jeudi 16 décembre 2010

L'Heure Bleue : Mamie-fourrure /VS/ le sillage d'une bougie.

Par Phoebus.

Attention danger, monument de la parfumerie Française. Il faut bien choisir ses mots, là. The Parfum, avec un P majuscule pour la quasi totalité des perfumistas, ça peut faire un énorme retour de flamme si je me plante. Donc on va dire...Mmh...Tiens, pourquoi pas la même chose que 99% de la blogosphère à son sujet ? [Dans le genre je prends pas de risques]. Laissez moi une minute pour préparer mon air ému. Voilà. Ah, l'Heure Bleue ! C'est un mythe, c'est à vous couper le souffle, c'est un chef d'œuvre, c'est-la-vraie-parfumerie-Guerlain-d'autrefois-parce-que-maintenant-Guerlain-c'est-n'importe-quoi-ça-part-dans-tous-les-sens-et-puis-de-toute-façon-ils-ont-reformulé-l'Heure-Bleue-mais-c'est-pas-grave-je-l'adore-quand-même !




Je vais commencer par préciser que je n'ai absolument AUCUN lien affectif avec ce parfum, ce qui est plutôt rare et me donne un point de vue assez différent de celui des autres blogs (en bref si vous adorez ce parfum et que vous n'êtes pas capable d'en lire une critique un tant soit peu négative sans vous énerver dans un commentaire élaboré me disant en quoi et pourquoi je me trompe, passez votre chemin, j'ai mieux à faire). On peut remarquer qu'en général ses adorateurs ont toujours connu un être cher qui a porté l'Heure Bleue... Et la magie des associations a éventuellement saupoudré des étincelles d'affections dans le flacon, ce qui conditionne d'avance à aimer ce parfum. Mes grand-mères à moi ne se parfumaient pas (peu de gens se parfument dans ma famille en fait...) et j'ai découvert l'Heure Bleue tout seul l'an dernier, en étant émerveillé par les commentaires d'Auparfum.
Imaginez ma déception lorsqu'après avoir sentit la mouillette et fermé les yeux, j'ai vu de très très près le visage ridé d'une grand-mère édentée, sur fond de hurlement suraigu comme dans Scream. Parce que ce parfum, je le connais en fait. Depuis pas mal de temps. Je l'ai côtoyé tous les matins à l'arrêt de bus pendant mes années collège... Grâce à Mamie-Fourrure. Vous ne la connaissez pas mais elle prend toujours le bus en même temps que vous, elle se maquille comme une voiture volée et a peut-être tué à mains nues le dernier ours des Pyrénées pour confectionner son manteau. Enfin, d'après la rumeur. Mais surtout, surtout, elle cocotte à quinze kilomètres à la ronde un parfum tellement fleuri et saturé qu'on ne se doute même pas qu'il y a des fleurs dans le sillage. C'est ça l'Heure Bleue. Même si c'est un peu réducteur (car n'importe quel parfum appliqué par une main trop lourde parait corrosif pour les narines), ça m'a tout de même permit d'en saisir les défauts. Du moins, seulement les défauts de l'Heure Bleue Deuxpointzéro, le reformulé, pas la première version. Ce qui frappe le plus, c'est un espèce de déséquilibre, un trop-plein de note...En général, c'est ce schéma là (la surdose d'un composant) qui donne des "classiques" de la parfumerie. Le revers de la médaille, c'est que ces parfums sont souvent polarisants, vont créer autant d'addictions que d'allergies. Ici, c'est l'alliance d'une vanilline au rendu un peu cheap avec un œillet épicé qui me retourne l'estomac... Alors que d'autres plongeront la main dans un flacon grand format et s'en aspergeront en faisant le signe de croix comme si c'était de l'eau bénite. 

Sexy-mamie !


