vendredi 8 octobre 2010

Les Fleurs du Malle

Par Phoebus.


Lorsqu'on rentre dans une boutique Frédéric Malle pour la première fois, on en ressort toujours amoureux d'une fleur. Parce qu'une fleur, c'est comme une femme, au fond. Et moi j'ai eu cinq amours dans ma vie...




Carnal Flower, la Passionnée. Possessive, jalouse, capricieuse, sulfureuse. Un caractère bien trempé importé des Iles. Une métisse sublime, qui sentait la fleur blanche à des kilomètres à la ronde, et ne laissait jamais personne indifférent. Un caractère polarisant, comme on dit, ça c'est clair. Même avec moi. Je l'aurais préféré plus discrète, j'aurais tellement voulu qu'elle me soit entièrement fidèle (comme elle l'exigeait sans concession avec moi). Mais elle aimait plaire plus que tout, et nous passions nos journées à nous crier dessus, à tenter de convaincre l'autre, le faire changer. On se menaçait tous les jours de se quitter, pour mieux nous réconcilier sur l'oreiller. Sans doute le seul moment de la journée où on s'aimait vraiment. Je n'oublierai jamais l'odeur de sa peau quand nous faisions l'amour ; cette soie tiède et crémeuse qui exhalait pourtant une fraicheur mentholée. Et ça durait des heures jusqu'au matin où on ne se disait plus rien, moi allongé en diagonale sur le matelas et elle, de dos, enroulée dans un drap blanc. Ce matin là, un rayon de lumière filtrait entre les volets fermés, faisant valser la poussière dans son faisceau. Je donnai un ultime baiser sur la joue de Carnal Flower. Elle ne sentait plus que des relents de tabac froid. Notre feu s'était éteint, et j'étais certain qu'il valait mieux partir avant qu'il ne se rallume.












Je ne savais plus très bien ce que je voulais à ce moment là, et c'est un peu piteusement que je suis allé frapper chez Une Fleur de Cassie, la Pure. Ma meilleure amie depuis toujours. Raisonnée, sage,  sincère. Elle ne m'a pas posé de question quand elle m'a ouvert tard le soir, que je sentais un peu l'alcool et que j'étais trempé par la pluie. Je n'osais plus retourner dans mon appartement, en sachant qu'une fleur carnivore m'y attendait de pieds ferme... Enfin bref, Cassie m'a fait rentrer immédiatement. Elle a écouté mes problèmes toute la nuit, en me fixant de ses si beaux yeux vert clair qui ne cillaient jamais. Nous nous sommes assoupis dans les bras l'un de l'autre, et depuis, pas à pas, comme un prolongement naturel à notre longue amitié, nous avons commencé à sortir ensemble. Et avec elle, ça a duré. C'était platonique, mais ça a duré. Elle n'avait pas l'opulence de Carnal, Cassie était tout en transparence, en fragilité, en fugacité. J'aimais bien ça. Je n'en étais pas fou, mais j'aimais bien ça. Elle savait se taire, s'incliner. Peut-être un peu trop. Et peut-être que ça m'agaçait un peu, tout bien réfléchit. Oh, et puis un jour, j'ai décidé d'arrêter de me voiler la face : je l'aimais bien, mais je ne l'aimais pas. J'avais besoin d'elle, et elle m'a guérit. Nous étions un frère et une sœur déguisés en couple. Ça n'allait mener nul part. Je lui ai déclaré cela, de façon un peu plus étoffée cependant, alors qu'elle taillait les haies de son jardin un matin d'Avril. Je ne savais pas si c'était la pluie sur son visage ou si elle pleurait, mais elle m'a sourit et elle m'a dit qu'elle comprenait, qu'elle acceptait. Non, elle ne pleurait pas, c'était bien la pluie : ses grands yeux verts transparents n'ont toujours pas cligné.
Peut être que moi j'aurais changé d'avis si elle m'avait dit que non, elle ne comprenait pas...







