mercredi 19 janvier 2011

Coco, Chanel - Chaleur à sang froid et son acolyte O.

On ne vit que deux fois... C'est ce que murmure Nancy Sinatra dans un des génériques de la saga James Bond préféré de Dr Jicky. Coco de Chanel, elle, semble traverser le temps. Et pourtant, le sang a coulé suite à sa naissance.


Coco, 27 ans. Profession : tueuse à gage, au service secret de sa majesté (Mademoiselle Chanel, en l'occurrence).
Oui, vous avez raison, à lire ces quelques lignes de présentation, on a pas vraiment envie de me connaitre. Mais que voulez vous, il y a des bons et des méchants, comme dans toute société.

Ma société ? Oui, je vous vois venir. Et bien non, vous n'en saurez rien, si ce n'est que ses activités prônent un retour aux vraies valeurs olfactives.
Oh, attendez, j'ai un message (oui, il va s'autodétruire, ne vous inquiétez pas). M m'attend dans son bureau. 

Fort bien... Le travail reprend !
Je monte d'abord une succession de marches vers l'étage absolu, celui du chef : M. Du moins, de la chef. M, l'autorité mystérieuse de notre société secrète. A vrai dire, pas si secrète que ça. M, c'est Mitsouko, une femme au charisme détonnant, très proche et qui personnellement m'a beaucoup inspirée.
La mission du jour, faire équipe avec O, ma camarade de toujours, dans le but de descendre (n'oubliez pas que je suis une tueuse à gage) un vieil acariâtre (répondant au doux nom de Bleu), qui cherche à faire de son gang la nouvelle surpuissance olfactive mondiale.
O me regarde, oui, la routine. Nous prenons toutes les deux avec raffinement et délicatesses nos armes favorites : nous.

Vaporisateur silencieux, vissés ; bouchon et cran de sécurité, enclenchés ; munitions et ml de rechange, ok. Bien, nous sommes parties.
Nous passons dans un couloir feutré pour quitter le bâtiment imposant de la société. Mes talons vernis ne font pas de bruit : tout son est absorbé par la profondeur de la moquette, d'un rouge noble, rappelant les vieux théâtres italiens. Des statues de marbre, de beaux tableaux de l'école du Nord, bordés de cadre dorés et enluminés et mêmes des paravents ornementés de dessins traditionnels orientaux parsèment le couloir... ils ne se refusent rien quand même ! En même temps, avec O, on considère toujours comme jouissif de passer ce couloir aux fastes, synonyme des missions les plus palpitantes. Mon coeur bat. Un homme tout de noir vêtu m'ouvre une porte blindée, qui mène à l'extérieur.

Tient, il pleut. Sur la route pavée, une voiture passe dans la nuit, ses feux éclairant une chaussée trempée par la pluie. Nos talons font surgir de suite ce petit claquement si familier. L'impact de la chaussure sur la dalle humide et sombre fait éclater dans l'air de petites évanescences aux douces effluves de clou de girofle. La moquette surement, ils ont tendance à nettoyer la moquette à l'aide d'huile essentielle aux senteurs de cette épice...

Une voiture discrète nous attend juste au coin de la rue. Son capot est bien mouillé et le métal noir brossé reflète une lumière blafarde dans l'obscurité. Tout était prévu. On entend au loin des bruits de fêtes. O et moi rentrons dans l'auto. Silence.

L'intérieur propose aussi une image de faste. Je me glisse dans le fond du siège en cuir à l'odeur discrète et prend un verre de champagne pétillant.
O me sourit :

- 27 ans que l'on travaille ensemble. Et nous n'avons toujours pas mis cartes sur table. Soeurs ? Amis ? Ennemis ? Même nous, nous ne savons pas comment caractériser nos relations.

O sort une cigarette, ainsi que son porte-cigarette noir, qui me rappelle furtivement la matière du capot de la voiture trempée nous attendant. Je lui souris mystérieusement et lui dis :

- En même temps, à quoi cela servirait-il ? Tu es anguleuse, je suis ronde. Tu es provocante et moi subtile. Cependant, nous nous ressemblons tellement, sans jamais nous toucher, que personne ne peut rien tirer de nous deux. C'est aussi cela qui fait notre force.

- Ecoute Cocotte, me répond t-elle en crachant une vague fumée de sa bouche, sache qu'en matière de meurtre, je t'ai toujours surpassée. Rappelle-toi cette mission en Chine dans les années 80... Je n'ai toujours pas l'autorisation de M d'y retourner (quel carnage ! Pire qu'une bombe galbanucléaire !).

O sort un petit flacon rouge d'alcool et s'abreuve en silence, chaque gorgée étant aspirée avec délicatesse, et sans aucun frémissement de la part de mon acolyte. Elle me fixe toujours des yeux. Une goutte couleur pêche de cet eau-de-vie perle délicatement sur le bord de sa lèvre. Elle s'arrête de boire et du bout du doigt, elle sèche la larme du spiritueux.

- Toujours agressive ma belle. J'aime ta manière de penser... Ce carnage en Chine ? Oh oui... mais je n'étais pas invitée. C'est triste. Se dire qu'au même moment, j'annihilais une vulgaire nouveauté dans un théâtre baroque. Pour le coup, le rideau était vraiment rouge... A croire que j'étais aidée de Santal de Mysore !

J'avale délicatement une gorgée de champagne. O me raconte une anecdote avec un détournement de flacons dans un camion... Une histoire louche, que je soupçonne d'être manigancée par O elle même.

La voiture freine. Je pose ma flûte, et elle range avec soin son porte-cigarette dans un petit coffret en cuir marron.

La façade qui apparait devant nous fait légèrement peur dans le noir de la nuit profonde. Une fac. Du moins une entrée curieuse d'une fac.

Un message de M nous attend :

Vous avez devant vous l'entrée de service de la fac des Fougères V.
En son sein règne avec force et chaos une confrérie dangereuse, conduite par des personnalités dangereuses.
Je vous demande d'être prudentes, discrètes et appliquées.

Ramenez moi le petit Bleu... je le veux vivant !

M.

Un regard qui se croise, des lèvres qui se plissent en un sourire proche d'être malsain.
La mission commence. O et moi nous avançons.

Deux femmes, deux beautés de feu, mais une seule âme : le sang froid.

Après tout, on ne vit que deux fois !

Jane Seymour, Live and Let Die

Rajout 31/01/2010

Je viens d'apprendre la mort de John Barry, compositeur des thèmes de James Bond...
Un petit hommage donc, pour ce grand compositeur !

2 commentaires:

  1. J'adore! (Mince, ça fait Dior que je déteste de dire ça)

    Avis perso d'un fan de Chanel qui trouve ce Chanel très peu Chanel, mais bon... Coco est beaucoup plus subtile et réussie que Madame O.(qui, en passant, a aussi des soucis dans sa famille!)Plus subtile et sans le lifting de trop qui la défigure. Ou c'est l'habitude qui fait que je trouve O de moins en moins jolie?

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  2. Oui, je souligne la subtilité de Coco face à son acolyte O, qui semble quand même avoir toujours eu plus de succès...

    Quant à la chirurgie du Dr IFRA, il me semble quelle ne soit pas aussi sévère qu'elle ne l'est pour miss O, qui a perdu beaucoup de son charme !

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