jeudi 30 décembre 2010

Ce n'est qu'un au revoir !

C'est un peu une habitude pour les blogs parfums de faire le bilan, à la fin de l'année...
Bon, pour Jicky et moi, le bilan sera simple, vu que nous sommes entrés dans le vaste univers de la parfumerie il y a quelques mois à peines.
Tout à commencé sur Auparfum, (ca y est je radote, mon dieu !) où Jeanne et les "habitués" (qui se reconnaitront) nous ont un peu tout appris quoi ("ils nous ont créés, ils peuvent donc nous détruire :O ?"). La collaboration avec Jicky a commencé à se concrétiser pendant l'été et c'est comme ça que le blog est né ! On voulait réunir nos points de vue "tous frais" sur la parfumerie actuelle et en parler avec un ton un peu moins sérieux que sur la plupart des blogs.... C'est pas très utile, mais ça fait du bien ! Donc ce Blog est en quelque sorte parasite de ses "parents" que sont Auparfum, Olfactorum, Grain de Musc etc... On les remercie et on remercie aussi tous les lecteurs, qui contribuent à faire de la blogosphère parfumée un endroit convivial et enrichissant !


Mais trève de sentimentalisme ! Parlons classement, maintenant.
And the winner is....


Pour Phoebus :  Alors Alors Alors... L'un des gros coups de coeur de l'année, c'est clairement Ninfeo Mio ! Parce qu'il est spontanément, joyeux, collant, sucré, souriant, et qu'il nous a réchauffé en ce début de printemps 2010... Ensuite, chez Guerlain, Tonka Impériale (ouioui, ce parfum qui nous donnerait envie de faire des claquettes dans la rue pour gagner de quoi se le payer !) il n'est plus à présenter ! Sinon, chez Serge Lutens, Bas de Soie, cet "iris silver mist" portable, mi-jacinthe mi-iris, froid, intransigeant, couture, et délicieusement rétro... Il m'accompagne depuis l'automne ! Et enfin... Pourquoi pas un mainstream ? A Scent by Issey Miyaké, la bouteille Rose, tout simplement parce que c'est la petite soeur de la bouteille verte, version flower power =) !  Voila, en espèrant d'autres belles surprises en 2011... Jicky à vous les studios !

Et bien moi aussi je vous souhaite une super belle année en vous remerciant tous, vous les blogueurs (Poivre Bleu, Sophie, Anne, Sixtine etc pour ne pas citer les mêmes), vous les lecteurs (je ne veux pas citer car il y en a beaucoup !!!) pour nous avoir tout appris ! Et sachez que si plus tard, je réussis à arriver dans le milieu professionnel des parfums, ce sera en grande (non, en énorme !) partie grâce à vous !

Moi mon petit top 10...

Selon moi, la meilleure sortie, c'est Midnight In Paris de Van Cleef & Arpels (je me suis pas mal étendu sur Auparfum). Em mainstream, je vais pas faire dans la surprise du siècle sinon, je tiens à applaudir A Scent Bouteille Verte moi aussi. Je vais m'arrêtez ici au mainstream, oui je sais je vais pas mettre de Guerlain (Oh !!!), car ce ne sont pas des découvertes. Enfin, je citerais bien la Cologne de Mugler, auquel j'ai tendance à revenir (quoi que dans le genre, j'aime aussi La Cologne du Parfumeur chez Guerlain).

Sinon chez les niches, je suis tombé raide dingue de Like This, de État Libre D'Orange ; moi aussi de Ninfeo Mio (qui sera mon futur parfum d'été !).
Sinon, je suis en amour devant L'Heure Promise et L'Heure Fougueuse de Cartier !!!
Chez Lutens, je suis un addict à l'Iris Silver Mist, à défaut d'apprécier pleinement Bas de Soie (foutue jacinthe).
Enfin, je voudrais finir avec ma marque coup de coeur du siècle, les Éditions de Parfums Frederic Malle ! En citant tout d'abord Une Rose, qui m'a profondément émue et à laquelle je refuse de céder (et je ne céderais pas).
Et enfin, la pièce maitresse de mon parfumeur préféré. Ce joyau étincelant qu'est Dans Tes Bras, de Maurice Roucel, mon parfum absolu, que je ne peux pas décrire, au même titre que Jicky...