Après deux histoires qui n'avaient pas marché, il était temps de calmer les choses et de me concentrer un peu sur moi. Dans ces moments là, un homme sait qu'il pourra toujours se tourner vers sa mère ; je suis donc allé passer la fin du mois de juin à la campagne, chez mes parents. Allongé sur une chaise longue, je lézardais au soleil en écoutant parler "la seule femme de ma vie qui ne sortira jamais de mon cœur" (comprenez : ma mère. C'est comme ça qu'elle se présente elle même quand elle en a l'occasion). Sa voix me venait de derrière les kilomètres de linges qu'elle faisait sécher, et c'est avec enthousiasme qu'elle m'avouait à quel point elle était contente de mon petit séjour ici. Mais soudain, mon odorat s'est emballé, à tel point que mes autres sens avaient reculé à l'arrière plan de ma conscience. Alors que j'humais l'air à fond, la voix de ma mère n'était plus qu'un murmure lointain, et je ne pouvais fixer mon regard nul part...Une jeune femme était passée dans un sillage de papillons mauves. Ma vue n'est revenue que quand les papillons se sont tous dispersés, et j'ai eu juste le temps d'apercevoir une cascade de boucles châtain clair disparaitre derrière les lilas en fleur. Attendez, des lilas ?
Non, ce ne serait pas..?
"Bonjour, Lilas !", s'exclama ma mère. Je me redressai aussitôt et tendit l'oreille. Je distinguais leurs ombres de profil, derrière le drap étendu entre nous, mais je n'arrivais pas à entendre la suite de la conversation. C'était donc Lilas, la "petite Lilas"...La fille des voisins, la Rêveuse, la douce, la romantique. Qu'est ce qu'elle avait grandit ! La dernière fois que je l'ai vu on venait de lui poser un appareil dentaire, et moi je quittais notre village pour aller à l'université. C'est hallucinant comme les rapports peuvent changer en grandissant ! Les six ans qui nous séparent étaient comme un fossé infranchissable à l'adolescence, tandis que maintenant...
J'hésitais à me lever. Je désirais plus que tout suivre les papillons mauves et remonter jusqu'à elle. La suivre partout. Lui faire réviser son bac de français, lui lire Baudelaire en improvisant la fin d'un poème pour coller à la description de son visage. Regarder les étoiles avec elle, allongés dans le champs de Monsieur Sisley...
Là, ma mère me passa la main dans les cheveux, m'arrachant à ma rêverie. J'écoutai d'une oreille distraite la conversation qu'elle me rapporta, décidant qu'il serait plus raisonnable que je ne m'accroche pas trop à la petite Lilas. Je ne la connaissais pas vraiment, après tout, et elle n'avait fait que passer...





Après les vacances en famille, c'était ensuite le tour des vacances entre amis à Barcelone. Dix bonnes heures de covoiturage avec mes meilleurs amis, Allure Blanche, A Scent, Cristalle, Eau Sauvage et Cassie. Oui, Cassie ! Je n'étais pas à l'aise au début, je suppose qu'elle non plus mais nous avions tous nos amis en commun alors on était un peu obligés. Non, en fait ça allait, il suffisait juste qu'on ne soit pas placés côte à côte pour éviter un silence gêné et pesant dans l'habitacle. En revanche c'était un peu plus compliqué par la suite quand j'ai fais la rencontre de Lily, le deuxième soir...Lily l'Aventureuse, l'optimiste, la spontanée.
On s'est rencontré en boite, et je ne pensais pas la revoir dès le lendemain matin au stand de fleurs du marché ! Elle a eu l'air agréablement surprise, et moi je ne cachais pas ma jubilation. Je craquais pour son large sourire...Mais attention, rien à voir avec les sourires américains formatés, son sourire à elle était typiquement du sud : large, sincère, chaleureux, communicatif. Même lorsqu'elle ne vendait pas des fleurs au marché, elle exhalait une odeur verte et vaporeuse comme si elle transportait avec elle un énorme bouquet de lys. Ele nous a fait découvrir la ville en scooter, ainsi que les meilleures plages du coin. On riait beaucoup parce qu'elle ne parlait pas français, et nous, nous avions des rudiments d'espagnols qui dataient quand même du collège...Mais on arrivait à se comprendre (parfois). J'adorais sa voix chaude et grave, la façon dont elle roulait ses "r"...J'avais l'impression qu'elle me chantait à l'oreille.
C'est d'ailleurs ce qu'elle a fait, un soir, en s'accompagnant de ma guitare. Nous n'étions que tous les deux sur la plage. La chanson était triste, mais avec elle, rien n'était jamais vraiment triste, alors je souriais d'une oreille à l'autre lorsqu'elle eu fini de gratter le dernier accord. Il y a eu quelques secondes de silence total, puis elle s'est jetée sur moi en riant pour m'embrasser. Sous le soleil couchant, les effluves marines se mariaient divinement bien avec les lys de ses cheveux blonds... Et lorsque mes yeux se sont rouvert, il y avait des étoiles au dessus de moi. Lily s'était levée d'un bond tandis que moi je peinais à me redresser sur un coude en me demandant pourquoi elle s'agitait ainsi soudainement. En déglutissant, j'observai ses vêtements qui tombaient dans le sable, un à un, formant un petit tas de tissu sous mon nez. Elle a fait volte-face et s'est mise à courir nue vers la mer noire et calme, en riant et criant quelque chose en Espagnol. Sûrement que je la rejoigne. Je me levai péniblement, m'approchai du rivage et fit tremper mes pieds. Elle m'envoya de l'eau avec ses main, en me charriant dans sa langue, et moi je ne savais plus vraiment comment lui annoncer que je devais partir ce soir. J'avais essayé d'aborder le sujet, hier et avant-hier, mais elle ne pouvait pas comprendre...Tant pis. Avec un pincement au cœur, j'entendis le crissement des pneus sur le sable derrière moi, les phares qui balayaient la plage en passant, et les coups de klaxon d'Allure blanche qui m'étaient destinés. Lily ouvrit des yeux étonnés, tandis que j'haussais des épaules d'un air navré. J'aurais dû lui crier au revoir, lui dire que je tenais à elle et que j'aurais aimé la revoir un jour mais les mots n'ont de sens que si on les comprend, et elle, elle ne comprenait rien depuis le début. Je lui ai donc laissé ma vieille guitare, et en échange j'ai pris un lys dans le bouquet qu'elle transportait avec elle.
Dans la voiture, je n'ai pas beaucoup parlé. Je respirais mon lys en silence, la tête appuyée contre la vitre de la banquette arrière....