Mais je ne me laisse pas abattre si facilement (ça ou alors je suis un peu masochiste, à vous de voir) : j'ai ressenti encore et encore l'Heure Bleue à chacun de mes passages au Sephora, provocant l'incrédulité la plus totale des vendeuses. Même s'il ne me plaisait pas d'emblée, je voulais à tout prix savoir ce qui le rendait aussi incroyable aux nez des autres. L'originalité de la composition ? Ça oui, je suis d'accord, l'œillet n'est pas très très exploité en parfumerie...La qualité des matières première ? Alors là j'en doute, c'est en partie ce qui m'a déplu lorsque je l'ai sentit au début, mais une fois encore la reformulation a certainement fait des ravages... Pourquoi le qualifier de "grand vanillé" alors qu'il me paraissait plus fleuri qu'autre chose, et que la vanille, justement, n'était franchement pas ce qui relevait la composition ?

J'ai eu beau le porter plusieurs fois, je ne comprenais pas ce qu'il avait d'hors du commun, et je lui préférais de loin Shalimar...
En fait, j'ai trop intellectualisé mes ressentis. C'est comme un musicien qui, à force de trop analyser sa musique finit par ne plus la ressentir. La première fois que j'ai vraiment eu le souffle coupé par l'Heure Bleue, c'était il y a deux mois dans une laverie automatique. J'attendais que ma machine se termine, une jeune fille est entrée (pas très jolie, et mal habillée...Je précise parce qu'on risque de me sortir l'argument de la fraicheur physique alors que ce n'était pas du tout le cas). J'ai tout de suite pensé à une bougie à la vanille géante, tellement son sillage était épais, chaleureux et doux à la fois. Et c'était l'heure bleue, les étincelles d'œillet, c'est comme si c'était signé ! C'était vraiment incroyable, et le rendu n'était pas du tout pareil que l'eau de toilette que je connaissais. C'est là que je me suis frappé le front en me souvenant des différences entre les concentrations EDT, EDP...Et surtout l'extrait dont parle souvent Jeanne Doré. De plus, j'avais comme l'impression qu'elle avait tout de même eu la main légère, comme si les composants avaient la place de s'épanouir dans son sillage au lieu de s'encombrer et de se bousculer comme derrière Mamie-Fourrure...

C'est là que j'ai compris les qualités de l'Heure Bleue. Sa douceur infinie, sa chaleur, son côté cireux (qui remplace la vanilline à deux francs six sous) et surtout son immense pouvoir d'évocation. Un coucher de soleil, une table en formica imitation bois, des chants d'oiseaux cachés dans les arbres, une brise tiède, des fumets de soupe au poireaux, un tube de labelo, et des pieds nus dans l'herbe fraiche, un soir. 


(oui, ce sont bien mes orteils sur la photo).

 

Je ne peux pas dire qu'il soit devenu mon parfum préféré, il fait un peu les montagnes russes dans mon cœur (un jour je l'adore, le lendemain il m'écœurera...) mais il me touche, maintenant. Je le porte parfois. Et je me dis qu'il mérite vraiment son titre de classique, car il a réussit à me prouver sa valeur sans lien subjectif pour me conditionner à l'aimer, et surtout en allant à contre courant des codes parfumés avec lesquelles ma génération a grandit et est habituée. Donc Bravo !

19 commentaires:

  1. Quel plaisir de rire à cette description. Quelle plume. Merci pour ce bon moment.

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  2. positivement incroyable! J'ai moi aussi connu une ou des mamies-fourrure qui sont immédiatement ressurgies de la même façon grâce à .. Idylle! J'ai vécu exactement la même chose et suis passée par les mêmes étapes sauf que je n'ai pas encore fait de rencontre similaire à celle de la laverie me permettant de changer d'opinion...

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  3. Sachez que c'est à Mister Phoebus que sont arrivés ces événements !
    Mademoizaile, merci beaucoup ! Je lui transmet ces gentils compliments =)
    Brune, c'est drôle, j'entend de plus en plus souvent que Idylle fait très mamie... et bizarrement, moi qui associe toujours la rose à la grandmère aux bégonias, ben pas pour Idylle ^^ Mais disons qu'Idylle est beaucoup moins polarisant que L'Heure Bleue !