Bonne année à vous ! Et

Vive l'odorat !

lundi 27 décembre 2010

Ce que sentent les gentilles dans les contes de fée

 Par Phoebus

Nous avons vu plus tôt que les méchants de Walt Disney étaient des perfumistas non-déclarés (non content d'avoir un rire démoniaque et un esprit diabolique, ils ont aussi un parfum qui tue mouahaha !).
Aujourd'hui, Mister Phoebus vous emmène du côté gentil de la force pour aller faire la bise aux héroïnes des contes de fée et découvrir par la même occasion le parfum qu'elles portent, et gardent secret depuis très longtemps... (Bon je précise que je ne m'intéresserai pas aux versions de Walt Disney, qui ont tendance à faire reculer la position de la femme d'un demi siècle en mettant en scène d'adorables cruches qui adooorent siffler en passant un coup de balais. Je parlerai donc des contes originaux, même si les illustrations qui vont suivre seront de Disney...Parce qu'il faut bien reconnaitre leur superbe coup de crayon !).


Quand je sens Elizabethan Rose de Penhaligon's, je ne peux pas m'empêcher de penser à la Belle et la Bête, la version de Mme Leprince de Baumont. C'est en sentant une rose du jardin de la bête que le père de Belle s'est condamné à mort...Et c'est par amour pour son père que Belle a choisis de mourir à sa place. C'est grâce à l'amour, enfin, que Belle a pu délivrer la Bête de sa malédiction. Et quand on pense que toutes ces péripéties sont les conséquences...d'une simple rose ! C'est sûrement pour cette raison que j'imagine très bien Belle porter un parfum à la rose. Il y a de nombreux candidats au poste, mais c'est vraiment la rose de penhaligon's qui m'interpelle ici. Comme l'héroïne, le parfum est vibrant de naturel et si simple en même temps ! Tellement plus modeste qu'Une Rose d'Edouard Fléchier, et beaucoup plus réaliste que la plupart des soliflores que les maisons proposent. La Belle et la bête est connu pour être le conte qui nous apprend le véritable amour, d'après Bruno Bettelheim...Elizabethan Rose nous apprend comment sent une véritable rose, c'est moins ambitieux mais avouons que c'est déjà ça ! 



Pour la Cendrillon de Charles Perrault, je n'avais pas d'idée précise avant de devoir réfléchir pour l'article. Mais le lien était presque trop évident pour y songer tout de suite : on la surnomait "Cendrillon" parce qu'elle couchait dans les cendres ; elle ne pouvait pas sentir autre chose que le brûlé ! Et c'est justement l'odeur de la fumée qu'a tenté de recréer Mathilde Laurent dans sa XIII ème heure pour Cartier. Cendrillon était belle même en étant sale et vêtue pauvrement, sa valeur n'était dûe à aucun artifice. Quel autre parfum lui irait mieux que celui qui nous apprend la valeur des cendres ? (Oh et puis la référence à l'heure fatidique imposée par la bonne fée tombe à point, il faut le dire !).



J'avais des réticences à coller un parfum au conte de Blanche-Neige des frères Grimm, parce que le thème de la pomme tentatrice a été exploité en long en large et en travers par un bon nombre de marques. J'aime énormément Lolita Lempicka, mais son premier parfum a beaucoup trop de caractère et de fantaisie pour appartenir à Blanche Neige. L'autre parfum-pomme, Nina de Nina Ricci, même s'il sent bon, n'a en revanche ni caractère ni fantaisie... Blanche-Neige est certes une oie blanche comme ses collègues mais elle n'est pas insubstentielle au point de porter Scarlett ! (Cela dit, la blanche neige de disney pourrait...). C'est là le danger des associations. Une fraction de seconde j'ai même pensé à Light Blue de D&G parce que c'est le seul parfum que je connaisse qui sente la pomme...Mais non, non, non trop facile, pas assez fin ! J'ai alors sérieusement songé à Essence de Narcisso Rodriguez parce qu'il m'évoque clairement la blancheur, mais là encore c'était trop facile. Et puis Olfactorum a publié un article sur Cruel Gardénia de Guerlain, que je n'ai jamais sentit mais dont la description m'a interpelé de suite : des diamants, une blancheur aveuglante, un aspect minéral, et une fleur qui scintille au milieu de tout ça. Evidemment ! Quand Blanche-Neige "meurt" à cause de la pomme empoisonnée, ses fidèles sept nains l'installent dans un immense cercueil de cristal, pour continuer à admirer sa beauté (et la suite vous la connaissez : c'est grâce à ce système de vitrine que le prince charmant, qui passait par là, a assumé sans complexes ses tendances nécrophiles en demandant à embrasser le cadavre d'un baiser d'amour qui, oh chance, a rompu le charme !). Si on oublie le "cruel" et qu'on se focalise sur "gardénia", ce Guerlain pourrait convenir à merveille à Blanche-neige, non ?