Quelques jours plus tard, fin août, nous reprenions le boulot. Mon lys s'est fané sur mon bureau, et je crois qu'à partir de ce moment là j'ai cessé de penser à Lily, à la méditerranée et à tout le reste : j'avais du travail par dessus la tête, pas le temps d'être fleur bleue, de toute façon j'avais déjà assez donné cette année. J'ignorais les yeux doux que me faisait Carnal Flower depuis la photocopieuse (oui, elle avait fini par cesser m'en vouloir et ne plus souhaiter dévorer tout cru Cassie...Mais il lui a bien fallu presque un an, tout de même ! ). Elle voulait que je l'accompagne à la traditionnelle soirée de rentrée de mon supérieur, ce soir (officiellement c'était une manière de fêter la nouvelle année bureautique à venir et d'"unifier les troupes", mais officieusement je savais qu'il s'agissait de son anniversaire...). Mon chef devait approcher les soixante-trois, j'ai lu sa fiche "sans faire exprès" en faisant jouer mes relations avec les secrétaires. Je n'avais pas vraiment envie de venir à sa soirée, celle de l'année dernière était ennuyeuse à mourir, mais il est devenu veuf il y a quelques mois donc bon...J'escomptais passer en coup de vent pour lui offrir une bouteille de vin, en m'autorisant peut-être une petite tape dans le dos.
Mais le soir même, je n'ai malheureusement pas pu trouver mon chef tout de suite. Malheureusement...
J'errais dans le hall avec ma bouteille de vin sous le bras, entre les petits cercles de conversations qui s'étaient formés ici et là. D'habitude, Azzaro accueille à bras ouverts les nouveaux arrivés...Seulement là, j'entendis des talons claquer derrière moi – donc aucune chance pour que ce soit Azzaro – je me retournai et m'aggripai un peu plus fort au goulot de ma bouteille de vin. Une superbe femme, un peu plus âgée que moi, me toisait de haut en bas derrière ses cils interminables. Son regard vert sombre acéré tomba sur l'étiquette de la bouteille que je portais et elle commenta : " Saint-Emilion 98...Vous avez du goût, vous", puis elle me gratifia d'un sourire en coin, du bout de ses lèvres rouge sang. Je ne savais pas très bien quoi lui répondre tellement elle m'impressionnait. Elle n'avait plus l'âge pour faire du mannequinat mais tout chez elle, de sa démarche à son port de tête, indiquait qu'elle était issue de ce milieu. Rien d'étonnant à ce que je n'ai jamais eu le souvenir de l'avoir croisé dans les couloirs de l'entreprise avant.
Elle avait quelque chose de magnétique, d'indéfinissable. Impossible de ne pas la remarquer. Impossible de ne pas chercher à la regarder. Sur ce point elle me rappelait un peu Carnal Flower, mais à la différence de cette dernière, la Femme en Rouge ne semblait pas désirer attirer l'attention...Au contraire elle avait l'air du genre à choisir ses cibles très précisément.
Elle commença à marcher, sans me demander s'il fallait que je la suive ou non (de toute façon je n'avais pas le choix, elle m'avait enchainé). Elle me posait des questions incessante au rythme du claquement de ses talons, et je m'efforçais de répondre tour à tour de façon drôle, intelligente, pertinente... Ma plus grande peur était de faire un bide ou de dire quelque chose de déplacé en sa présence. Je me sentais tellement inférieur à elle. Elle ne riait jamais à mes blagues les plus recherchées, elle n'affichait qu'un léger rictus avec un petit air satisfait. Elle acquiesçait à mes thèses sur la société actuelle, mon avis sur le cinéma contemporain, sans jamais rien livrer de ce qu'elle pensait...Mais toujours avec son petit air satisfait, comme si elle cochait point par point une liste dressée mentalement...Et j'ai su que j'avais réussis l'examen lorsque nous nous arrêtâmes devant une porte, au fond d'un long couloir. La chambre de la femme de ménage. Je n'eus même pas le temps de me demander comment ni pourquoi elle connaissait si bien l'immense demeure d'Azzaro, car elle ouvrit la porte sans me lâcher de son regard hypnotisant. Elle murmura son ordre, qui tenait en quatre syllabes, et c'est ainsi que j'ai fais une bêtise.
Je zappe les détails, ce serait trop long à écrire, mais c'était le meilleur coup de ma vie. Elle m'ordonna de partir dès que nos souffles eurent repris un rythme normal, et je m'exécutai aussitôt. Étrangement, cela ne me dérangeait pas d'être traité de la sorte, et tout en cherchant le chemin vers la sortie j'essayai de me remémorer comment je suis tombé dans ses filets, à peine une heure plus tôt...
Mon cœur s'emballa quand j'entendis à nouveau les claquements de talon délicieusement familier derrière moi, alors même que je m'apprêtais à franchir la porte. Tout sourire, je fis volte-face et mon visage se décomposa de façon comique devant le triste tableau qui m'était présenté.
"Oh non, vous partez déjà ? Quel dommage que nous n'ayons pas pu bavarder un petit peu avant...Laissez moi au moins vous présenter ma nouvelle femme, Une Rose ! ". La Femme en Rouge lâcha la main d'Azzaro, mon supérieur, pour serrer la mienne avec fermeté. Elle s'autorisa même un petit clin d'œil discret. Et moi, tout ce que je trouvais à me répéter mentalement, c'était que j'étais sacrément dans la merde. Et ce à cause d'une Rose, la Charmeuse, la tentatrice, la manipulatrice...