    Les mamies-fourrures n'ont qu'à bien se tenir (j'en connais une qui s'asperge d'un chypré, je crois que c'est Youth Dew... horrible :p)

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  4. en effet l'edt actuelle a quelque chose de vieillot (et c'est une folle amoureuse de l'hb qui vous dit ça), on y sent plus les notes de tête, la tenue est bcp moins bonne qu'avant, et les notes de fond y ont été comme amputées. Je n'incrimine personne, ej sais bien que les gens de guerlain ne s'amusent pas à faire sciemment des pafums moins bons, c'est la faute de l'ifra etc.. mais l'edt actuelle n'est pas belle je trouve, ou du moins elle ne transcrit pas toute l'émotion que l"on peut trouver à ce parfum.


    En revanche l'eau de parfum actuelle est plutôt fidèle je trouve, alors certains peuvent lui trouver un côté lourd, c'set vrai qu'elle est très enveloppante, (mais moi j'aime bien ), les notes de coeur et de fond y jouent déja plus la vedette et on sent déja bcp plus le côté oriental en fond, cette aura de mystère etc..

    enfin, évidemment, le mieux reste l'extrait, je ne trouve pas que ce soit forcément un extrait très puissant comparé à d'autrs de la même maison (je pense à chamade par ex) mais alors quelle subtilité et beauté: là pr le coup les notes vanillées dont vous parlez sont mises en valeur, le côté baumé miellé y ressort plus n bref c'est très beau.

    Mais je susi bien d'accord, si l'on m'avait fait d'écouvrir l'heure bleue aujourd'hui, avec l'edt actuelle, j'aurais passé mon chemin.

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  5. C'est sûr que les vieux Guerlains font mamies. Comme tous les anciens d'ailleurs. Peut-on en vouloir à ces femmes qui tombées amoureuses d'un merveilleux parfums dans leur jeunesse de s'y accrocher? Dans 60 ans Miss Dior chérie et Lady Million seront aussi des parfums de mamies. Bon, j'espère surtout qu'il seront morts et enterrés le plus vite possible, mais bon...

    ça fait vraiment du bien en tt cas de lire un post sur l'Heure Bleue qui ne soit pas signé par un Guerlinolâtre. Je ne dirais pas que c'est plus objectif, mais c'est plus nuancé. Maintenant, on attend quand même un peu beaucoup la version de Jicky en parallèle.

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  6. Oui Oui la version de Jicky !!!!
    En tout cas, le post a déclenché des commentaires sur un autre site de parfums ^^
    J'apprécie le revirement de Phoebus . je pense que pour l'Heure Bleue, il y a un déclic qui doit se produire et on l'a rarement dès la première fois . C'est comme s'il fallait une clé pour entrer dans son monde merveilleux ....

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  7. Disons que ma version risquerait d'être beaucoup moins croquante, car j'en suis un dingue, et ce depuis... depuis longtemps ^^
    Je trouve, comme Dau (car pour moi aussi ce post était une surprise de Phoebus ;), que ça fait du bien de voir aussi des articles qui changent un peu sur les avis. Moi perso, pour la version actuelle de Femme, j'ai énormément de mal (quoique, je m'habitue ^^).

    Soph, j'aime ENORMEMENT la version de L'Heure Bleue que tu nous avait fait sentir... c'était... wahou ! Puis bon, l'extrait c'est aussi un pur bijou selon mon humble avis. Mais pareil, y'a des parfums qui sentent mamie-fourrure pour moi (non L'Air Du Temps, ne te sent pas visé ^^)

    Julita, la métaphore est ... parfaite !

    Vive l'odorat !

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  8. Avant toute chose, qu'on se le dise, je suis une indécrottable Guerlinophobe, donc âmes Guerlinophiles sensibles s'abstenir!
    Je HAIS Shalimar qui est selon moi l'incarnation olfactive de Mamie-Fourrure ou autre vieille bonne femme puante et revêche; Jicky ne me fait ni chaud ni froid (sorry Jicky!); L'Instant et Idylle sont d'épouvantables daubes...
    Il n'y a que L'Heure Bleue qui trouve grâce à mes yeux, car je le trouve justement beaucoup moins écoeurant et mémère que Shalimar.
    Encore l'éternelle histoire des goûts et des couleurs? Sûrement! ;)