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Et puis, un petit bonus de la part de Jicky ! (05/01/2011

Le parfum de la bonne fée ! Celle de Cendrillon, celle des Fées (de Charles Perrault), bref, notre archétype de THE sauveuse. Et bien vous savez quoi, je la vois bien avec Encre Noire de Lalique. Parce que c'est bien connu, la bonne fée ne se dévoile pas immédiatemment ! Non ! Elle se transforme en vieille dame laide, en détresse et faisant l'aumône afin de tester "l'honnêteté" de "la gentille".
Encre Noire, d'abord parce que, comme le dit Jeanne ici, il est presque désigné comme meilleur vétiver sur terre, puis aussi parce qu'il a en effet un côté assez sombre, qui s'oppose à la clarté évidente d'une fée (rappelez vous le test ;). Le côté terreux peut lui aussi s'opposer à l'aspect aérien d'une fée. Et puis, vous savez, je parle de facette terreuse, mais Encre Noire est tellement limpide dans sa construction, dans son évolution, si évident que, tout comme les pouvoirs magiques de la bonne fée, il semble tout résoudre. Il peut sentir le minéral du diamant, mais aussi peut rappeler les serpents, pour un certain côté sombre et glissant. Le bois de la baguette magique. Le pétillement dans les yeux. La métamorphose.
Oui, un réel parfum d'illusionniste !

Illustration : Gustave Doré, Les Fées

jeudi 23 décembre 2010

Les Méchants en parfum - Deuxième Partie : Les Méchants

Après les Méchantes en parfum, voici aux tours de leurs "adorables" compagnons de crime de se laisser parfumer. Ils aiment terrifier, crier, rire en plein orage, brûler tout sur leur passage, jouer avec le temps et le feu, préparer des plans machiavéliques pour se venger ou tout simplement semer le chaos. Mais c'est que ces petits bonhommes ont aussi leurs moments de plaisir à eux.
Horizons olfactifs des plus vilains des Méchants animés !

Jafar

Jafar, c'est le vizir cupide, qui en plus  d'être un des méchant les mieux vêtu et d'avoir un sceptre m'ayant impressionné alors que j'atteignais à peine mes 4 bougies, veut gouverner le monde de l'orient (rien que ça). Avec lui, coups bas à volonté, entre hypnotisation, manipulation et hypocrisie, il ensorcèle les plus faibles avec son sillage amadoueur.
Ambre Narguilé, il l'a choisi pour ses douces effluves de compote au chaudron, réchauffée par de la cannelle et des épices baignées de rhum. Un cocktail séduisant, pour un homme fourbe et qui attend, la main cachée dans le dos, ses doigts crispés sur un poignard effilé.

Shere Khan

Le tigre sauvage, mangeur d'homme, méchamment attirant. Oh oui ! On aimerait tellement se lover sous son pelage fauve. Aimerait. Car sous ses airs de peluche géante, Shere Khan est un être electrique : il fuse, il choque, il marque à jamais dans les esprits. Il déclare le feu aussi (mais je ne veux pas gacher le film à ceux qui ne l'ont pas vu, bien évidemment...). Allez savoir pourquoi, je le vois bien avec Odeur 71, de chez Comme des Garçons. Ce n'est pas un parfum, un vrai, mais ce n'est ni rien non plus. Le côté faussement gentil du tigre semble ressortir avec cette... odeur. "C'est pour mieux te manger, mon enfant".