lundi 4 octobre 2010

Midnight In Paris - Salon de thé chez Madame Tonka et Monsieur Cuir

Coup de coeur de la rentrée masculine pour Dr Jicky (et y'a interêt pour Mister Phoebus aussi, sinon il va entendre parler de moi...), Midnight In Paris, le dernier parfum pour homme de chez Van Cleef & Arpels c'est un télescope non pas sur les secrets de l'univers, mais plutôt une porte ouverte sur le dernier salon de thé à la mode.

La preuve avec notre reporter, sur les lieux...

"Un peu de gateaux ?" c'est sans phrase de bienvenue que m'a accueillie Madame Tonka ! On ne crache pas sur des offres aussi généreuses. Puis j'adore ces petits gateaux qui selon certains sont à la cannelle. Dans un registre plus personnel, j'aime juste leur réaction avec l'eau, du moins quand je les trempe dans mon thé : ils se courbent et deviennent moelleux. Car c'est bien à prendre le thé que j'ai été invité, et chez Madame Tonka et Monsieur Cuir, s'il vous plait. Ah... l'ascension sociale !

J'ai posé mon manteau (et oui, le temps ces derniers jours est à la baisse), puis je me suis installé dans le délicat fauteuil en cuir, de Monsieur Cuir ! Et ce jusqu'à la fin de la soirée.

"On attend qui au juste ?". Ca, c'est ma petite voix de timide chez des invités.
"Ma foi, la famille Boisée, la famille Muguet (Madame Clochette m'a dit que la famille nous présenterait leur petit dernier : Noir), puis des cousins de mon mari". Ca c'est la voix un peu prétentieuse de Madame Tonka.
"La famille Muguet ? Chez vous ? On avait pas fait une sorte de conseil AIP - Anti Insipidité Parfumée ?" je réplique
"Ah mais pas du tout, ça c'est les Esters, mais eux sont plus branchés chimie, moins mondanité"
"D'accoooord"

J'ai d'ailleurs un peu trop insisté sur le dernier "o", j'ai donc caché ma gêne dans la profondeur de leur thé, délicieux somme toute ! Mais à peine avais-je finis ma gorgée qu'un bruit assourdissant retentit dans la pièce. Comprendre -> sonnerie ! Madame Tonka se lève, l'air excusé ("Encore une fantaisie de mon mari cette cloche lugubre !"). J'entend au loin la proposition de gateaux, les frottements des manteaux qui se retirent. 

Et c'est donc la famille Muguet.

Elle... elle.... elle a changée. C'est le moins qu'on puisse dire ! Ou du moins, c'est pas du tout celle que j'avais rencontrée avec Diorissimo ! Là, c'est juste Monsieur Muguet avec le fameux Noir.