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  9. Chacun est libre de ses opinions ^^
    Pour tout dire, Jicky est un indécrotable Guerlinolâtre ! J'ai juste un peu plus de mal avec Chamade et Jardins de Bagatelle

    Disons que Shalimar a été abimé par l'image qu'en donne ses porteuses : des poules de 70 ans refaites de partout, blondes et siliconées qui sentent fort (et c'est un euphémisme). Mais bon, le parfum, le fond surtout (car la tête trèèès héspéridée est difficile, je vous l'accorde) est tout bonnement une vraie tuerie ^^

    L'Heure Bleue, moins commun que Shalimar, a quand même une odeur de vieux. Un peu comme Chamade... Ah ! J'aime Guerlain pour tous ces débats !

    Vive l'odorat !

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  10. Ah ! C'est trop fort cet article. C'est souvent comme cela avec les classiques : on a du mal à les apprécier, mais on a souvent une révélation (c'est ce qui m'est arrivé tout bonnement avec le Chanel n°5).

    Bravo à l'auteur
    V.

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  11. Bonsoir V. !

    C'est toujours ça, puis on a peur de dire qu'on apprécie moins (avez vous lu l'article de Jeanne Doré sur auparfum avec les parfums de la honte ?). On a peur de se faire carrément lyncher par les autres :p
    Moi c'est pareil avec Femme de Rochas, sauf que le seul déclic que j'ai eu, c'est en sentant une version non reformulée ! Génial !

    Bonne soirée !

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  12. La première fois que j'ai senti l'heure bleue edt au sephora, je n'ai pas pu mettre de mot sur ce que je sentais, mais mon cerveau songeait "uhm, chewing-gum malabar".
    J'aime l'actuel, mais il est assez cru.
    Jean-Claude Elena, pour parler de ces parfums classiques épais et riche, par de "gras".
    Généralement, je pense que quand le parfum est trop "riche" il faut se reculer et plus d'air, sinon on sent le parfum de trop prêt. L'heure bleue peut "arracher", amer (amande) bougie corsé (tonka), mais en réalité c'est une fleur d'oranger très radiante qui remplit très vite l'air d'une pièce (quand ma mère utilise l'edp, 2 pressions, et le parfum remplit tout l'étage).
    L'ancien avait des fleurs plus distincte, faisait plus naturelle : une fleur d'orange douce complimenté par le petit-grain corsé, rose, jasmins, une grosse louche d'iris, et ce fond décadent.
    L'extrait vintage que m'a fait sentir Poivre Bleu est vraiment grisant, et rend triste en pensant à l'actuel, on croirait entendre et sentir le vent dans des feuillages, vivifiant superbe nocturne.


    uhm "grand vanillé" (t'as lu ça où?) : peut-être parce que l'heure bleu est un oriental = 1/épicé 2/ambre=accord_opponas+ambre
    L'extrait actuel (d'ordinaire la qualité est mieux), j'y trouve le cédre plus marqué... or les notes boisés furent à la mode aprèx la 2nde guerre mondiale... Je pense qu'initialement l'heure bleue était un parfum très "girofle", très clou de girofle (qui est un "épice", parfum épicé [je déteste ces appelations, très trompeuse]). Or le composant principal du clou de girofle, l'eugénol, a vu son usage autorisé restraint par l'IFRA (c'est ce que j'ai lu) ; c'est aussi pourquoi je pense aussi que Vol de nuit ne sent plus tant le même, la volupté a été réduite par 3.

    En tout cas ma 1ère impression n'est pas trompé : un délicieux et écoeurant "tutti fruitti" façon malabar. Je prends conscience que ces mots font une description outrageante, quand de nos jours "parfums fruités" est une insultes dans la blogosphère.
    Mais j'aie encore assez l'actuel.

    Dernière astuce, subjective, je trouve que les anciens guerlain ont été crée pour mieux fonctionner sur tissus, comme pour parfumer un mouchoir. Sur ma peau de la soupe, sur tissus les notes de tête perdure et le parfum restent struturé.