Edgar

Les Aristochats ! Mon dessin animé préféré, et par conséquent, comment ne pas parler d'Edgar ? Edgar le Fourbe, l'hypocrite, mais Edgar le drôle aussi. Il s'évertue à posséder un héritage destiné à... des chats. Dans le Paris du début du XXème siècle, il pourchassera Duchesse et les Châtons, pour notre plus grand plaisir !
Le côté aristocratie française à l'époque de la Tour Eiffel me fait penser à Pour Monsieur de Chanel : une interprétation de la cologne, mais en plus chyprée, plus épicée, puis plus savoureuse aussi. Un méchant domestique classique en apparence, mais tellement croquant au final !

Lord Farquaad

Le petit nain tout vilain qui fait des pieds et des mains pour épouser Fiona dans Shrek 1. Il est moche, bling-bling, insupportable, il est en fait des tonnes, est hyper égocentrique, arrogant... Je crois qu'il n'y a qu'une seule fragrance qu'on pourrait lui associer. Un lingot, un petit jeune claqueur de doigts... oui, on se comprend ! One Million pour vous servir.
Boutons dragons, ogres et petits bonhommes de pain d'épices pour mieux régner dans un monde olfactif uniforme et tape-à-l'oeil... Ça y est, c'est dit.

Barkis Bittern

Peut être moins connu, car appartenant au folklore de Tim Burton, Lord Barkis est un noble déchu de l'aristocratie anglaise du XIXème siècle. Dans Les Noces Funèbres, il cherche à se marier à la belle Victoria afin de regagner une fortune perdue au fil du temps. Eh eh, sauf que mister Barkis n'est pas blanc comme neige. Usurpation, vols, meurtres, coups bas, le tout en petite chemise blanche à dentelle : tout est permis pour arriver à ses fins.
Je le vois bien avec Grey Flannel, de Geoffrey Beene. Il y a bien sûr le côté lessive propre, mais aussi le sourire émail diamant aseptisé, celui du flatteur véreux. Un chic un peu passé pourrait-on dire.

Oogie Boogie

Toujours chez Tim Burton, Oogie Boogie, notre Croque-Mitaine qui "se glisse comme une ombre noire et qui transforme vos rêves en cauchemards". Particulièrement joueur, il aime bien titiller la nourriture avant de la manger. Tout chez lui est noir complet. Il est fait d'obscurité et d'ombres pas si surnoises que cela.
Un parfum qui ne manque pas d'évoquer le noir ? Hum... la splendide Heure Mystérieuse de Cartier ! L'Heure où la nuit se pare de son manteaux aux mailles tressées d'inconnu, de peurs et de mystères. Une ode aux matières sombres et rapeuses comme le corps de notre doux petit monstre des caves !

dimanche 19 décembre 2010

Les Méchants en parfum - Première Partie : Les Méchantes

Diriger le monde, soumettre tous les peuples, tuer les héros, réduire à néant une quête perdue d'avance, lancer des sorts surpuissants sur les Gentils, annihiler l'espoir. Ce sont toutes des routines de Méchants. On les connait pour les cauchemards qu'ils nous ont fait faire, pour ces séances de spiritisme vaudou où on leur plantait des aiguilles sur des poupées à leur effigie.
Ils ont marqué notre enfance, les Méchants des dessins animés. Mais quels seraient leurs parfums ?

Aujourd'hui, première approche avec les fameuses Méchantes !

La belle mère de Cendrillon

En plein délire victorien, elle aime faire perdre tout espoir. Dans l'ombre, elle laisse s'épanouir un minimum la Gentille, pour que sa chute soit plus douloureuse. Habillée de pourpre, parée de bijoux cuivrés et aux yeux d'un vert d'eau transperçant, elle est brillante à l'écran par sa prestance de beauté froide. Portrait Of A Lady, c'est son parfum. Une robe aux même teintes vineuses, d'une qualité exceptionnelle et aux accents passés. Intimidant, sombre aussi : quelle prestance pour une telle fragrance !


Cruella D'Enfer


Ah la la... Elle elle m'a fait vraiment peur quand j'étais petit ! Cette overdose de fourrure, de châles, cette double personnalité, personnifiée par ses cheveux. Et ces longs allume-cigares. Tout est dans la gestuelle, dans le débit de paroles. 

Un parfum fourrure, pour une dame aux gants montants ? Vol de Nuit pardi ! Aussi facetté qu'elle, et exactement dans la même élégance, ce parfum est la fourrure que Cruella ne pourra jamais s'offrir !