Dans le genre Noir, tu peux pas mieux, le petit ado des Muguet qui se profile derrière la lourde silhouette de son père est bien palichon ! Lui qui était la vedette ! Il s''éclipse derrière... derrière... mais derrière quoi ? Horreur ! C'est un gothique !
Je me disais aussi que Madame Tonka s'était tue...

Ah mais non ! J'ai rien contre les gothiques, mais là, ça sonne faux ! T'as envie de lui dire "Mais voyons, destresses et ôte moi ces colliers canins !". A vrai dire, en toute honnêteté, il est pas méchant ce petit Noir des Muguet, mais juste vraiment trop discret, pas assez osé pour la famille !

"Bien, bien, fort bien... Où en étais-je" dit d'un petite voix Madame Tonka, se parlant plus à elle même qu'à nous. Je sirote un bon coup de thé, qui pour le coup était trop infusé, puis je lui répond "Oh, rien de spécial"

J'aurais du me taire, il y a "juste" eu un gros blanc derrière...
Mais en fait non, c'est Monsieur Cuir qui a lancé une discussion animée sur l'élégance raffinnée de sa famille, mais aussi sur les quelques trublions qu'il connait.

Madame Tonka rebondissait sur tous les noms de jeune : "ah oui, lui il faut le soutenir, il est faible" "Oh ! Et puis celui là, qu'est-ce qu'il est influençable" "tu trouves, moi je l'ai trouvé charmant". Puis elle dodelinait de la tête, à chaque regard que je lui lançait. Mon thé s'est refroidi, mais l'ambiance s'est réchauffée ! Madame Tonka, un peu coincée a commencé à rigoler à coeur ouvert ! Ca faisait du bien de voir ça ! Surtout que les temps pour elle ont été difficiles, occupée qu'elle est à soutenir de nouveaux arrivants avec un creux dans le bidou (d'ailleurs elle le dit elle même "ras-le-bol des nouvelles qui sentent bon la fleur ! Marre de les faire durer dans le temps, alors qu'elle ne compte juste que sur leur physique").

Puis la famille Boisée est arrivée ! Finis les gateaux, là c'était direct embrassades chaleureuses ! Ah j'adore ! Surtout qu'après, Tonton Bouleau a ramené la dernière copine de Styrax (un très beau jeune homme d'ailleurs...) : Miss Benjoin ! Spécialisée dans la danse orientale, elle a dansé au centre de la pièce jusqu'à la fin de la soirée, la lumière se reflétant sur les petits grelots autout de sa taille en myriade de lucioles et d'étoiles.

C'est ainsi que j'ai quitté mon fauteuil en cuir...

vendredi 1 octobre 2010

Jeu concours !

Et oui, même en temps que bloggeurs débutants, on commence ce petit truc bien sympa, les jeux concours :p !

Cette fois, la règle est simple, décrivez nous l'ambiance olfactive d'une maison qui vous a marqué durant votre enfance, ou même actuellement, et mardi, le gagnant remportera un échantillon de "Like This" de Etat Libre D'Orange, un parfum à l'odeur d'une chaumine écossaise, vue par l'actrice Tilda Swinton.
Bon, fantasmez pas non plus, les marques ne nous envoient pas - encore - des miniatures et des trucs binouches... Mais ça ne saura tarder :p !

A vos plumes, 3 - 2 - 1 go !

mercredi 29 septembre 2010

Ambre Narguilé - Poursuite dans la Nuit

Je n'avais plus le moindre doute.
J'étais suivi.

Cette silhouette élancée, menaçante se dessinant dans l'obscurité palpable de la Nuit ne pouvait être qu'à ma poursuite. Je sentais le sang monter à ma tête, mes sens se décuplant et l'air froid de l'obscurité rentrer dans mes poumons de manière saisissante. Des sueurs froides commençaient à couler sur mes flancs. Je ne savais pas quoi faire.
Courir. Meilleure solution pour montrer que l'on est reperé.
Continuer l'allure. Se faire rattraper.

Une seule solution, se cacher.

Bizarrement, je n'entendais plus que ma respiration et le frottement de mes bras sur ma veste. Je sentais la présence de l'Autre, qui continuait à gagner un terrain précieux. Le trottoir était humide. A côté de moi, une ligne de chemin de fer abandonnée dans une sorte de campagne urbaine, me bloquait la seule issue de fuite possible.

Pourquoi donc cette ville n'avait aucun éclairage ?

Je commençais à paniquer dangereusement.