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  13. En Allemagne, l'heure bleue ne se trouvait pas dans le lot fourni aux grands vendeurs de parfum.
    J'ai lu aussi qu'il se vendait bien en France. C'est peut-être un des rares à "être prophète en son pays"?!
    J'ai encore du mal à évaluer Shalimar, je pense que c'est à cause de l'overdose de bergamote : je ne la perçois pas qu'elle a déjà grillé mes narines... tiens! la prochaine fois j'éviterais la "vaporisation" pour un contact direct et lent à la peau. L'oppoponax est beau, et nu (simple), dans shalimar ; par contre cette note et les autres notes de fonds s'ajoutent si vous vaporisez sur les mêmes tissus. Celà, ajouté avec le nez saturé, doit expliquer les odeurs de mémé. Sinon je pense que Shalimar reste très beau.
    L'extrait actuel, je le trouve lourd. Et je ne sais pas pourquoi, comparé à une version un chouilla moins récente il a perdu beaucoup de "whoomph".

    Chamade est dur à appréhender... la forme actuel n'aide pas.
    Je pense que je fais expliquer chronologiquement (et subjectivement) : Initialement Chamade c'est la colision de 2 formes très classiques. D'une part le jasmin + rose (+ tubéreuse) façon Joy. De l'autre l'aldéhydé blanc façon savon no22 de chanel. Ajoute le "corsé" du bourgeon de cassis, et aussi un fond ambré qui sent le benjoin (un encens qui sent naturellement le caramel, la vanille (le papier d'arménie)).
    Ca commençait avec la rose naturelle, très transparente, claire, liquoreuse ; (l'edt avait plus d'ylang-ylang, plus sirupeux) ; douceur du jasmin fruité; l'écran de savon de l'aldhéhyde ; puis longtemps après le choeur de fleur par descrescendo atteint le fond ascentionnel d'encens-benjoin et d'ambre doux dans une aura de recueillement.
    Aujourd'hui, l'edt a une ouverture crissante, minérale, façon "vent vert" galbanum+ylang+vetiver, ( avec la pseudo-jacinthe qui crépite quelques secondes), puis il devient excessivement vanillé.
    L'edp n'est pas bonne, toutes les fleurs sont écrasées, synthétiques, seule peut-être l'ylang reste naturel (car pas trop cher), le mur d'aldhéhyge, et le fond ambré aussi est un peu niqué car il n'y a pas "le fondu", on y décèle les notes ambres déjà senti dans beaucoup trop de parfum. Fade, acre, lourd : facettes présentes dans l'original, mais pu contrebalancées.
    En revanche l'extrait actuel demeure une version méconnue et exceptionnel qu'il te faut essayer, vaporise la peau et le tissus, et attends 8 heures pour avoir le fond, il évolue très lentement.

    Si tu as la chance un jour de pouvoir chasser après des guerlains ancien d'occasion [actuellement ebay censure tout objet "guerlain"], recherche les version "parfum de toilette", elles étaient très réussies.
    (même conseil pour Femme de rochas)

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  14. Eh beh mon vieux ! Quel plaisir de vous lire JulienFromDijon !!! En tant que "jeune", et donc ayant accès à la parfumerie post-reformulation, ça me réjoui de lire toutes ces descriptions et ces analyses de vintage ! J'ai senti L'Heure Bleue une fois en version plus concentrée (merci, Sophie de My Blue Hour), j'ai quelques gouttes d'une EDT de Jicky vintage (merci Julita !), et j'ai quelques ml d'un extrait vintage de n°19 (merci Maman !).

    Mais ça fait rêver quand on lit "on croirait entendre et sentir le vent dans des feuillages, vivifiant superbe nocturne", en parlant de l'extrait de L'Heure Bleue ! Mon Dieu !!! Et ce Chamade, avec lequel j'ai énormément de mal à m'habituer. Va falloir que je teste l'extrait !

    J'aime porter moi aussi les Guerlain dans les cheveux et sur les vêtements, le seul problème est la tenue : ils tiennent trop : Et pour le coup, deux pschits de Shalimar sur le manteau tiennent une semaine ^^ D'ailleurs, je suis totalement d'accord avec toi sur l'actuel extrait de Shalimar, il est trop lourd. Sur moi il est trop fumée, encens, et surement cet opopanax, mais je dis ça tout hasard car je n'ai jamais senti d'opopanax pur... J'ai beaucoup ri avec le "whoomph", car je comprend tout à fait !

