calone + (selx10²  * amandes benzaldéhidique) + santal²


Ouais, bon... on s'appelle ? Et encore, je vous épargne bien des lignes...


Thierry Mugler a trouvé le bon chauffeur, à fond sur le concept, très "space" lui aussi. Avec une drôle de tête en plus. Et si on l'appelait "headspace"...
Ouais, le regard inquisiteur qu'il vient de me lancer à la suite de mon "jeux de mots" m'a bien refroidi. D'ailleurs, la savante formule a tendance à devenir froide et blanchir elle aussi. Sur la baie vitrée avec retroprojection de paysage apparaissent des mouettes, la mer puis, et oui, la technologie a parfois de gros souçis mentaux, des images subliminales de tartes au fruit, de mûres sauvages en montagne avec des figues pulpeuses arrosées d'une inondation de lait, de manière aussi dense que le fond de teint sur la peau d'une pouffe !

Puis soudain, je subodore une chose qui me semble être là depuis le dépbut.
Mais, juste, c'est quoi cette odeur ?
Et au routier de me répondre : "Ah ! C'est une de mes expériences, prenez une mangue. Laissez la pourir. Etudiez son odeur. Rajoutez une note de santal, un poil de figue pour la cohérence et vous obtiendrez ce qui semble être l'incarnation olfactive de la fin de notre voyage sur l'autoroute du futur. A noter que cette expérience marche aussi avec le yaourt à l'ananas".

Puis il se fige avec un sourire, comme s'il était un colporteur d'aspirateurs. Et je crois l'avoir embarassé en lui mettant un vent à l'ampleur de Katrina... Je sais, c'est pas toujours mon fort la science de demain.

Le voyage semble s'arrêter là. Je repars par la salle complexe. Une sorte de sas de sortie avec un papier peint compliqué avec pleins de formules mathématiques et des tâches de macadam. Au milieu de la pièce un arbre à l'odeur tenace et imposante. Ainsi qu'une casserole d'eau salé en train de bouillir.

Au final, je vois cette expérience d'un très bon oeil. Autant d'innovations pour un seul petit bonhomme ralliant plusieurs passions incompatibles. C'est émouvant de le voir s'exprimer sur sa création. Thierry Mugler mise gros avec lui, mais je pense qu'il va faire bouger les choses.

Quand on peut réaliser son imaginaire tout en bidouillant son polynôme du troisième degrés, je dis respect.

Vive l’odorat !

4 commentaires:

  1. En effet, c'est un parfum qui me "transporte" et le flacon est beau comme un camion !

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  2. Jicky :

    Merci Zab63 pour le message (oui, on débute le blog alors ça fait du bien de savoir qu'on est lu !!).

    Womanity c'est un peu la grosse bagnole de la rentrée ;)

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  3. Seul souci, je commence à craindre les grosses doses dans les transports en commun tôt le matin. Et ça, c'est quand même un vrai souci. Je sais que Dr Jicky prône l'écharpe, mais sera-ce suffisant?

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  4. La seule fois où j'ai senti Womanity, c'est sur une amie, qui avait un échantillon.
    C'était vraiment un bonheur.
    Dans le bus, après, oui, j'ai des craintes ! Je ne sais pas trop quel genre de femmes (ou d'hommes, mais là on peut rever) va le porter, mais je crains une surdose !

    L'écharpe fonctionne très bien pour moi, sauf pour quelques refractaires : Chloé, Giorgio, Angel et autres !

    Dans ce cas, deux possibilités : supporter ou retenir sa respiration (quand on vient juste de monter, là c'est le caca, donc bon... ^^ dommage !)

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