Mais, en bon film américain que je pensais subir, je savais qu'il y avait un truc. Je pouvais pas me faire avoir. Bon, je ne suis ni McGyver, ni Hercule Poirot. Mes pas avançaient de manière machinale, et les rouages de mon cerveau cherchaient en vain la solution.
Mais elle vint d'elle même.

Au bout de la ruelle, une lumière orangée éclairait la chaussée de sa douce teinte. La lumière au bout du tunnel, littéralement. L'Autre, derrière moi ne faisait toujours aucun bruit. A vrai dire, je pense même qu'il avait disparu. Sans me retourner, je fonçai vers la lumière, et rentrait dans le bâtiment.

La première chose qui m'assaillit me stoppa net.
Tel une énorme gifle, je reçus en pleine face l'odeur qui fait chavirer le moindre homme. Celle qui vous détend immédiatement.

La compote de pommes chaude à la cannelle.

Une créperie, j'étais arrivé dans une créperie bretonne, à la déco bien chargée, boisée, dentellée, lumieuse, petite. Aucun pan de mur n'était libre : des tableaux, des dentelles, des meubles, des tissus, des appliques murales... Puis cette odeur enivrante, caractéristique de cette compote chaude que je mettais dans les crèpes, avec une touche de cannelle, épice que je ne supportais d'ailleurs que dans ce plat.

L'ambiance était assez animée, les serveurs zigzaguaient entre les tables proches, les gens parlaient, riaient. Certains même se donnaient des accolades peut être un peut trop chaleureuse.

Mais personne ne me voyait. J'étais comme confondu dans la boiserie du mur. Les serveurs passaient près de moi sans même m'adresser un regard. Puis je remarquai que tous les clients s'échangeaient de drôles de regards. Parfois complices, parfois noirs.
Le sensation de froid propre à la peur ressurgis en moi. Mes sens se remettaient en action, les mouvements des clients ralentissaient comme par magie, pour que mon esprit analyse toute la situation. Le tic tac redondant d'un horloge en chêne placée dans le coin de la salle semblait rythmer les mouvements de mes yeux. Yeux qui s'arrêtèrent sur une porte entrouverte.

Ma curiosité me poussa jusqu'à cette ouverture, presque fondue dans le mur. Aucune lumière derrière cette échappatoire. J'étais comme attiré par des effluves d'alcools. Je pensais aux arrières des bars illégaux dans les années années pendant la Prohibition aux Etats-Unis. Une fumée enivrante se dégageait de l'entrebaîllement.

Je décidai de rentrer.

Il n'y avait aucune lumière. Tout étair enfumé.

Et l'Autre était là.

vendredi 24 septembre 2010

Groupie !

Vous connaissez tous cette afffreuse masse pullulante, aux effluves de Miss Dior Chérie & One Million, se précipitant au concert de Lady Gaga !

Elle crie, elle hurle, elle s'égosille, elle bute à coup de bazooka le silence intérieur de la dignité humaine ! Cette jeunesse fan, cette jeunesse groupie.

Dr Jicky fait désormais parti de cette secte.

Car Jicky va pouvoir voir son idole, son père spirituel, son fantasme vivant !!!!!!!

Monsieur Jean-Paul Guerlain !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Ahhhhhhhhhhhhhhhhh [...] hhhhhhh !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! [...] !!!!!!!!!

(Message de l'administrateur : l'un des rédacteurs du blog vient malheureusement de décéder brusquement d'une crise cardiaque, les conséquences restent un mystère. Malgré son jeune âge, nous soupçonnons entre autre l'intervention de la drogue. Nous avons repéré un taux de Samsara anormal dans son sang. Affaire à suivre !)

Pour les groupies comme moi, rendez-vous à 19 heures le Jeudi 30 septembre 2010 à la Maison Guerlain des Champs-Elysées, où Monsieur Jean-Paul Guerlain dédicacera son prochain livre !

AHhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!!!!!!


dimanche 19 septembre 2010

Chanel n°22 : Entretien

Pour la première de sa carrière, Dr Jicky s'est déplacé pour aller consulter un patient. Bon, Mister Phoebus m'a laissé de bon coeur y aller, mais j'espère qu'un jour il ira voir notre personne du jour, car deux avis valent bien mieux qu'un seul !

Lieu de rendez-vous : Rue Cambon !
Mon Dieu ! Il se gène pas le petit gars, ou la petite mamoiselle, oui, je ne connais même pas son identité. J'ai été "convié" à une consultation sous la seule impulsion d'une lettre. Mais quelle impulsion ! J'ai jamais reçu de lettres comme ça de ma vie ! Un beau papier un peu jauni, épais et avec de petites aspérités. Puis... l'odeur... Maudit ! Quelles effluves émanaient de ce papier à lettre, preuves d'un sillage sans nom et langoureux !