    En tout cas, énormes mercis pour ce prolixe partage qui est vraiment passionnant à lire !

    Jicky

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  15. Merci tout le monde !

    Juliette, content de voir que vous revendiquez votre anti-guerlain-attitude xD ! Mais vous ne citez que les Guerlain mainstream, vous n'avez pas encore sentit ceux qu'on ne trouve qu'en boutique, genre les elixirs charnels ? La qualité n'est pas la même et ils pourraient peut-être vous surprendre !

    JulienfromDijon (from Allemagne en réalité, c'est ça ?), waouw ça fait plaisir de vous lire ! Pour ce qui est de l'Heure Bleue = grand vanillé je ne sais pas si je l'ai lu précisément quelque part mais j'ai l'impression que c'est dans l'inconscient collectif, je ne sais pas... C'est un des "grands vanillés" de la parfumerie, comme Shalimar quoi ! Même si ces parfums ne se résument pas qu'à leur vanille, et heureusement !

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  16. Merci de votre soutien, Phoebus! Je savais que Jicky est un Guerlinophile avéré... mais heureusement tolérant! ;)
    En réalité je n'ai de lien affectif (positif) qu'avec Jardins de Bagatelle; questions de souvenirs sans doute.
    Mais vous avez raison, aller sentir les Guerlain exclusifs me fera certainement revoir mon jugement. D'ailleurs cela fait partie de mes résolutions 2011!

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  17. Bonsoir,

    Je tombe sur ce billet un peu ancien ! Votre plume a évolué mais le style ici était prometteur, très bien vu ! Personnellement, aucun Guerlain ne me semble " vieux ", les anciens Dior non plus, etc.. Je vais encore faire une comparaison irritante lol, mais oui je le suis ! Est-ce qu'on peut dire d'un meuble d'époque disons Louis XVI qu'il est vieux ? Il a juste traversé les époques mais sa beauté reste bel et bien intacte. C'est rigoureusement ce que je ressens avec Guerlain. Je reprends juste un avis général et non votre vision très juste des choses évidemment, c'est cet avis général qui me gêne beaucoup parce qu'il fait de l'ancien une quantité négligeable.
    Quant à " Mamie fourrure " euh non Jicky, ici je vous assure que cette espèce a elle aussi quasiment disparu, je tombe plus sur des - vais je dire le mot, oui !!! - vieilles peaux également refaites de A à Z qui, elles, ne portent pas l'Heure Bleue ! Mon QG étant très souvent Sephora, ou je ne suis jamais tombée au bon moment ou j'ai raison de dire qu'une " mamie fourrure " ça n'existe pas dans les trois Sephora où je traîne mes guêtres au moins une fois par semaine. Bizarre tout de même lol.
    Bonne soirée.

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    1. En fait, bon je pensais que c'était évident dans l'article mais je vais le ré-expliquer, je n'ai eu aucune "éducation olfactive" comme on dit, l'heure bleue je l'ai sincèrement trouvé super daté au collège, carrément vieillot. Quand j'ai commencé à m'intéresser au parfum et à me forger un goût, j'ai fini par comprendre l'Heure Bleue.... Si bien qu'aujourd'hui je ne saisis plus ce que j'ai pu lui trouver de dérangeant (et je me suis offert un flacon très récemment de l'EDP!). Ce que j'ai voulu dire c'est que même si la blogosphère condamne volontiers les jeunes amoureux de Pacco Rabane qui froncent du nez devant les chef-d'oeuvres de la parfumerie, les trouvant abominablement vieux, et engraissent les caisses de L'Oreal en se rabattant sur des parfums bonbon... Eh bien j'ai pu comprendre leur point de vue, on ne peut pas leur en vouloir, on ne peut pas exiger de quelqu'un qu'il comprenne la beauté d'une oeuvre sans lui avoir donné les moyens de la saisir.

