mardi 18 mars 2014

La Panthère - Cartier : Tous à pelage ! (1ère Partie)

Avant-propos
Je n'aborderai ici nullement l'olfactif de la dernière création de Cartier, La Panthère, mais je parlerai de l'élan apporté par ce nouveau parfum au sein de l'industrie de la parfumerie. Je serai plus proche du parfum dans un autre billet qui sera publié ISM sait quand, mais vous pouvez toujours lire le texte que nous lui avons consacré avec Jeanne et Opium sur auparfum.


La Panthère - Cartier


La Panthère est bien plus que la réussite d'une femme, c'est le succès de toute une marque qui s'avère être encore une des rares à avoir une réelle vision de la parfumerie ; une vision insérée aussi bien dans l'histoire d'une maison que dans celle de la parfumerie. Le lancement de La Panthère est accompagné d'un discours qui fait plaisir à entendre, et surtout qui est mis en application et dispose d'une vraie portée sur le grand public.

En effet, à l'heure où la plupart des acteurs de l'industrie de la parfumerie avouent sans vergogne (mais bien sûr quand les micros sont éteints) que "le parfum c'est que du business" (les mêmes qui clament "le parfum c'est avant tout une part de rêve" face aux journalistes) ; qu'il faut "rompre avec cette vieille parfumerie" (on dit la BELLE parfumerie, vieille bique) ; Cartier revendique une empreinte historique, bien évidemment replacée dans un contexte contemporain. Et qui mieux que Mathilde Laurent pouvait exécuter avec brio une création qui découle d'une véritable culture parfum ?

Sans vainement chercher à se dissimuler derrière Jacques Guerlain, Edmond Roudnitska ou François Coty, Mathilde Laurent a fait déborder de cœur une création à l'ambition toute personnelle. Si les références pleuvent, elles glissent comme autant de clins d’œil : douceur, velours, la construction du véritable chypre moderne par Mathilde Laurent invoque des images de nuages gigantesques traversant le ciel au ralenti.

Mathilde Laurent => #Jicky'sLove
source : Elisabeth de Feydeau
J'ai une pensée émue pour Josiane et Coralie, qui travaillent avec passion au stand Cartier des Galeries Lafayette Haussman. J'aimerais qu'elles sachent et soient conscientes qu'à chaque flacon de La Panthère qui se vendra, ce sera un combat de gagné pour la parfumerie. Car dire de ce lancement qu'il représente simplement ce que devrait être la parfumerie ne suffit pas vraiment. Oui, la parfumerie se devrait d'être de ce niveau là, malheureusement ce n'est pas le cas. Par conséquent, n'avoir que faire de La Panthère, c'est négliger une visibilité qui lui permettrait une once d'influence sur la créativité olfactive et sa compréhension. C'est d'une certaine manière se détacher et abandonner une parfumerie grand public qui sombre par un manque d'éducation, de curiosité et d'exigence. A ce stade, il ne s'agit plus de se réduire à une critique du parfum pur, à un j'aime/j'aime pas.

Il s'agit de se rendre compte que le prochain parfum grand public d'un tel niveau et d'une telle ampleur pourrait se présenter seulement dans très longtemps. J'espère bien évidemment me tromper en disant ça : j'espère que l'année prochaine - qu'à la rentrée de septembre prochain oui ! - une véritable nouveauté frôlera par sa puissance créatrice celle de La Panthère. J'espère que dans six mois, vous aurez quatre textes de sept cents mots sur un seul et même parfum, rédigés en pleine nuit par un Jicky pétri d'enthousiasme.

Ainsi, voilà ce qu'est La Panthère : le symbole d'une grande réussite dans la parfumerie d'aujourd'hui. Ce parfum n'est pas calculé avant tout pour séduire une tranche d'âge en particulier, en vue d'une estimation hasardeuse en volumes écoulés pour les statistiques de janvier 2015. La Panthère existe en elle-même et pour elle-même. Des œuvres de ce calibre, de cette puissance symbolique - et ici olfactive - sont rares et souvent boudées ; mais elles aspirent au vrai sens du "parfum culte". Une centaine d'années après la naissance des chefs d'oeuvre Guerlain qui font passer les Coty pour des brouillons, Cartier rétrograde Coco Mademoiselle et rejoint For Her dans la famille des véritables chypres modernes. Quelle joie que de supposer que dans quelques décennies, les gens se souviendront avec plus de bonté de ce parfum que de celui qui trustera les ventes l'histoire d'un semestre.