De toute façon, je risque quoi ?

C'est donc en m'engageant de la rue que je me rend au n°22. Puis, malgré la classe blanche, sobre et rectangulaire de la rue parisienne, je vois une petite batisse en bois. C'est drôle, elle semble avoir été construite ici par hasard. Comme si on venait juste de la "planter" ici !

Je rentre. Oui, sans un un grain de folie, il n'est point d'homme raisonnable !

Puis là, mais alors là, mais alors de alors de alors là ! My God ! Dr Jicky se retrouve sur son rectum ! Une bouffée fusante, puissante et Ô combien racée m'assaille. L'émotion m'étreint. L'odeur de la lettre. Puis je m'aperçois que je n'aperçois rien en fait ^^. Attend, quoi que... Oui, des contours se dessinent. La brume épaisse s'amoindrit. Une table en bois, une grosse table en bois. Puis une nappe blanche très fine avec de la dentelle sur le côté et un fil rouge cousu désignant le contour. Puis là je vois un peu mieux. Une sorte de buffet avec une vitre en verre, très traditionnelle. Puis avec dedans, plein de boites. Des petites boites rondes, pas hautes et en porcelaine on dirait !

"Dr Jicky ? Mister Phoebus ?" demande une belle voix un peu ombragée dans l'obscurité de la pièce
"Euh... en fait c'est que Dr Jicky car Mister Phoebus il a pas pu ven..."
"Ah ! Bien bien ! Très bien. Bon c'est pas grave"

Elle dit cette dernière phrase d'une manière très amicale ! Mais en même temps toujours couverte. Avec ce grain typique des personnes qui restent sans parler.

Je ne vois pas son visage, ni ne le verrai au cours de la séance. Mais toujours ce reflet dans la vitre du buffet, avec ces petits pots. Bizarrement, à chaque fois que je penserai à l'hôtesse du n°22 de la rue Cambon, je penserai à mes petits pots.

"Bon, voyez-vous, c'est rare quand je me déplace pour une personne. Mais quelque chose m'intrigait... Vous voulez parler de quelque chose ?". Je prononce ces mots doucement, en pesant bien telle ou telle intonation.

"Oh oui, mais comment commencer ?"
Et moi de retorquer avec politesse "Par le commencement !"

Et mon hôtesse de se présenter :

 " Papa et Maman ont d'abord eu 10 enfants. Oui, dix d'un coup ! Non, Papa n'était pas un coureur de jupons, mais un grand inspiré. Malheureusement, une seule couvée de triplées ont été gardées. Moi et deux autres de mes soeurs. La première, n°18 a toujours a moitié vécue dans l'ombre, un peu comme moi à vrai dire, mais elle s'en est sortie avec l'alcool bizarrement. Le commerce d'alcool de riz lui a donné  une réputation mondiale encore réputée aujourd'hui. Mais elle semble avoir disparue ces derniers temps. Peut être pour mieux réapparaitre ? Mon autre, vous la connaissez certainement. N°5. Ma soeur à la chevelure d'or a tout séduit avec ses notes charnelles, sensuelles, presques sexuelles. Son caractère et son puissant charisme lui ont permis une ascension rapide et encore d'actualité. Elle écrase tout sur son passage, tout de même avec grâce ! Voyez son batiment, au n°5 de la rue ! A elle seule, elle rapporte à notre famille la plus belle des réputation. Mais moi dans l'histoire je suis..."

" N°22 !" Je m'exclame ! Oui, tout se recolle dans ma tête...

"Oui, je suis N°22 ! Et grand bien m'en fasse, j'ai hérité de la beauté de N°5, mais je n'ai jamais eu son charisme très animal. J'ai plutôt pris le côté mystérieux et inoubliable de ma soeur N°18. Certes, j'ai vécu dans l'ombre, mais Maman ne m'a jamais délassée. A vrai dire, je crois même que j'étais sa préférée. Elle présentait aux autres N°5, mais elle me gardait moi exclusivement pour elle. Papa, lui, admirait ma force fusante de caractère. Celle là même dont N°5 est pourvue. Mais là où ma soeur est plutôt abstraite dans son choix de carrière (un peu touche à tout), je me suis personnellement investi dans un domaine qui me plait énormément : les cosmétiques. Vous devez avoir remarqué tous ces petits pots dans le buffet. Ce sont des petites crème toutes douces que j'ai créé personnellement. Il y en a beaucoup de parfumées à la rose, mais certaines sont plus poudrées, d'autres plus sèches et boisées. Toutes ces facettes, je les ai prises de Papa et Maman"

Ces dernières paroles se sont assombries, puis petit à petit, je n'ai plus rien entendu. N°22 est partie de ma vie comme elle est en rentrée : avec stupeur mais subtilité. Je n'aurai jamais aperçu le moindre trait de son visage, la boutique de cosmétiques étant toujours plongée dans une sorte de brouillard.