Ursula


Une pieuvre imposante, à la voix grave et aux formes généreuses, vivant sous l'eau. Elle prend un malin plaisir à tromper les personnes qu'elle piège dans ses innombrables tentacules.

Je ne sais pas pourquoi, je la vois bien avec Boucheron. Oui, quelque chose de brûlant, de collant. Un peu comme ses tentacules. Puis son maquillage aux teintes bleutées n'est pas sans rappeler le flacon. Ursula est imposante et elle le montre. Il lui faut un parfum à sa hauteur !

Maléfique

Ma Méchante préférée. La plus belle, la plus mystérieuse. En même temps la plus froide et peut être une des plus... maléfique ? Elle est d'un autre monde : elle n'a pas besoin de mots, de gestes grandiloquents. Tout est dis dans ses regards et ses sourires hautains !
Autant de froideur, de majesté, de beauté ! Iris Silver Mist, ça ne peut être que lui. Il est intimidant, mais tellement beau ! Son sillage peut être glacé, terreux, poudré, mais aussi boisé, et fait tourner le regard des autres gens, gênés devant tant de maudite perfection !

Karaba La Sorcière

La Sorcière dans Kirikou ! Une beauté à la peau noire et aux effluves poudrées et charnelles. Elle martyrise les habitants du village du héros, maudite par un sort depuis bien trop longtemps ! Elle occupe une sorte de forteresse régie par des automates cruels. On ne la voit que plongée dans le rouge chatoiement de son logis.
Je le vois porter La Traversée du Bosphore, de l'Artisan Parfumeur, dont les odeurs poudrées et proches de celles de la peau, offrent parfois des effets de fumée et de fruits... Envoutant !

Yzma

Moins connue, mais peut être la Méchante la plus fun, venant tout droit du plus drôle dessin animé que je connaisse : Kuzco. "Elle est la preuve vivante que les dinosaures ont existé" et "sa crème de jour est périmée". Elle dort avec des concombres sous les yeux et n'aime pas les gougères aux épinards. Un peu (beaucoup) folle, méchamment drôle et légérement narcissique, pourquoi ne mettrait-elle pas L'Heure Bleue (en eau de toilette, je précise) ? Bien évidemment, elle le porte en mode mamie-fourrure ;)



La Seconde Partie arrive bientôt (dans le courant de la semaine prochaine), avec pour thème, les parfums des Méchants !

Bonnes fêtes en attendant !

jeudi 16 décembre 2010

L'Heure Bleue : Mamie-fourrure /VS/ le sillage d'une bougie.

Par Phoebus.

Attention danger, monument de la parfumerie Française. Il faut bien choisir ses mots, là. The Parfum, avec un P majuscule pour la quasi totalité des perfumistas, ça peut faire un énorme retour de flamme si je me plante. Donc on va dire...Mmh...Tiens, pourquoi pas la même chose que 99% de la blogosphère à son sujet ? [Dans le genre je prends pas de risques]. Laissez moi une minute pour préparer mon air ému. Voilà. Ah, l'Heure Bleue ! C'est un mythe, c'est à vous couper le souffle, c'est un chef d'œuvre, c'est-la-vraie-parfumerie-Guerlain-d'autrefois-parce-que-maintenant-Guerlain-c'est-n'importe-quoi-ça-part-dans-tous-les-sens-et-puis-de-toute-façon-ils-ont-reformulé-l'Heure-Bleue-mais-c'est-pas-grave-je-l'adore-quand-même !