En attendant, La Panthère de Cartier s'avère être une délicieuse anomalie, le deus ex machina qui dérègle une morbide industrie, le débris stellaire qui vient tuer le père pour libérer la mère afin de créer un nouveau monde. Un parfum qui contient son propre monde, juste un parfum, juste pour le parfum.

J.

5 commentaires:

  1. Arpege/Caroline18 mars 2014 à 20:23

    Merci Alexis pour ce magnifique billet qui rend hommage a La Panthere de Cartier, souligne sa filiation avec les plus grandes fragrances d'exception, son extraordinaire "ecriture" novatrice et qui demontre la demarche elitiste de Cartier, le talent de Mathilde Laurent tout en nous faisant part de ta vision de de la parfumerie, de son etat actuel et la place tenue par celle-ci dans ce cheminement , avec lucidite, maturite, recul et espoir .

    Parce que ceux qui cherchent les gemmes au milieu des cailloux ne perdent jamais espoir en creusant, de trouver la perfection absolue.

    Parce qu'il y a des Nez touches par la Grace, le talent, l'inspiration et que l'extraordinaire n'a pas disparu.

    Parce qu'il y aura toujours des Etres qui apparaissent a un moment precis pour decouvrir de nouveaux territoires et les explorer...

    Parce que certains sentent qu' aller "tout droit", ca ne menera jamais bien loin.... et que le vrai chemin, c'est d'aller "plus haut" !

    Parce qu'il existe une force qui guide et qui inspire celui qui aspire a cette perfection et veut s'en rapprocher dans sa quete de créer.

    Ainsi aujourd'hui, nous avons La Panthere qui brille au firmament de la Parfumerie.

    Je suis consciente de la chance d'avoir RECONNU ce parfum comme un diamant au milieu des cailloux et ca, parce que tu nous montre que ca existe et tu nous explique aussi pourquoi.

    Merci pour cela.


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    1. Merci à toi pour ton message indubitablement enthousiaste !

      Cartier prend un vrai risque avec cette nouveauté, mais au prix d'une véritable nouveauté digne d'attention. Le nombre de débats que ce parfum soulève est déjà intéressant. Ce contraste était déjà là pour des parfums comme Angel ou Terre d'Hermès.

      Comme tu le sais, je suis persuadé que c'est parfum est l'occasion pour les passionnés de se rapprocher du grand public et de soutenir le marché en question, car - d'une certaine manière - le plus bel avenir pour le parfum est en parti ici.

      Bises;

      J.

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  2. Ps :
    J'ai beaucoup ri avec le titre "Tous a pelage" !!!
    Et j'ai hate de lire la suite.

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  3. Je suis allée chercher cette Panthère cet après-midi, je l'ai sur le poignet. Le confort et la douceur de ce parfum est incroyable. Je vais l'apprivoiser petit à petit, mais je comprends déjà votre enthousiasme.

    Dire qu'on attend ça depuis longtemps, une sortie avec de la publicité et un flacon aussi joli (un travail d'orfèvre ! je suis bluffée) ! C'est assurément un parfum qui se dévoilera grandement dans les mois à venir.

    Je vous dirais quand je l'aurai mieux testé. Bravo pour votre article et votre blog que je parcours avec toujours autant de plaisir !

    Diane.

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  4. Bonjour Diane, je suis content de vous lire à nouveau !

    Et très heureux d'apprendre que La Panthère vous intrigue comme cela. Laissez lui le temps, et surtout essayez de la porter en vrai, vous verrez ==> vous succomberez à coup sûr ! (je vous connais, vous aimez beaucoup le travail de Mathilde Laurent !)

    Vous le dîtes très bien : c'est un parfum qui se dévoilera grandement dans les mois à venir. J'en suis persuadé !

    J'ai hâte d'avoir la suite de vos impressions,
    A très vite,

    J.

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