Je suis resté seul dans la pièce une bonne quinzaine de minutes, la réalité des choses ayant repris le dessus : cette douce odeur féminine émanant d'encens brûlant sur un meuble en bois, puis la porcelaine des petits pots de crème scintillant par la lumière d'une bougie, dont la flamme vacillante menaçait de s'éteindre à tout moment. Puis le parquet grinçant sous le poid de mes pieds se déplaçant vers la sortie, mon sillage éteignant la dernière source de lumière.

vendredi 10 septembre 2010

Bleu de Chanel - Macho, macho man.

 Par Phoebus.




-Bleu de Chanel, tu peux avancer dans la lumière.

La voix  provenait d'un homme encapuchonné, le visage entièrement dissimulé. Il semblait présider un cercle de fidèles, qui portaient le même uniforme que lui - longue toge blanche et capuche ample. Le nouveau venu, Bleu, attendit que l'écho de sa voix ait fini  de se perdre entre les murs de marbre pour enfin avancer d'un pas dans le halo.

-Comme chaque année, nous avons trié sur le volet les nouveaux venus en Etudes Supérieures de Grands Lancements Masculins. Et j'ai l'honneur de t'annoncer que tu as été accepté par la confrérie des Bêta Bêta Bêta !

Murmures d'approbation dans l'assistance. Puis dans un bruit feutré d'étoffe, les capuches se levèrent. Bleu tourna la tête à gauche, à droite, et reconnu plusieurs visages familliés, déjà croisés dans les couloirs de la fac. Body Kouros. Allure Homme Sport. Hugo Boss. Il plissa les yeux, le coeur battant un peu plus fort au moment où le maitre de cérémonie révéla lui même son vrai visage...
Cool Water, en dernière année. Il passait sa thèse.
Quelqu'un alluma alors plusieurs torches, le long des murs, et la pièce fut illuminée par des flammes bleutées. D'un côté de la pièce, des haltères étaient entassées, de l'autre on pouvait voir tantôt des posters de playboy, tantôt des affiches de l'équipe de France. Les Bleus.
D'un geste solennel, Body Kouros fit brûler lentement une grande photo d'Arnold Schwartzeneger. Et tandis qu'elle se consummait, Cool Water continua son serment.

-Tu correspond tout à fait aux critères de la confrérie, et considère nous désormais comme ta seconde famille. Mais avant tu dois prêter serment sur la Bible.

Cool Water claqua des doigts et Dior Homme sport apporta  un exemplaire de L'Equipe posé sur un coussin de soie bleue marine.

-Pose ta main gauche sur le Nouveau Testament, lève la main droite et énonce les dix commandements.
-Très bien.

Bleu s'éclaircit la gorge, puis récita :

-L'archétype de la virilité tu représenteras,Toujours évoquer le frais tu devras,
Te décliner en une version sport éventuellement tu pourras,
Un homme torse-nu body buildé pour égérie tu choisiras,
Les hommes de 35 à 55 ans pas du tout body-buildés ton public-cible sera,
De l'hédione en surdose tu arboreras,
Et un fond passe partout tu révèleras,
Par un machisme cliché tu nous ennuiras,
Qu'un boisé-hespéridé au fond tu ne seras,
Car au bout d'un quart d'heure, tu disparaitras !

Applaudissement des frères Bêta Bêta Bêta, Bleu adressa quelques sourires gênés et attendit la suite avec un intérêt non dissimulé.

D'un regard, entendu, Cool Water, Body Kouros, Aqua Di Gio, Dior Homme Sport, Allure Homme Sport et Azzaro Pour Homme montèrent sur la dalle de pierre au fond de la crypte, de façon à être surélevés par rapport aux autres. Ils avaient préparé leur spectacle rituel pour clôturer la cérémonie d'intégration. Le projecteur fut braqué sur eux, quelqu'un lança à fond la musique "macho man" des Village People, et ils retirèrent leurs toges en rythme : dans l'ordre, le policier, l'indien, le soldat, le cow boy, l'ouvrier de bâtiment et le motard-tout-de-cuir-vêtu. S'en suivit une chorégraphie vraisemblablement  impossible à raconter dans un récit, mais croyez-moi, tous ces lancements masculins formatés finissent toujours par être drôles malgré eux...



Et à votre avis cher lecteur, Bleu de Chanel va être la doublure du cow boy, du policier, de l'indien, de l'ouvrier, du soldat ou du motard ?