Je vais commencer par préciser que je n'ai absolument AUCUN lien affectif avec ce parfum, ce qui est plutôt rare et me donne un point de vue assez différent de celui des autres blogs (en bref si vous adorez ce parfum et que vous n'êtes pas capable d'en lire une critique un tant soit peu négative sans vous énerver dans un commentaire élaboré me disant en quoi et pourquoi je me trompe, passez votre chemin, j'ai mieux à faire). On peut remarquer qu'en général ses adorateurs ont toujours connu un être cher qui a porté l'Heure Bleue... Et la magie des associations a éventuellement saupoudré des étincelles d'affections dans le flacon, ce qui conditionne d'avance à aimer ce parfum. Mes grand-mères à moi ne se parfumaient pas (peu de gens se parfument dans ma famille en fait...) et j'ai découvert l'Heure Bleue tout seul l'an dernier, en étant émerveillé par les commentaires d'Auparfum.
Imaginez ma déception lorsqu'après avoir sentit la mouillette et fermé les yeux, j'ai vu de très très près le visage ridé d'une grand-mère édentée, sur fond de hurlement suraigu comme dans Scream. Parce que ce parfum, je le connais en fait. Depuis pas mal de temps. Je l'ai côtoyé tous les matins à l'arrêt de bus pendant mes années collège... Grâce à Mamie-Fourrure. Vous ne la connaissez pas mais elle prend toujours le bus en même temps que vous, elle se maquille comme une voiture volée et a peut-être tué à mains nues le dernier ours des Pyrénées pour confectionner son manteau. Enfin, d'après la rumeur. Mais surtout, surtout, elle cocotte à quinze kilomètres à la ronde un parfum tellement fleuri et saturé qu'on ne se doute même pas qu'il y a des fleurs dans le sillage. C'est ça l'Heure Bleue. Même si c'est un peu réducteur (car n'importe quel parfum appliqué par une main trop lourde parait corrosif pour les narines), ça m'a tout de même permit d'en saisir les défauts. Du moins, seulement les défauts de l'Heure Bleue Deuxpointzéro, le reformulé, pas la première version. Ce qui frappe le plus, c'est un espèce de déséquilibre, un trop-plein de note...En général, c'est ce schéma là (la surdose d'un composant) qui donne des "classiques" de la parfumerie. Le revers de la médaille, c'est que ces parfums sont souvent polarisants, vont créer autant d'addictions que d'allergies. Ici, c'est l'alliance d'une vanilline au rendu un peu cheap avec un œillet épicé qui me retourne l'estomac... Alors que d'autres plongeront la main dans un flacon grand format et s'en aspergeront en faisant le signe de croix comme si c'était de l'eau bénite. 

Sexy-mamie !


Mais je ne me laisse pas abattre si facilement (ça ou alors je suis un peu masochiste, à vous de voir) : j'ai ressenti encore et encore l'Heure Bleue à chacun de mes passages au Sephora, provocant l'incrédulité la plus totale des vendeuses. Même s'il ne me plaisait pas d'emblée, je voulais à tout prix savoir ce qui le rendait aussi incroyable aux nez des autres. L'originalité de la composition ? Ça oui, je suis d'accord, l'œillet n'est pas très très exploité en parfumerie...La qualité des matières première ? Alors là j'en doute, c'est en partie ce qui m'a déplu lorsque je l'ai sentit au début, mais une fois encore la reformulation a certainement fait des ravages... Pourquoi le qualifier de "grand vanillé" alors qu'il me paraissait plus fleuri qu'autre chose, et que la vanille, justement, n'était franchement pas ce qui relevait la composition ?

J'ai eu beau le porter plusieurs fois, je ne comprenais pas ce qu'il avait d'hors du commun, et je lui préférais de loin Shalimar...
En fait, j'ai trop intellectualisé mes ressentis. C'est comme un musicien qui, à force de trop analyser sa musique finit par ne plus la ressentir. La première fois que j'ai vraiment eu le souffle coupé par l'Heure Bleue, c'était il y a deux mois dans une laverie automatique. J'attendais que ma machine se termine, une jeune fille est entrée (pas très jolie, et mal habillée...Je précise parce qu'on risque de me sortir l'argument de la fraicheur physique alors que ce n'était pas du tout le cas). J'ai tout de suite pensé à une bougie à la vanille géante, tellement son sillage était épais, chaleureux et doux à la fois. Et c'était l'heure bleue, les étincelles d'œillet, c'est comme si c'était signé ! C'était vraiment incroyable, et le rendu n'était pas du tout pareil que l'eau de toilette que je connaissais. C'est là que je me suis frappé le front en me souvenant des différences entre les concentrations EDT, EDP...Et surtout l'extrait dont parle souvent Jeanne Doré. De plus, j'avais comme l'impression qu'elle avait tout de même eu la main légère, comme si les composants avaient la place de s'épanouir dans son sillage au lieu de s'encombrer et de se bousculer comme derrière Mamie-Fourrure...