      Quand aux mamies fourrure, je peux vous assurer qu'elles sont encore légion dans les petites villes de province... Dans les grandes villes il n'y en a presque pas c'est vrai, on rencontre plus souvent des "vieilles jeunes" très retouchées (et blondes platine forcément parce que sinon c'est pas drôle)!

      Phoebus.

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  18. Bonsoir Phoebus,


    Oui j'avais bien compris votre point de vue, rassurez-vous ! Quand vous parlez de l'Oréal qui détient même des marques Bio ( Sanoflore et autres ), ça me fait peur également. Mais pour saisir la beauté, honnêtement je ne suis pas certaine que les moyens soient en cause. Il y a des jeunes ( et moins jeunes )très modestes qui ont un sens inné du goût tandis que d'autres qui ont accès au Beau y sont parfaitement insensibles. Une expérience américaine, oui je sais mes références viennent souvent de là bas, a montré clairement ceci : lorsque l'on montre des visages beaux au sens de Pythagore ( nombre d'Or )à de très jeunes bébés et bien ils sourient beaucoup plus que lorsqu'ils ont devant eux un visage moins beau, plus éloigné des critères de Pythagore. C'est très étonnant et pourtant... Cela tendrait à montrer que la Beauté existe et que les humains y sont réceptifs. Ensuite je ne sais pas ce qui arrive, mais il est certain que nous ne sommes pas égaux devant la Beauté. L'Oréal, l'origine ethnique, sociale, le cheap, l'emballement de la société occidentale n'expliquent pas pourquoi on est sensible ou pas à ce qui est beau. Pythagore est ancré en nous dès le plus jeune âge, après évidemment ça se gâte un peu, il y a les matheux et les autres enfin bref LOL, quoi qu'il en soit si l'éducation est importante et le marketing bien sûr primordial dans les choix de certains, il n'en reste pas moins que certains vont aller vers le mauvais goût, le bling bling et l'ordinaire alors que d'autres prendront la direction opposée. Je pense qu'ils sont minoritaires - je serais curieuse de savoir qui aime les beaux parfums, on dit les "bons" parfums et je le dis aussi, cela veut tout dire - mais néanmoins très présents, preuve en est le nombre de parfums de niche et de blogs sur la Haute Parfumerie. Il y aura toujours des réfractaires au Beau, tenez-vous bien, un jeune de mon entourage, issu d'un milieu aisé avec une bonne situation, m'a dit, oui, oui vous allez hélas devoir subir ça : " Baudelaire mais ça veut rien dire, ce sont des mots alignés les uns après les autres " (... ) et je vous passe le reste. Il a dépassé les bornes en me disant ce genre d'inepties.
    Alors non je ne comprends pas leur point de vue ! J'ai bien peur que soit l'Oréal devienne comme Big Brother en plus puissant, soit que certaines personnes soient imperméables à la beauté. Quand les deux se rejoignent - L'Oréal et malheureusement une allergie au Beau - c'est une véritable catastrophe, on vérifie l'étendue des dégâts en allant chez Sephora ou Maisons du monde... Il y a des fauteuils style Louis XVI revisités et bons pour Secret Story, et qu'entends-je aïe ça fait très mal là : " Louis XVI c'est laid, mais ce fauteuil là c'est gavé beau très design ".... Pourquoi ? Parce qu'il est argenté et je cite " il fait riche ".
    Je suis navrée d'entendre ça, carrément horrifiée d'entendre des expressions comme " ce truc c'est une tuerie ". Là, j'y vois hélas une influence très pernicieuse des médias qui banalisent le mal à tout va. Je n'ai plus de TV depuis longtemps, tant mieux !
    Tous les domaines sont concernés par le mauvais goût, mais ouf il reste des îlots privilégiés où on échappe à tout ça. Si l'être humain est fait pour reconnaître le Beau, il n'y aucune raison pour qu'il ne continue pas, à condition évidemment de fuir L'Oréal and co ! A condition que ce sens inné n'évolue pas avec les années et là rien n'est moins sûr.
    Bonne soirée et désolée d'avoir encore pondu un roman !

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