C'est là que j'ai compris les qualités de l'Heure Bleue. Sa douceur infinie, sa chaleur, son côté cireux (qui remplace la vanilline à deux francs six sous) et surtout son immense pouvoir d'évocation. Un coucher de soleil, une table en formica imitation bois, des chants d'oiseaux cachés dans les arbres, une brise tiède, des fumets de soupe au poireaux, un tube de labelo, et des pieds nus dans l'herbe fraiche, un soir. 


(oui, ce sont bien mes orteils sur la photo).

 

Je ne peux pas dire qu'il soit devenu mon parfum préféré, il fait un peu les montagnes russes dans mon cœur (un jour je l'adore, le lendemain il m'écœurera...) mais il me touche, maintenant. Je le porte parfois. Et je me dis qu'il mérite vraiment son titre de classique, car il a réussit à me prouver sa valeur sans lien subjectif pour me conditionner à l'aimer, et surtout en allant à contre courant des codes parfumés avec lesquelles ma génération a grandit et est habituée. Donc Bravo !

dimanche 12 décembre 2010

J'Adore L'Or - La pâte à modeler de M. Roudnitska


Ces derniers temps, on a en un peu entendu parler, et pour une fois en bien. Il s'agit du dernier bambin de chez Dior : J'adore L'Or Essence de Parfum (que le dernier ferme la porte). Et je l'ai donc rencontrée.

Bon, je suis parti avec des a priori, c'est évident : j'ai du mal avec la maman J'Adore, la famille Dior et ses récents enfants. Mais bon, voyez-vous, en matière de personnalité, l'hérédité n'est pas le facteur le plus sûr !

La première fois que j'ai croisé Dame L'Or, j'en ai pris plein la vue : des vêtements amples, des châles, des bijoux tous les plus étincelants les uns que les autres, des bracelets clinquants, des bagues aux facettes dorées et sombres. Des boucles d'oreille en améthyste, un rouge à lèvre sombre comme le sang sec, un maquillage à la discrétion peut raffinée et bien sûr le sillage qui correspondait à tout ce que je voyais.

Mon Dieu ! Tout se joue dans l'overdose : quand Dame L'Or parle, ce ne sont plus des effluves délicates de paroles, mais des flots de mots qui envahissent l'espace. Et c'est là qu'est selon moi tout le problème : oui, trop c'est trop.

Me revient en mémoire une comparaison du grand Edmond Roudnitska : "composer un parfum, c'est comme la pâte à modeler : mélangez du bleu et du blanc, ça fait un joli bleu ciel ; rajoutez du rouge, ça donne un violet ; puis un peu de jaune, ça va encore mais si vous continuez, ça devient marron, et il n'y a plus rien, plus d'idée, plus d'esthétique",  (merci à Sixtine, qui le souligne sur son blog). C'est exactement ce qu'il se passe avec Dame L'Or. Trop c'est trop.

Oui, elle est bien habillée, avec des vêtements qui individuellement sont de qualité, de goût. L'ensemble est cohérent, signé. Le maquillage apporté est lui aussi de belle facture. Mais le problème, c'est que tout chez elle me noie. De l'overdose de paroles, qui malgré la beauté et la sélection du verbe, ne fait que m'engloutir encore plus ; aux innombrables châles, semblables à des couvertures, qui voilent non seulement Dame L'Or, telle une fautive, mais aussi cachent les restes de mon corps, une fois tombé sous le flot de paroles. ; tout chez elle est semblable à un poids. Plus rien n'est visible, tout semble dans l'excès. Or, la subtilité est quand même il me semble une qualité essentielle de toute dame de la société olfactive.

Telle un colosse, Dame L'Or écrase donc tout sur son passage. A vrai dire, "L'Or", ça veut tout dire : "je ne suis que richesse, beauté", mais cette matière évoque aussi toutes les batailles sanglantes qu'elle a déclenchée.

Je crois ainsi que c'est impossible pour moi de devenir complice avec une personne telle que Dame L'Or, mais à vrai dire, je pense que la croiser dans la rue ne me fera pas mourir sur-le-champ. D'autant plus que, par rapport à sa mère et ses cousins (et surtout cousines), Dame L'Or a une réelle conversation, certes imposante et parfois incompréhensible.

A l'avenir ma grande, à l'avenir.

Le Colosse, Goya